Publié le 26 Jan 2021 - 17:33
HOMMAGE

Mes anecdotes avec le Grand Jean !

 

Toute petite, je savais déjà ce que je voulais faire plus tard. Je voulais devenir journaliste… à la radio. Après ma première année de formation à l’Iseg, j’ai fait un stage à la radio Sen’Info. J’étais sur la voie que je m’étais tracée, le métier dont je rêvais. En deuxième année, j’ai eu Jean Meissa Diop comme professeur de presse écrite. J’étais cette étudiante ‘’perturbatrice’’, qui faisait office d’animatrice des cours, en taquinant tout le monde. J’étais extravertie et à l’initiative des débats en classe. Je vous laisse imaginer l’animation dans une classe de journalisme. On était jeune, fougueux et on en voulait. De 2000 à 2012, sous le régime d’Abdoulaye Wade, il ne manquait jamais de sujets autour desquels échanger. Jean Meissa nous suivait, nous recadrait quand il le fallait, mais surtout nous laissait nous exprimer. Moi, comme d’habitude, j’étais la plus bavarde et jamais à court d’arguments. Je le faisais rire.

On a passé ainsi toute l’année académique 2007-2008. Aussi intéressants que fussent nos échanges, ils n’ont su réveiller en moi le désir de faire presse écrite. Je restais focus sur la radio. À la fin de cette année scolaire, je ne savais pas où candidater pour un stage ; Sen’Info ayant fermé, entretemps. Un matin d’août 2008, Jean m’appela et me demanda si j’avais trouvé un stage. Je lui ai dit que je n’en avais pas cherché. Il m’a alors suggéré de passer le lendemain à Walf. Il était directeur de publication de ‘’Walf-Grand Place’’. J’y ai trouvé Moustapha Diop qui m’a expliqué l’organisation de la rédaction et me dit : ‘’Tu commences ton stage lundi.’’ Je sortis de Walf déboussolée et me posais mille questions. Je n’avais rien demandé ; pourquoi moi ? Je ne pensais nullement mériter cette confiance.  J’ai nourri quelques appréhensions. Je ne me sentais pas capable d’écrire un texte.  La presse écrite me faisait peur, en réalité. À chaque fois que j’ouvrais un journal, je me demandais comment ces journalistes arrivaient à écrire autant et surtout à écrire si bien. 

Quand j’ai commencé, Jean Meissa voulait que j’écrive en politique ; je lui ai dit que je voulais plutôt travailler au Desk Culture. Il l’a accepté. Il m’a prise sous son aile. Il corrigeait mes papiers et j’étais toujours derrière sa chaise ‘’royale’’, les bras croisés. Il aimait les textes à son image : simples, dépouillés, courts, concis. Aucune fioriture. Avec lui, j’ai appris le langage des arts.  Comme l’on est en droit d’attendre d’un esprit vif, alerte et expérimenté, il attirait mon attention ou mon inattention sur des sujets qui m’étaient d’une banale platitude a priori. Sur le lexique, il était sans concession : les mots qu’il faut à leur place. Il tenait à ce que je mette ‘’planches’’ au lieu de ‘’scène’’, en parlant de théâtre, de ne pas attribuer à n’importe qui le statut de diva, de discerner vedette et star, acteur et comédien, etc. TOUT ce que je sais dans ce métier, je le lui dois. Ma certitude de faire radio a flanché après cet épisode : j’ai fait presse écrite grâce à lui.

Au bout de trois mois, il m’a offert mon premier contrat de stage. Quand feu le PDG de Walf, Sidy Lamine Niasse, a décidé, un an trois mois plus tard, de mettre fin aux contrats de prestataires, Jean m’a dit : ‘’Tu es à un stade où c’est Walf qui a besoin de toi et pas l’inverse. Tu es assez outillée pour travailler dans n’importe quelle rédaction. Tu es persévérante et je sais que tu vas t’en sortir.’’

Après Walf, il a continué à suivre mes pas, à me conseiller et à m’orienter. Quand on m’a nommé rédactrice en chef à ‘’EnQuête’’, il m’a téléphoné un matin et m’a dit : ‘’Je ne savais pas que tu étais devenue rédactrice en chef. Je suis content pour toi. Tu mérites d’être là. Comme je te le dis, continue de te battre et à persévérer.’’

C’était son dernier conseil et je m’en souviendrai toujours.

Jean était ce monsieur ‘’curieux’’ qui s’intéressait à tout. Un jour, il m’a appelée pour me demander ce que voulait dire ‘’baatré’’. Il avait entendu le mot à la télé et avait compris que cela se passait lors de spectacles de musique. C’était pareil avec le hip-hop. En stage, j’avais fait tellement de textes sur des rappeurs qu’à un moment, il m’a dit : ‘’Stop ! Il n’y a pas que les rappeurs’’, en me conseillant plus tard de faire un livre sur le rap.

‘’En Jean Meissa Diop, je perds ma première boussole dans la pratique du journalisme’’, écrit sur Facebook le journaliste Habib Demba Fall. Je pensais qu’il était ma boussole à moi, exclusivement. Que nenni ! Il a été un guide bienveillant pour beaucoup. Avant-hier, ils perdaient, nous perdions tous notre boussole. Je pense à tous ceux qui étaient à ‘’Walf-Grand Place’’ et au vide immense que le départ éternel de JMD va laisser en eux : Aissatou Thioye, Ndèye Awa Lô, Moustapha Diop, Faydy Dramé, Lala Cissokho, Khady Faye, Khary Diène, Ngoné Ciss, Oumy Diakhaté, Omar Fédior, Rougui Badji, Mamadou Gomis, Thieubeu Ndiaye, François Diouf, etc.

Reposez en paix, Monsieur, comme je vous appelais.

Adieu Jean !

BIGUE BOB

 

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