Publié le 28 Nov 2023 - 00:12
INTERPELÉ SUR LA HAUSSE DU PRIX DE L'ÉLECTRICITÉ

Antoine Diome annonce la suppression totale de la 3e tranche du Woyofal

 

Lors du vote du budget du ministère du Pétrole et des Énergies, les parlementaires ont campé le débat sur la cherté du prix de l'électricité, notamment le Woyofal, les ressources pétrolières et gazières, et l'électrification rurale. Une occasion pour Antoine Félix Diome d'informer que le président de la République a décidé de retourner au système antérieur du Woyofal, avec la suppression totale de la 3e tranche. 

 

Samedi dernier, à l'occasion du vote du Budget du ministère du Pétrole et des Énergies, les députés ont évoqué devant le ministre de tutelle la cherté du prix de l'électricité, l'électrification rurale, la question des ressources pétrolières et gazières, entre autres sujets.

De nombreux parlementaires dont Sokhna Ba n°2 (opposition) se sont appesantis sur le coût élevé du Woyofal. La députée de rappeler qu’au lancement de ce système, tous les Sénégalais l'avaient approuvé, car ils payaient ce qu'ils consommaient. Or, regrette-t-elle, depuis qu'on a intégré les tranches dans le système, les problèmes ont commencé à surgir. Et la conséquence, dit-elle, est qu’en lieu et place du Woyofal, on a du "dissal".

Dans ses réponses, le ministre Antoine Félix Diome a d’abord précisé que, dans le coût, 70 % concernent un facteur qui échappe à l’État et au gouvernement : ‘’70 % des coûts de production proviennent d’un facteur externe qui est le combustible que nous ne maitrisons pas. À partir de ce moment, dit-il, si l’État n’accompagne pas les populations, le prix réel auquel Senelec devrait facturer allait être insupportable. Et c’est pour cette raison que le président a décidé qu’il allait accompagner les différents clients de Senelec qui sont approximativement autour de 2 355 000 clients à date, dont les 1 300 000 concernent la première tranche, donc les clients à faible revenu."

Il ajoute : ‘’La première tranche est totalement subventionnée. Maintenant, c’est normal, quand l’État fait un effort que ceux qui peuvent payer fassent un peu d’effort. Parce qu’autrement, ce ne sera pas supportable. Si personne ne paie, comment va-t-on pouvoir électrifier les localités restantes ?", se demande-t-il.

Ainsi, concernant la cherté du Woyofal évoquée par beaucoup de parlementaires, Antoine Diome leur a rappelé que le Woyofal, sur toutes les tranches, est beaucoup moins cher, au moins de 10 F sur toutes les tranches.

Ce faisant, il a annoncé que le président de la République a décidé de retourner au système antérieur du Woyofal, avec la suppression totale de la 3e tranche du Woyofal.

Électrification rurale

En effet, à écouter les différents plaidoyers des parlementaires, on a l'impression que la moitié du pays n'a pas d'électricité. Oulimata Guiro, députée de l'opposition du département de Ziguinchor, très en colère, a demandé au ministre si Ziguinchor fait partie du Sénégal. Car, explique-t-elle, dans le projet de budget du ministère du Pétrole et des Énergies, son département (Ziguinchor) n'est nullement mentionné dans le cadre de l'électrification rurale, alors qu’il compte beaucoup de villages qui souffrent de problèmes d'électricité.

Dans l'arrondissement de Niaguiss, indique-t-elle, sur les 25 villages, deux seulement sont électrifiés. "J'ose espérer, Monsieur le Ministre, que vous allez faire quelque chose pour réparer cette injustice. Quand j'entends mes collègues députés dire que l'électrification rurale, tout le monde en a, c'est vraiment regrettable. On peut connaître les problèmes de son département, mais pas d'autrui", fulmine-t-elle.

Embouchant la même trompette, Ayib Daffé, lui aussi de l’opposition, a donné l’exemple du département de Sédhiou, notamment la commune de Sassamba avec zéro village électrifié. Dans la commune d’Aoudoucar, poursuit-il, il n’y a qu’un seul village électrifié, de même que la commune de Dianaba ainsi que pour la commune de Sakar qui compte 32 villages où un seul village est électrifié parmi tant d'autres communes. Selon le parlementaire, le département de Sédhiou est oublié du projet de l'électrification rurale.

Ayib Daffé a d'ailleurs fait remarquer que le budget alloué au Programme de l'électrification rurale a été très réduit. Entre 2022 et 2024, dit-il, 20 milliards de francs CFA ont été défalqués de ce programme. "Nous voulons que vous fassiez un audit de fond des entreprises à qui vous avez confié ce projet, parce qu'il y a beaucoup d'investissements, peu de réalisations et trop de retards", a-t-il lancé.

Le président du groupe parlementaire Wallu Sénégal, Mamadou Lamine Thiam, de renchérir que plus l'électrification rurale sera développée, plus le Sénégalais se sentira chez lui. ‘’Aujourd'hui, dit-il, l'école, les étudiants ont des problèmes, parce qu’il leur faut être connectés. Donc, nous demandons que ce programme de l'électrification rurale soit soutenu pour que l'ensemble de nos campagnes puissent être électrifiées".

Dans les interventions, il a aussi été question de la distribution des lampadaires. Ainsi, Mamadou Cissé (BBY) a regretté le fait que beaucoup de lampadaires soient distribués dans les départements qui sont déjà électrifiés. "Je pense qu'il est plus pertinent de doter ces lampadaires des départements qui n'ont pas d'électricité, pour avoir une équité territoriale", a-t-il lancé.

"Le Sénégal est plus un pays gazier que pétrolier"

L’autre question longuement débattue a été le pétrole et le gaz. Mamadou Lamine Thiam (Wallu) a fait remarquer que le Sénégal est plus un pays gazier que pétrolier. "Nous avons plus de gaz que de pétrole, mais on ne parle, dans la communication gouvernementale, que du pétrole. Or, l'ensemble des pays du monde, surtout l'Europe, est en train de courir vers le Sénégal. Toutes les diplomaties occidentales sont déployées au Sénégal pour avoir leur part du gaz. Je pense qu’avec ce gaz, on pourrait régler beaucoup de problèmes au plan international", indique le parlementaire.

Sur ces questions, le ministre du Pétrole et des Énergies est revenu sur les ‘’trois projets’’. Il a renseigné que GTA, sur la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal, dispose de réserves récupérables équivalant 560 milliards de mètres cubes de gaz. Yakaar Teranga dispose des mêmes réserves de gaz. Et Sangomar, dont le gisement est estimé à 600 millions de barils de pétrole, avec un potentiel de 70 milliards de mètres cubes de gaz".

Antoine Diome d’ajouter : "Pour le GTA, nous travaillons pour un projet avec la Mauritanie et le partenaire Kosmos. Le projet se passe très bien. Il est à 90 % de taux d'exécution. Le RFNG, qui est l'unité flottante de liquéfaction, doit être normalement dans les eaux sénégalaises aux environs de fin décembre ou début janvier."

Budget

Même s'il y a eu un contre, 25 abstenus, les députés ont validé, ce samedi, le projet de budget de l'année 2024 du ministère du Pétrole et des Énergies. Il est arrêté à 501 487 457 680 F CFA en autorisations d'engagement (AE) et 316 258 610 318 F CFA en  crédits de paiement (CP) contre 236 835 992 068 F CFA en 2023, soit une augmentation d'un montant de 79 422 618 250 F CFA en valeur absolue et 25,11 % en valeur relative. 

FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE

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