‘’C’est dans 10, 15 ans qu’on réalisera carrément’’
Il y a un an, jour pour jour, le Sénégal remportait son premier trophée continental, à la Coupe d’Afrique des nations 2021, le 6 février 2022 au Cameroun. Des moments inoubliables que le sélectionneur national Aliou Cissé a partagés dans un entretien accordé à RFI.
On se rappelle encore l’image poignante d’Aliou Cissé sanglotant dans les bras de Kalidou Fadiga. Que d’émotions vécues le 6 février 2022 au stade Olimbé de Yaoundé, quand l’équipe nationale du Sénégal a remporté son premier titre continental à la Can-2021. Un an après, le sélectionneur national est revenu sur ce sacre historique au Cameroun.
‘’Ma tête explose. Je suis dans un état second. On se dit, voilà, on est champions d’Afrique, on a enfin, nous aussi, notre étoile’’, a déclaré Cissé dans un entretien avec RFI, en évoquant l’instant où Sadio Mané a marqué le penalty qui a donné la victoire au Sénégal en finale contre l’Égypte (0-0, 4 tab 2).
Pour lui, tout ceci parait encore comme un rêve. ‘’On ne réalise pas. Jusqu’à maintenant, on ne réalise pas totalement. Je sais qu’on est champions d’Afrique, mais je pense que c’est dans 10, 15 ans qu’on réalisera carrément’’. L’ancien capitaine des Lions a eu une pensée pour ‘’ces présidents de fédération, tous ces entraîneurs qui ont bataillé pour gagner cette Can et qui n’ont pas eu la chance de la remporter et qui ne sont plus là : Bruno Metsu, Jules Bocandé, Karim Séga Diouf, avec qui tout a commencé. Je sais que ce soir du 6 février, ils nous voyaient et ils devaient être fiers’’.
Le coach s’est souvenu du moment entre le penalty raté par Édouard Mendy et celui où Sadio s’est trouvé face à Gabarski pour exécuter la balle de match. ‘’Quand Sadio Mané avance, j’ai mon bras posé sur mon adjoint, qui me dit : « Si Sadio marque, on est champions d’Afrique» Comme si je ne le savais pas (rires). J’ai confiance, je me dis que Dieu est bon. Ce n’est pas possible que cela soit autrement. (Il répète) Ce n’est pas possible que cela soit autrement. Aujourd’hui, c’est notre soir, Dieu ne peut pas faire ça. Je suis positif et je me dis que Sadio va le marquer. On n’a jamais été aussi près de gagner la Can. Dans ma tête, Sadio, il ne peut que le mettre. Il n’y a pas d’autre option, ce n’est pas possible que Dieu soit... (Il coupe).’’
Un peu plutôt dans le match, Mané (7e) avait perdu son face à face avec le portier égyptien. Pourtant, le sélectionneur national a retenu du positif à travers ce fait de match. ‘’Rater ce penalty nous a poussés à être attentifs jusqu’à la fin du match et allez au bout de nous-mêmes. Les victoires sont plus belles quand vous allez les chercher au plus profond de vous-mêmes. C'était difficile, c’était compliqué, mais nous l'avons gagné et c'est ça qui est important. C'est ce qui a changé un petit peu dans notre mentalité’’.
Ce premier titre de champion d’Afrique est arrivé après une série d’échecs essuyés par le Sénégal à la Can dont la plus récente remonte à 2019. Les Lions avaient perdu la finale contre l’Algérie (0-1), en Égypte. Un moment ‘’compliqué, très difficile’’ à cause de la déception. ‘’Je suis très amer, très malheureux, forcément, sur le moment. On se dit au fond, on a encore loupé le coche’’, a confié Aliou Cissé. En bon compétiteur, le coach a su remobiliser ses troupes. ‘’L’essentiel est qu’on a su nous relever et c’est ça la force de cette équipe. Se servir de cette grande déception pour réaliser ce qu’ils ont réalisé, c’est énorme.’’ En plus, Cissé a pu se servir de son expérience du haut niveau pour tirer son équipe vers la victoire. ‘’J’ai eu la chance de jouer quand même trois, quatre finales, que ce soit en club avec le Paris Saint-Germain ou avec la sélection. Je sais que les jours de finale, tout peut se passer. Il faut se préparer à jouer 90 minutes ou plus et aller aux tirs au but. La seule chose importante dans une finale, c’est la gagner’’.
Malgré ce sacre, l’entraineur ne compte pas dormir sur ses lauréats. Aliou Cissé se projette vers les prochaines échéances. ‘’Aujourd’hui encore, on est dans le «game». Les matches continuent, la Coupe du monde, la prochaine Can. Il y a tellement d’échéances qu’on n’a pas vraiment le temps de savourer’’.
LOUIS GEORGES DIATTA