Poing de salut
A le voir envoyer des coups de poing comme un boxeur patenté, on a du mal à croire que Tapha Tine a pendant longtemps caressé le volant des taxis. C’est que ce lutteur au gabarit impressionnant, a bâti sa réputation sur des coups du droit savamment distillés dans l’arène. Dix victoires spectaculaires en 13 combats ont fini de faire de Tapha Tine un lutteur redoutable et redouté. Son dernier succès est resté gravé dans les mémoires avec une correction infligée au costaud Elton.
Moustapha Tine, plus connu sous le nom de Tapha Tine, est né en 1984 à Réfane, un village situé dans le Baol, dans la région de Diourbel. Enfant, il a suivi le daara plutôt que l’école française. Son apprentissage de l'école coranique terminée, Tapha Tine quitte son Baol natal à l'âge de 17 ans et débarque dans la capitale, Dakar, pour gagner sa vie et aider sa famille. Il devient apprenti chauffeur dans les cars rapides. C’est là qu’il parvient alors à maîtriser la conduite des voitures et obtient facilement son permis.
Ce sésame en poche, il quitte les cars rapides et se tourne vers les taxis et devient chauffeur de taxi. A côté de ce boulot, Tapha Tine écume les mbàpàt et remporte beaucoup de drapeaux dans la capitale et dans les villages. Physiquement bien doté par la nature, celui que l'on surnomme le géant du Baol avait le don de soulever ses adversaires très haut avant de les terrasser, lors des mbàpàt ; c'est pour cela d'ailleurs qu'il était une terreur pour ses adversaires. Mais son entrée dans la lutte n'est pas fortuite car le père de Tapha Tine était un champion reconnu et faisait partie de l'écurie sérère, l'écurie la plus crainte à l'époque, avec les Manga 2, Ibou Ndappa entre autres. Son oncle maternel était également un excellent lutteur. Selon son entraîneur, Mbaye Ndawane, ''Tapha a répondu à l'appel du sang''.
Fer de lance du Baol
Quand les ressortissants du Baol ont décidé de créer une écurie pour le Baol qui regorge des lutteurs de qualité, ils ont tout de suite pensé à Tapha Tine comme chef de file de l'écurie. C'est ainsi qu'il accepte et débute dans la lutte avec frappe. Il finit par abandonner le taxi. Contrairement à beaucoup de lutteurs qui se cachent derrière un surnom, Tapha Tine a décidé de conserver son nom.
Après des débuts prometteurs, il connaîtra un coup d'arrêt dans sa carrière, lors du Claf de 2006, en enchaînant deux cinglantes défaites d'affilée, devant Lac de Guiers 2 et Issa Pouye. Des revers qui ont beaucoup surpris son staff, qui a compris que c'était le résultat de son manque de maturité. Repris en mains, il signe un retour en force, en battant Abdou Diouf du Walo, et Boy Sèye. Croyant qu'il avait grandi après ces belles victoires, ses encadreurs revoient leur jugement après une défaite humiliante devant Bazooka de Mbour. C'est ainsi que Yékini vient au secours de Tapha Tine, en lui prodiguant quelques conseils au téléphone. Mbaye Ndawane témoigne : ''C'était un plaisir pour nous qu'il soit conseillé par Yékini, c'est quelqu'un de bien et on veut que Tapha lui ressemble et qu’il devienne roi des arènes comme lui''. Ces conseils semblent avoir porté leurs fruits, puisque Tapha Tine enchaîne deux victoires face à Thieck et Elton. Il montre aussi un nouveau visage, en devenant plus provocateur lors des face-à-face, et plus sûr de ses qualités de cogneur.
Ce dimanche, il va vers un combat capital dans sa carrière. Il avait réclamé Bombardier là où tous ses compères le fuyaient et que certains le lui déconseillaient fortement. A lui de faire la mise au poing dimanche.
KHADY FAYE