Publié le 31 Mar 2021 - 01:51
JUGE EN APPEL POUR TERRORISME

Boubacar Dianko encourt 20 ans de réclusion criminelle

 

Vingt ans de réclusion criminelle. C’est la peine requise hier, en appel, contre l’imam Boubacar Dianko. L’homme, maitre coranique dans la banlieue dakaroise, a fait face aux juges de la Chambre criminelle spéciale d’appel. Acquitté en première instance, il comparaît à nouveau à la barre pour répondre des chefs d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’Etat.

 

L’avocat général a requis, hier, 20 ans de réclusion criminelle contre Boubacar Dianko. Il a comparu à la barre de la Chambre criminelle spéciale d’appel. Accusé d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’Etat, il avait été acquitté en première instance.

Pour contester cette décision, le procureur de la République a interjeté appel. ‘’Le terrorisme, personne ne peut le justifier. C’est inadmissible de mettre en liberté un Sénégalais qui noue des relations avec des terroristes, en l’occurrence avec Mouhamed Al Hayri. C’est mettre en danger le Sénégal et les enfants à qui il enseigne le Coran’’, a lancé le procureur général.

Penché sur ses notes durant tout son réquisitoire, le maitre des poursuites peint l’ami de l’accusé comme un être sans pitié, qui a fait subir à des fidèles musulmans des atrocités, dans une mosquée en Mauritanie. Pis, s’est offusqué le procureur général, ‘’cet homme a séjourné au Sénégal, chez l’accusé. N’eût été l’intervention du frère de ce dernier, le djihadiste n’allait pas se replier à Ziguinchor, avant de prendre la poudre d’escampette’’.

Il est ressorti de la procédure qu’Ahmad Al Hayri, après s’être évadé de prison en Mauritanie avec un autre détenu, était venu se terrer à Dakar.

Après s’être installé à Gao, il a invité son ami Boubacar Dianko, qui s’est rendu là-bas en 2013 avec son neveu mineur Cheikh Ahmadou Dianko. Réitérant ses déclarations qu’il avait tenues lors de sa première comparution, Boubacar Dianko soutient qu’il ignorait que son neveu et lui se rendaient dans une zone hostile. A l’en croire, son ami Ahmad Al Hayri lui avait proposé un financement pour son ‘’daara’’. Ce dernier est l’émir du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). ‘’Ahmad Al Hayri m'a demandé si je détenais toujours mon école coranique. Je lui ai répondu par l'affirmative. Il m'a proposé de venir avec deux élèves pour qu'ils poursuivent leur enseignement coranique au Mali. Je lui ai dit que je n'avais pas les moyens. C'est ainsi qu'il m'a envoyé 200 mille francs, par le biais d'un autre de ses proches qui a effectué le transfert via Western Union. Deux jours après, j'ai quitté le Sénégal en prenant le soin de dire à mon père et à mon grand frère que je me rendais en Mauritanie’’, a-t-il raconté.

Poursuivant, il précise : ‘’Le bus pour le départ, je l'ai pris à Grand-Yoff. Au départ, il était convenu que je me rende au Burkina Faso. Une fois là-bas, on a changé de destination. Ainsi, des individus m'ont conduit au Mali. Pour arriver à Gao, on a fait trois étapes et c'était des Maures qui nous indiquaient le chemin.’’ 

En outre, il a fermement contesté le fait d'avoir visité des camps d'entraînement, même si les vidéos découvertes dans son portable montrant des enfants qu'on initiait au maniement des armes l'accablent. Pour sa défense, il soutient que c'est l'émir qui avait pris ces vidéos à partir de son téléphone portable. Sans contester le fait qu'il ait passé la nuit chez Ahmath Al Hayri à Dar Salam, Boubacar Dianko a relevé qu'il n'était pas en corrélation avec les agissements de celui-ci. Malgré ses dénégations en ce qui concerne le fait qu'il appartienne à un groupe jihadiste, Boubacar Dianko s'est trouvé dans l'impossibilité de nier le fait d'avoir échangé à plusieurs reprises au téléphone avec certaines personnes appartenant au Mujao, en l'occurrence Ahmath Al Hayri et Sidy Mahamad Ould Bela, qui était le recruteur du mouvement.

D’après l’accusé, c’est suite au bombardement de la base terroriste de Gao par les Français, qu’il a eu peur et a décidé de quitter les lieux avec son neveu.  ‘’Quand le camp de Gao a été bombardé, j'ai eu peur, car je croyais que mon neveu avec qui j'étais parti était mort. Paniqué, j'ai émis mon souhait de rentrer. Ce fut difficile, car l'émir (Ahmad Al Hayri) ne voulait pas nous laisser partir. Mais finalement, il nous a donné son aval et m’a remis 100 mille francs CFA’’, a-t-il ajouté.

Parti avec son oncle à Gao, Cheikh Ahmadou Dianko, entendu à titre de simple renseignement, a conforté les déclarations de son oncle, en ce qui concerne le voyage pour le nord du Mali. Témoin du bombardement du camp de Gao, le jeune garçon, qui a failli y passer, déclare : ‘’Le jour du bombardement, mon oncle et l'émir n'étaient pas sur les lieux. La chambre dans laquelle j'étais a été bombardée quelques secondes après que je l'ai quittée. J'avais trop peur. Je marchais tout seul, en cherchant sans espoir une issue de secours. Quand mon oncle et moi, nous nous sommes retrouvés, on s'est enlacés en pleurant tous les deux. Après, je lui ai dit que je ne voulais plus rester là-bas et que je voudrais retourner auprès de mes proches. Il a longuement discuté avec l'émir pour avoir son accord.’’ Cheikh Ahmadou Dianko a soutenu que son oncle lui a montré la vidéo des enfants qu'on a initiés au maniement des armes et qu'il l’a fermement fustigé.

Si le parquet général a requis 20 ans de réclusion criminelle, les avocats de la défense ont sollicité la confirmation de la première peine. ‘’De ses déplacements dans ces pays, il ne s’est rien passé pour Boubacar Dianko. Il est un Sénégalais paisible qui n’a jamais eu de problème avec la justice de son pays. Il a eu à voyager dans le cadre de ses études coraniques entre la Gambie et la Mauritanie. C’est dans ce cadre qu’il a connu certaines personnes dont Al Hayri’’, a relevé Me Malick Fall.

La robe noire de poursuivre : ‘’Ce dernier lui a proposé un financement. Ce que mon client a accepté, car vous n’ignorez pas les conditions de vie dans nos ‘daara’. Son hôte lui a dit qu’il le mettra en rapport avec des gens qui vont le conduire jusqu’à son emplacement. Pour son voyage, il lui a remis 200 mille francs CFA.’’

‘’Depuis 2013, il vit un calvaire. Depuis huit ans, je côtoie cette personne. Il n’est pas un terroriste. J’en suis convaincu’’, a plaidé l’avocat.

L’affaire mise en délibéré, Boubacar Dianko sera élucidé sur son sort le 26 avril prochain.

MAGUETTE NDAO

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