Il faut mettre en place des comités de dialogue social dans les universités
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Les affrontements entre étudiants sérères et diolas à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) sont la preuve qu’il faut installer des structures d’incitation au dialogue dans les universités sénégalaises, estime la présidente du Haut conseil du dialogue social.
L’incompréhension entoure toujours les violents affrontements qui ont eu lieu, dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 mars, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, entre des étudiants membres de deux associations culturelles à consonance ethnique. Parmi toutes les personnes qui se demandent comment cela a pu se passer, il y a la présidente du Haut conseil du dialogue social (HCDS).
Et pour Mme Innocence Ntap Ndiaye, une chose n’y est pas étrangère : ‘’Il y a un certain débat qui est en train de polluer l’atmosphère au Sénégal, sur les plans politique, économique et social. Vivement que cela s’arrête. Ce n’est pas dans ce Sénégal que nous sommes nés et avons grandi en parfaite cohésion entre toutes les ethnies. Le débat ethnique n’appartient pas à notre pays.’’
Un moyen de lutter contre ce genre de débordements est la mise en place de comités de dialogue social dans les universités. A l’université Iba Der Thiam de Thiès, c’est déjà le cas. Et ‘’cela va suivre dans les autres universités du pays. Il s’agit d’une directive du président de la République et toutes les autorités universitaires doivent œuvrer pour leur mise en place. Ceux qui ne se conforment pas à cela devraient faire l’objet d’un rapport transmis au chef de l’Etat’’, renseigne Innocence Ntap Ndiaye.
C’est le mouvement Kékendo, né au début des années 2000, et un autre dans le même style d’organisation, dénommé Ndef Leng, tout récemment créé, qui en sont venus aux mains, provoquant une bataille rangée, avec beaucoup de blessés, dont quelques-uns dans un état grave.
Alors que le pays vient de vivre de violents heurts au début du mois de mars, la présidente du HCDS insiste sur le fait que ‘’ce qui s’est passé à l’université ne doit être minimisé’’. D’autant plus que, ajoute-t-elle, ‘’le lieu est symbolique. C’est un temple du savoir. Ces associations doivent être repensées. Elles doivent faire le culte de la non-violence’’.
Pourtant, les liens de parenté entre les Casamançais et les Sérères, soutient Innocence Ntap Ndiaye, méritent d’être vulgarisés auprès des jeunes qui agissent parfois par manque d’information. Elle, originaire de la Casamance, évoque même son expérience personnelle pour en convaincre les jeunes : ‘’Aussi bizarre que cela puisse paraître, j’étais pendant longtemps la marraine de Ndef Leng (association culturelle sérère, créée bien avant celle qui porte le même nom à l’université). L’ancien ministre Mbagnick Ndiaye est le président de cette association culturelle sérère. Il est en même temps président de l’association Aguène et Diambogne. En Casamance, nous avons toujours dit que les Sérères sont nos frères, à tel point qu’on a réclamé que des négociations (entre le MFDC et le gouvernement du Sénégal) se fassent à Foundiougne. Nous ne comprenons pas que cette génération d’étudiants puisse ignorer ces histoires qui nous lient.’’
Lamine Diouf