Timbuktu Institute et l’AILCT cherchent la panacée

Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les dirigeants de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) ont effectué une visite de travail au Timbuktu Institute – African For Peace Studies. Les deux institutions conviennent de l’urgence d’un accroissement de la coopération sécuritaire à l’échelle de l’ensemble des pays du Sahel et du Golfe de Guinée.
En Afrique subsaharienne, l’enjeu du terrorisme est plus que jamais de nature régionale. Il s’est déclenché un processus de ‘’sahélisation du Golfe de Guinée’’, selon le docteur Lassana Diarra, directeur de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT), qui effectue une visite de travail au Timbuktu Institute. Il développe : ‘’Les continuités historique, géographique et socioculturelle dans lesquelles se meuvent les pays de la zone ont fini par exposer, à une échelle régionale, une problématique qui semblait autrefois géographiquement circonscrite. Suite à l’effet catalyseur de l’intervention de l’Otan en Libye en 2011, la désintégration sécuritaire progressive de l’espace sahélien ne pouvait, au fond, qu’essaimer dans le Golfe de Guinée, au sein des pays côtiers (Bénin, Côte d’Ivoire, Togo, Ghana, etc.).’’
D’après lui, la compréhension et la lutte contre le terrorisme appellent une prise en compte de deux axes clés qu’il nomme ‘’les facteurs rationnels et les facteurs irrationnels’’.
Par ‘’facteurs rationnels’’, poursuit-il, il faut entendre les causes liées aux vulnérabilités socioéconomiques en présence ; et lorsqu’on parle de ‘’facteurs irrationnels’’, c’est pour englober les éléments constitutifs de l’idéologie même qui poussent à l’acte violent.
De même, les conjonctures politico-sécuritaires en Afrique de l’Ouest font apparaître, selon lui, deux défis parmi les plus urgents. En sus de la régionalisation de la menace djihadiste, il existe, regrette le Dr Diarra, des faits et situations de discorde inquiétants entre les États eux-mêmes, ce qui fragilise, voire obstrue les perspectives de coopération sécuritaire.
Fidèle à son ambition de forger une communauté et une culture basées sur une synergie effective entre la recherche stratégique, les politiques publiques et les forces de sécurité, le directeur de l’AILCT a réitéré la vocation de l’académie à servir de rampe pour la construction de solutions adéquates. ‘’Lorsqu’on observe la complexité et l’évolution de la menace, l’état de la sous-région est effectivement inquiétant. Toutefois, le risque serait de céder au défaitisme. C’est la raison pour laquelle nous sommes optimistes, car nous avons confiance en ce que nous faisons et nous sommes engagés et décidés à faire face à cette crise multiforme’’, déclare le Dr Diarra.
Le docteur Bakary Sambe prône l’écoute des populations locales
Le directeur régional du Timbuktu Institute, docteur Bakary Sambe, de renchérir qu’il existe un conflit de perceptions, dans la crise sahélienne, entre les approches internationales et les perceptions locales. ‘’C’est en conscience de ce nœud d’importance considérable que le Timbuktu Institute privilégie, entre autres, une approche par le bas, en l’occurrence par le biais de l’écoute des populations locales’’, souligne-t-il.
Selon le directeur régional du Timbuktu Institute, face à la contagion djihadiste sur les pays côtiers, il apparaît impérieux de s’inspirer, avec perspicacité, des erreurs sahéliennes. ‘’La Côte d’Ivoire et le Sénégal se trouvent dans la typologie de pays qui, certes, sont au cœur des dynamiques en Afrique de l’Ouest, mais qui disposent encore d’une certaine marge de manœuvre pour développer une approche préventive et prospective par rapport à ce mal qui n’épargne plus aucun pays de la sous-région’’, observe-t-il.
Dans cette perspective, la coopération se présente comme une ‘’nécessité absolue’’, affirme le Dr Sambe. ‘’Quelles que soient les crises diplomatiques entre pays, il est capital de prendre la mesure du fait que nous vivons dans une époque où nous sommes tous liés par des impératifs de sécurité collective. Le terrorisme a fait de nous des pays qui avons désormais la vulnérabilité en partage face à un mal global’’, analyse-t-il.
De fait, à ses yeux, mieux développer les synergies entre le monde de la recherche et le monde de la décision s’avère indispensable. ‘’Que l’on puisse échanger sur les pistes de solution et le développement de la recherche stratégique sur un phénomène aussi complexe avec une institution leader comme l’AILCT, c’est une démarche constructive tout aussi salutaire qu’appréciée’’, déclare le Dr Sambe.
Par ailleurs, selon lui, cette visite marque le début du renforcement de la coopération entre le Timbuktu Institute et l’AILCT. Ce cheminement concerne des perspectives de projets conjoints en matière de formation, de recherche stratégique, d’analyses de menaces, d’actions de haute visibilité de l’AILCT ainsi que des formulations de recommandations adaptées aux réalités locales.
CHEIKH THIAM