Le Serp veut sauver 15 000 personnes
La problématique majeure des villes côtières du Sénégal pour ces dernières années est l’avancée de la mer et ses conséquences. Certaines parties du littoral risquent, en effet, de disparaître de la carte du Sénégal. Dans ce cadre, l’ADM a mis en place le Serp (Projet de relèvement d'urgence et de résilience à Saint-Louis) pour sauver l’île qui a abrité la première capitale du pays.
L’ADM (Agence de développement municipal) est dans la lutte contre l’érosion côtière et ses conséquences néfastes qui constituent un réel frein au développement des villes sénégalaises. Dans ce sens, plusieurs projets sont mis en œuvre pour permettre aux populations d’être résilientes et de pouvoir supporter certaines catastrophes naturelles.
À Saint-Louis, c’est le Serp (Projet de relèvement d'urgence et de résilience à Saint-Louis) qui est en train d’éviter la submersion totale de l’île historique. Après quatre ans d’études menées avec des cabinets pour mieux comprendre ce phénomène, l’ADM et ses partenaires ont décidé de prendre un certain nombre de mesures qui devront permettre de protéger l’île de Saint-Louis de cette calamité, mais aussi l’ile aux Oiseaux ainsi que tous les villages qui sont impactés par l’avancée de la mer. ‘’On sait que si rien n’est fait, Saint-Louis risque la submersion d’ici quelques années, selon les études qui ont été faites. Actuellement, nous sommes dans une phase où nous allons bientôt boucler ces études et les soumettre à l’appréciation du gouvernement, pour que les mesures soient prises dans ce sens. Normalement, d’ici deux semaines, la première vague sera déplacée et au fur et à mesure que les bâtiments seront prêts’’, a informé Pierre Coly.
Il se prononçait à l’occasion d’une rencontre avec les acteurs sur la gestion des risques et catastrophes, adaptation et résilience au changement climatique : impacts de l’érosion côtière et des effets de la brèche à Saint-Louis, organisée cette semaine à Saly Portudal.
À en croire le directeur de l’appui institutionnel à l’ADM, ‘’en tout, ce sont 15 000 personnes qui seront déplacées sur le site de relogement définitif avec les logements qui vont être réalisés. Dans une première vague, il y aura 200 à 300 logements qui seront disponibles pour accueillir des familles et, au fur et à mesure que l’avancement va se faire, nous irons à un déplacement beaucoup plus conséquent. Il est prévu de réaliser 500 logements d’ici la fin du projet’’.
D’ailleurs, ‘’déjà, nous avons mis en place des unités de couture, de coiffure, de micro-jardinage et nous avons même remis aux personnes déplacées des camions frigorifiques et des camions utilitaires pour leur permettre de poursuivre leurs activités de pêche’’, a précisé M. Coly qui ajoute qu’il est aussi prévu de mettre sur place des activités telles que la pisciculture et un certain nombre de services qui leur permettront de subvenir à leurs besoins.
Il faut noter que le Serp est un projet de l’État du Sénégal pour un financement de 49,5 milliards F CFA, dont l’ADM assure la coordination de la mise en œuvre. À ce titre, le gouvernement du Sénégal, avec le concours technique et financier de la Banque mondiale, a lancé le projet qui est entré en vigueur le 21 septembre 2018, pour une durée de sept ans.
Dans cette perspective, Latyr Fall a rappelé l’urgence de prendre des mesures afin de sauver l’île. ‘’Notre commune est la ville la plus menacée du Sénégal. Nous cohabitons avec cette brèche qui, entre 2003, 2004 et 2005, a atteint des proportions extraordinaires. Plus de 500 personnes sont mortes dans cette brèche. Au moment où nous parlons, nos vaillants pêcheurs ne peuvent pas aller en mer, s’il y a houle. Déjà, en 1980, on disait que si rien n’est fait, Saint-Louis allait disparaître. On croyait que c’était des histoires. Mais ce que nous avons vécu entre 2013 à 2014, avec la destruction de beaucoup de maisons plus les pertes en vies humaines, Saint-Louis est bien impactée par le phénomène du changement climatique’’, a indiqué l’adjoint au maire de Saint-Louis.
Selon lui, avec le programme de la protection côtière, la langue de Barbarie est bien ceinturée, de Gokhou Mbathie à Guet-Ndar. ‘’Le problème d’érosion se déplace du nord vers le sud, Gokhou Mbathie, Santhiaba, Guet-Ndar. Il n'y a plus de problème, mais si rien n’est fait à Hydrobase et à Gandiole, on pourrait avoir les mêmes problèmes’’.
Cependant, ‘’ce qui est en train d’être réalisé sur le terrain est une révolution. Avec la digue de protection, nous de la langue de Barbarie, même s’il y a houle, il n’y aura plus ce phénomène qu’on vivait’’, a assuré M. Fall.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)