Publié le 27 Feb 2018 - 22:28
LA MUSIQUE SENEGALAISE ET SES NOUVEAUX REFRAINS

Des mélomanes disent ‘‘Koon yess’’, mais…

 

Certains jeunes Sénégalais rencontrés adorent la musique d’ambiance. D’autres, par contre, se disent ‘‘outrés’’ par cette musique qui fait la promotion de la ‘‘vulgarité’’ et de la ‘‘perversion’’. ‘’EnQuête’’ leur a donné la parole.

 

Ça à l’air de se chamailler ici. Pourtant, ça discute seulement. C’est le sujet qui déchaine les passions. On parle de lutte et d’un éventuel combat entre Ama Baldé et Modou Lô. On est au marché Tilène, dans une boutique de prêt-à-porter où l’on rencontre une acheteuse, écouteurs aux oreilles.  Safiétou Diagne écoute le morceau ‘‘Mirnaa’’ de Wally Seck. Elle confie n’écouter que de la ‘‘bonne musique’’. Donc, elle ne peut parler de ce qu’elle ne connaît pas.  ‘‘Peut-on vraiment parler d'un genre musical qu’on n’écoute pas ? Je pense sincèrement qu’on devrait installer un comité d'écoute qui sélectionnera les titres à mettre sur le marché’’, a-t-elle lancé.

Et de renchérir : ‘’Parfois, je me dis qu’ils n’ont pas le sens de la responsabilité ou ils pensent que la musique, c’est quelque chose à banaliser,  alors que c’est le meilleur moyen de communication pour s’adresser à une masse. La bonne musique inspire la personne, mais maintenant la plupart des chansons énervent. C’est devenu du n’importe quoi.’’ Une analyse qui fait réagir Assane Seck, un des gérants de la boutique qui était scotché à son téléphone : ‘‘Les Sénégalais sont un peu hypocrites. Ces sonorités, c’est nous Sénégalais qui les écoutons, c'est nous  qui les apprécions et c’est nous qui remplissons leurs spectacles. Nous aimons ces chanteurs, les encourageons et venons par la suite les critiquer’’, lance-t-il apparemment agacé par les propos de Safiétou.

Jean déchiré assorti d’un pull-capuchon bleu, Assane dit être contre la ‘’moralisation à outrance’’. ‘’Certes, il y a des limites à ne pas franchir, mais nul n'a le droit, pour moi, d'obliger Ouzin Keïta, par exemple, à chanter comme Youssou Ndour. Il ne le peut pas. Alors, qu’est-ce que vous voulez ? Qu'il arrête de chanter ou qu’il arrête d'exercer sa passion comme il l'entend ? Il faut arrêter’’, a-t-il lancé.

Intéressé par le sujet, il décide de ne plus se taire. ‘’Chacun choisit ce qu'il veut écouter. Moi, j'aime écouter Ouzin pour me distraire. J'écoute Thione Seck pour la bonne musique, les belles paroles... Chacun a donc sa place dans la musique. J'adore être, par exemple, avec celle que j'aime, la taquiner en écoutant Sidy Diop et en lui disant ‘Sa… bi kouko mom’’. C’est juste fun’’, a-t-il dit.

Safietou Diagne revient à la charge pour se défendre. ‘’Je suis jeune, certes, j’adore l’ambiance, le fun, le show, mais pas la vulgarité. Et la plupart de nos artistes ne font que cela. Le malheur est que ce sont nos médias qui font leur communication, car ils passent en boucle dans toutes les radios. C’est malheureux’’, observe-t-elle. A son avis, le malheur est que les Sénégalais ne font jamais la promotion des vrais chanteurs. ‘‘Il y a beaucoup de nos artistes qui font de la musique, ont des textes instructifs, mais qui peinent à se faire une place dans le milieu du show-biz sénégalais. C’est l’exemple d’Abdou Guité’’, a-t-elle regretté.

‘’La vie, c'est l'utile, mais c'est aussi l’agréable’’

Juste à côté, Lakhad Diagne tient une boutique cosmétique. C’est le lieu de rendez-vous des jeunes filles de la Médina. Le morceau ‘‘Li dawnayarame’’ de Wally Seck  anime le magasin. Le gérant reste persuadé que c’est la musique d’ambiance qui attire les clients, donc c’est la préférence de la majorité. ‘‘Je ne peux pas vouloir attirer la clientèle et mettre du folk ou de l’acoustique comme animation. Ce qui me pousse à dire que cette jeunesse opte pour la musique d’ambiance’’, constate-t-il. Il n’empêche que Lakhad sait faire la différence entre la bonne musique et la musique ‘‘kleenex’’. ‘‘Un jour, alors que j'écoutais ‘’Diaga’’ de Thione Seck qui venait de sortir, je me suis dit que c’est un génie. J'étais tellement content. Le texte était bien écrit avec les rimes, le sens des mots. C'était extraordinaire. De même, quand j'écoute ‘‘Tourista’’ de Youssou Ndour, je me dis que le gars est vraiment un grand visionnaire. Bref, si j'écoute les autres, c’est pour me distraire. J'écoute les grands pour m’instruire, mais je pense que ce n'est pas antinomique. La vie, c'est l'utile, mais c'est aussi l’agréable’’, estime le jeune homme.

HABIBATOU WAGNE

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