Rokhaya Ndiaye Guèye acquittée après 2 ans de détention préventive.
Terrorisée par son père adoptif, auteure d'une vie conjugale tumultueuse marquée par trois mariages et trois divorces avec le même homme, desquels sont nés 2 enfants, Rokhaya Ndiaye Guèye est tombée enceinte pour la troisième fois.
Une grossesse contractée après une brève rencontre avec un inconnu qui lui a proposé des rapports sexuels, moyennant de l’argent. ''J’ai dissimulé la grossesse, par pudeur et par peur. Je ne voulais pas que mon père adoptif mette à exécution sa menace de m’expulser de la maison'', a expliqué l’accusée devant la Cour d’assises. ''Après son deuxième divorce, elle est revenue avec une grossesse dont le mari, Sadio Cissokho, a refusé la paternité. Je l’ai baptisé, tout en demandant à ma fille adoptive de faire preuve de plus de responsabilité'', a rétorqué Déthié Soumaré, le père adoptif. Lorsque la présidente de la Cour d’assises, Henriette Diop Tall, lui a demandé s’il avait menacé la jeune fille d’expulsion en cas de nouvelle grossesse, l'agent de police a craqué. Les yeux pleins de larmes, il dira : ‘’ Je voulais qu’elle sache qu’il y a des barrières à ne pas franchir''.
Le 22 novembre 2011, il a informé le commissariat central de Thiès que Rokhaya Ndiaye Guèye, qui avait caché sa grossesse, venait d'accoucher d’un nouveau-né sans vie. ''Marième Aidara, ma femme, m’avait informé que Rokhaya Guèye était en état de grossesse. Mais elle a catégoriquement nié, lorsqu’il je l’ai interpellée. Quand sa mère m’a encore informé de son accouchement, j’ai tout de suite eu des soupçons, d’autant plus qu’elle a accouché sans assistance''. Entendu à son tour, la mère de l’accusé, les larmes aux yeux, a affirmé que c’est à travers la rumeur qu’elle a entendu parler de la grossesse de sa fille. ‘’Ce jour-là, vers 8h, j’ai constaté le rétrécissement de son ventre. Elle a enfin avoué qu’elle était enceinte et qu’elle avait accouché dans sa chambre, la veille, d’un bébé mort-né''.
Mais en réalité, le bébé n’était pas mort-né. ''Il a crié. J’ai personnellement coupé le cordon ombilical avec un ciseau, puis j’ai enveloppé l’enfant dans un pagne, en prenant le soin de ne pas couvrir la tête et je l’ai placé sur ma poitrine pour le dorloter. Je me suis endormie, à mon réveil, j'ai constaté que le bébé était mort'', a tenté d’expliquer Rokhaya Ndiaye Guèye devant la Cour d’assises. Cependant, elle a reconnu n’avoir pas pris le soin de nouer le reste du cordon ombilical du nombril du bébé. L’expertise effectuée par le Docteur Souleymane Mahamat, gynécologue obstétricien en service à la maternité de l’hôpital régional de Thiès, avait révélé que le corps de l’enfant de sexe féminin, pesant 3900 g, était en état de décomposition avancé et ne présentait pas de signes de blessures corporelles, ni d’étranglement.
Non convaincu, l’avocat général Mame Cor Ndour a requis 7 ans de travaux forcés. La défense a plaidé l’acquittement, estimant que leur cliente a dissimulé sa grossesse pour éviter d'être expulsée de la maison. La Cour, dans son délibéré, l'a suivie.
NDEYE FATOU NIANG