Publié le 21 Aug 2012 - 16:17
LENDEMAIN DE KORITÉ

L'impossible marché de certaines ménagères

 

 

L'approvisionnement de certains marchés dakarois en denrées de première nécessité se trouvait perturbé, mardi matin, au sortir d'un long week-end rythmé par des jours de célébration de la Korité, marquant la fin du jeûne musulman.

 

A l’appel des grandes confréries du pays et en majorité, les musulmans sénégalais ont célébré lundi, dans les différents lieux de culte, la prière de la Korité, mais en désaccord avec d’autres coreligionnaires.

 

Une partie de la communauté avait déjà prié samedi et une autre l'a célébrée dimanche, dont une branche de la Famille omarienne, à Dakar, derrière l’imam Thierno Seydou Tall, en présence de son grand-frère et khalife, Madani Mountaga Amadou Tall.

 

Pour les ménagères, les lendemains de fête sont connus pour être un grand calvaire. Les mères de famille ont encore plus à craindre après ces trois Korité célébrées au Sénégal à partir de samedi. Un tour au marché Sandaga, logé au cœur du centre-ville, donne mardi une idée des difficultés auxquelles elles devraient s’exposer.

 

Les vendeurs de denrées de première nécessité, de légumes et autres produits de consommation de base se sont fait fortement désirer en ces lieux d'ordinaire excessivement animés, mais qui brillent ce mardi par le vide et l’insalubrité. Une situation dont profitent les rares vendeurs présents pour jouer à la vedette et augmenter les prix.

 

"Je suis venu acheter du Kong (poisson fumé), mais j’ai fait le tour du marché avant d’en trouver, et puisque c’est une seule personne qui en vend, elle m’a cédé le kilogramme à 2400 francs CFA au lieu des 2000 francs en temps normal", se désole Khadidiatou Camara, la trentaine.

 

Ce désagrément est partagé par Abi Dia et Fatou Ndiaye, deux jeunes filles venues faire leur marché et qui relèvent une certaine ironie liée au fait que ce sont les clientes qui sont à la quête de vendeurs au lieu du contraire.

 

Il n'est de fait pas rare, à l'intérieur de ce marché, de se retrouver face à un étal dont le propriétaire peut demeurer introuvable des minutes durant. Les clients sont obligés de patienter, en attendant que le vendeur se manifeste ou termine une conversation.

 

Soulagées d'avoir enfin pu repérer un vendeur de pélagiques, Abi et Fatou sont décidées à faire avec ce dont elles disposent et ne se font pas prier pour négocier ferme avec leur vendeur.

 

"Le poisson est rare et cher quand on en trouve. Nous avons fait le tour de ce marché et jusque-là, nous ne trouvons rien de bon. Ces pélagiques ne sont pas frais pourtant, mais le propriétaire ne compte pas sans séparer à moins de 500 francs pour les plus accessibles", soulignent-elles.

 

Prises de court par la rareté des produits, certaines ménagères changent de menu sur place, pour s'adapter aux réalités imposées par le marché.

 

Khady Wone fait partie de ce lot. "Je fais des va-et-vient sans trop savoir quoi acheter. Je sais que je vais changer de menu, mais je ne sais toujours pas quoi préparer. Il n’y a personne, quand on a ceci, il manque cela et vice-versa", regrette-t-elle, indécise comme jamais.

 

Mame Diarra Bâ semble partager le problème de Khady Wone. "Comme repas, je voulais faire du thiacri (met à base de mil et de lait), mais il y a de forte chance que je renonce. Il n’y a pas de coco, la banane est chère et toutes les petites choses qui se vendaient à 100 francs se vendent aujourd’hui à 200 francs", note la jeune femme, assise sur une table pour faire le bilan de ses courses.

 

Aps

 

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