Publié le 9 Sep 2012 - 19:56
LE YOONU YOKKUTE

Entre contraintes et promesses

 

 

En faisant voter la loi portant diminution du mandat du président de l’Assemblée nationale et en tentant maladroitement de modifier l’ordonnancement constitutionnel de nos institutions, par l’introduction d’une vice-présidence aux contours confus, dangereux et inacceptables, le régime libéral du Président WADE a réussi (involontairement ?) à exiger du peuple sénégalais une alternative à son pouvoir. L’observation scientifique des nombreuses modifications constitutionnelles et de leur dynamique laisse apparaître une cristallisation des crises politiques autour des joutes électorales et des enjeux de succession.

 

Tout compte fait, les stratèges du régime sortant n’eurent comme unique réponse à la problématique de la conservation du pouvoir que de pousser Macky SALL à quitter le perchoir de l’Hémicycle. Le Président SALL choisit de renoncer à tous ses mandats électifs obtenus sous les couleurs bleues. Cette attitude, aussi bien dans sa forme que dans son fond, marque une rupture fondamentale par rapport à tous ses prédécesseurs notamment les Présidents Daouda SOW et Habib THIAM, annonçant ainsi l’avènement du Yoonu Yokkute. Il s’est, dès lors, inscrit dans la recherche d’une légitimation par le refus du chaos politique et économique et convoque les vertus cardinales léguées par nos ancêtres.

Alors, la fracture socio-économique peut-elle être remédiée par la vision prospective du Yoonu Yokkute ? Le développement envisagé à l’aune des foras et des réformes est-il une cible à portée de main dans un contexte national et international particulièrement chargé ?

 

En s’appuyant sur les considérations théoriques du programme présidentiel et les résultats encourageants enregistrés depuis l’accession à la magistrature suprême du Président Macky SALL, on peut clairement noter un espoir immense, attaché à la réalisation des promesses électorales. Mais à y regarder de très près, on pourrait être surpris par l’ampleur et la persistance des contraintes.

Les facteurs explicatifs exogènes sont d’abord analysés au regard de la configuration de la géopolitique sous- régionale avec les crises malienne, ivoirienne ou encore bissau guinéenne. La complexité de ces conflits et l’instabilité des dirigeants gambiens demeurent ensuite une menace sérieuse à la paix et au développement de notre pays. Sa précarité intègre dans sa causalité et dans ses formes d’expression, des données incontournables du contexte international marquées par la vulnérabilité de l’économie sénégalaise du fait notamment de l’inégalité des termes de l’échange et de la surexploitation du système capitaliste mondial.

 

Au niveau interne, enfin, la plupart des analystes s’accordent sur les conditions générales constituant un terreau fertile à l’enlisement et à l’échec des politiques de développement. Les facteurs endogènes sont essentiellement endossés par les pesanteurs socioculturelles, la crise casamançaise, le climat de dégénérescence politique et sociale entretenu par les ambitions politiques de certains acteurs politiques voire de la société civile.

 

Certes, le Président WADE et son gouvernement peuvent s’enorgueillir des nombreuses réalisations en ressources infrastructurelles mais l’héritage laissé aux nouvelles autorités semble contrarier toutes les attentes projetées par le SOPI. La paupérisation et les misères sociales deviennent de plus en plus insupportables tandis que le débat sur la paysannerie aux abois1, selon la formule de René DUMONT, sont de nouveau à l’ordre du jour sur la scène médiatique. Au surplus, ce faisceau d’éléments explicatifs est-il suffisant pour justifier toutes les difficultés recensées et ressenties par nos compatriotes ?

 

La réponse, assurément négative, suggère de se référer à la récente déclaration du président de la République dont la quintessence repose sur la rigueur, la discipline et la responsabilité des citoyens sénégalais, un nouveau type de Sénégalais, auraient ajouté les leaders du mouvement «Y EN A MARRE ». L’Etat, cette coquille2 vide dont parle Léon DUGUIT, a justement besoin de toutes ses potentialités économiques et financières mais davantage de ses ressources humaines engagées sans réserve pour son développement et pour le respect de ses valeurs.

 

Dans cette perspective, les syndicats, les organisations professionnelles et estudiantines ainsi que toutes les associations à connotation corporatiste doivent trouver un modus vivendi pour différer la confrontation avec les pouvoirs publics. Ils pourront naturellement compter sur l’engagement du Chef de l’Etat selon qui, le règne du droit est l’astre conducteur de la démocratie et l’éthique, la voie indispensable, la seule possible, vers la réalisation de sa consolidation selon l’heureuse formulation du sociologue franco-russe, Georges GUIRVITCH3. La gouvernance vertueuse, sobre, transparente et de rupture théorisée et progressivement mise en œuvre par le premier magistrat de notre pays est, à ce propos, rassurante. Il ne s’agit ni d’un slogan ni d’une simple vue de l’esprit mais d’une conviction ferme et dévouée pour un Sénégal émergent.

 

D’ailleurs, les premières décisions courageuses du Président SALL, en dépit des pressions politico-religieuses, en disent long sur sa volonté à s’appuyer sur sa légitimité populaire et son expérience politique incontestable pour apporter des corrections justifiées aux nombreux dysfonctionnements révélés dans la presse. A cet effet, la gestion de la demande sociale, la promotion de la bonne gouvernance et la rationalisation de nos institutions sont des exemples assez illustratifs de sa détermination à assurer l’épanouissement du Sénégalais.

 

Voilà pourquoi, les Sénégalais, dans leur grande majorité, sont invités à accepter des sacrifices parfois douloureux, faire preuve de renonciation et de patience pour aider et faciliter la maîtrise des contraintes. La matérialisation des promesses telle qu’envisagées et prises en charge avec générosité par le Projet de société du Président Macky SALL est, de toute évidence, en route pour consacrer la rupture.

 

Dr Amadou Tidiane LY/UCAD

lamadoutidiane@yahoo.fr

 

 

 

 

 

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