La lutte contre l’excision en Casamance préoccupe au plus niveau Sa Majesté la reine d’Espagne qui a procédé, hier, à Ziguinchor, au lancement du projet sur le renforcement des capacités de l’Ufr en Sciences de la santé de l’Université Assane Seck de Ziguinchor, pour l’abandon de l’excision en Casamance.

La problématique de l’excision est très présente en Casamance. Malgré l’engagement politique de l’Etat, dès les années 1970, qui s’est traduit ensuite par la récrimination contre cette pratique très néfaste pour la santé de la mère et de l’enfant, force est de constater que le phénomène est toujours d’actualité. Pis, les différentes stratégies mises en place pour combattre ce fléau qui porte atteinte à l’intégrité corporelle et aux droits de la femme, n’ont jusque-là pas eu les effets escomptés. Bien au contraire, le phénomène résiste aux nombreuses mobilisations communautaires, aux déclarations publiques de rejet et d’abandon, aux multiples sensibilisations menées en milieu scolaire. Le renforcement du pouvoir économique des femmes et l’autonomisation des communautés à travers des projets, n’y font rien.  

Et pourtant, cette ablation partielle des organes génitaux externes du sexe féminin engendre de nombreuses complications sur la santé de la femme. Complications qui ont pour noms hémorragies, choc cardio-vasculaire, infection, complication obstétricale, atteinte uro-génitales, troubles sexuels, psychologiques, surmortalité chez les femmes et les enfants, accouchement lent et difficile, incontinence urinaire qui condamne la victime à vivre en réclusion perpétuelle.

Face à ce fléau des temps anciens et modernes, l’Université Assane Seck de Ziguinchor, à travers l’Ufr de santé, a décidé d’agir en changeant, cette fois-ci, de fusil d’épaule dans le combat contre l’excision. ‘’Le président de la République, lors du 1er Conseil présidentiel consacré à l’enseignement supérieur, nous a instruits de faire en sorte que l’université sénégalaise en général et celle de Ziguinchor en particulier soient une université au service de la communauté. C’est dans cette optique que l’université est honorée d’accueillir Sa Majesté la reine d’Espagne’’, a informé le recteur, le professeur Kéba Kourfia Diawara.

Arrivée dans la capitale sud du pays aux environs de 11 h 13 m mercredi, Sa Majesté a eu droit à un exposé sur le Projet de renforcement des capacités de l’Ufr en Sciences de la santé pour l’abandon de l’excision chez les femmes en Casamance. Un projet de lutte contre l’excision dont ‘’l’approche singulière  recoupe trois dimensions : enseignement, recherche et action’’, a expliqué l’agrégé en maladies infectieuses, le professeur Magloire Manga de l’Ufr  en Sciences de la santé de l’Uas/Z.

Financé à hauteur de 190 000 euros par la coopération espagnole, ce projet vise la réduction de façon notoire de  l’excision en Casamance, à travers l’implication des professionnels  de la santé,  l’intégration de cette problématique dans la formation des médecins et la dissémination des résultats de la recherche.  

‘’Il s’agit de faire en sorte que l’Ufr puisse disposer de matériels et documents de référence sur les pratiques de l’excision en Casamance. Documents et matériels qui seront partagés avec les professionnels de la santé et les acteurs de développement’’, a ajouté le Pr. Manga. L’Ufr prévoit aussi d’organiser des communications et de faire des publications scientifiques pour partager les résultats des recherches avec l’ensemble de la communauté internationale. Ce projet ‘’innovant’’, qui englobe santé, éducation et recherche, viendra compléter, toujours de l’avis du Pr. Manga, les autres stratégies et projets existant dans la lutte contre ce fléau. Il prévoit, avec l’accompagnement de la coopération espagnole, de mener des activités de mise en œuvre des études effectuées sur le terrain.

Après le lancement officiel du projet, Sa Majesté s’est rendue à Oussouye, 2e étape de sa visite, puis à la station balnéaire du Cap-Skirring.   

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)