Publié le 25 Oct 2017 - 03:41
MAMADOU DIOUF (PRO-KHALIFA ET ADJOINT AU MAIRE DE DAKAR-PLATEAU)

‘’Nous n’écartons pas de mettre des structures parallèles‘’

 

Responsable politique de Mankoo Taxawu Senegaal dans la commune de Dakar-Plateau, Mamadou Diouf annonce, dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, que les proches  de Khalifa Sall n’écartent pas de créer des structures parallèles au sein du Parti socialiste.

 

Ce week-end, l’Assemblée générale des secrétaires généraux de coordination a avalisé la proposition d’expulsion de Khalifa Sall et ses soutiens du PS. Comment appréciez-vous cela ?

Cette rencontre entre toujours dans le cadre des basses manœuvres pour combattre Khalifa Sall. Ces secrétaires généraux dont vous parlez sont tout simplement complices du complot dont le maire de Dakar est aujourd’hui victime.

Quatre-vingt-deux sur les 138 coordinations que compte le PS ont apporté leur soutien à Tanor. Est-ce que, finalement, vous n’êtes pas mis en minorité dans ce combat ?

Nous ne rentrerons pas dans ce jeu des coordinations. Nulle part dans les textes du parti, il n’a été dit que les décisions se prennent au niveau des coordinations. Il y a une structure qui s’appelle le Comité central, qui regroupe les délégués de ces différentes structures, qui est statutairement reconnu. Le défi que nous lançons à Tanor, c’est de convoquer les membres de cette structure qui est le parlement du parti. 

Quelle appréciation faites-vous de cette situation en tant que militant ?

Je l’apprécie négativement. Je pense qu’aujourd’hui, il y a une minorité au PS qui prend en otage le parti. Quand je parle de minorité, je fais référence aux membres du Secrétariat exécutif national composé principalement des affidés d’Ousmane Tanor Dieng. Ces gens n’ont aucune légitimité par rapport à ce que prévoient les textes du parti. Aujourd’hui, on m’aurait parlé de décision du Comité central, j’aurais accepté. Mais cette instance ne s’est pas réunie depuis juin 2015.

Mais il y a le Bureau politique qui est souvent convoqué.

Le Bureau politique, selon nos textes et règlement, doit exécuter les décisions du Comité central. Et je rappelle à l’opinion, que pour exclure un militant du PS, il y a tout un processus qu’il faut respecter.

Quel est ce processus ?

Le processus d’exclusion d’un militant du parti commence, d’abord, par la mise en place, par le Comité central, d’une commission disciplinaire. Il appartient maintenant à cette instance de convoquer les mis en cause aux fins de les entendre pour recueillir leur version des faits. C’est pourquoi je suis aujourd’hui très étonné quand on nous parle d’auto-exclusion. D’ailleurs, ce mot n’existe nulle part dans le règlement intérieur du parti. Dans les sanctions prévues dans les textes du parti, il y a l’avertissement, le blâme et l’exclusion. Mais l’auto-exclusion n’existe pas dans le jargon du parti.

Pourquoi donc le SEN parle d’auto-exclusion ?

C’est un abus de langage. Aujourd’hui, ils ne peuvent pas nous exclure dans ces conditions. Parce que le processus devant aboutir à l’exclusion d’un militant n’a pas été respecté.

Mais, dans ce cas, quel est, selon vous, le fondement de la proposition faite par le SEN et adressée au BP ?

Tout cela, on le met en rapport avec la situation actuelle d’Ousmane Tanor Dieng qui a été élu au Haut conseil des collectivités territoriales pour un mandat d’un an. Vous avez entendu, dernièrement, les membres mêmes de l’Alliance pour la République qui demandent son départ. Donc aujourd’hui, Ousmane Tanor Dieng a besoin, à travers cette exclusion, de donner des gages de fidélité au président de la République Macky Sall pour pouvoir rempiler à la tête du HCCT et bénéficier des largesses de la coalition Benno Bokk Yaakaar.

Dans cette affaire, Barthélemy Dias accuse Ousmane Tanor Dieng de faux et usage de faux. Partagez-vous son avis ?

Vous savez, Ousmane Tanor Dieng et ses affidés sont tombés dans leur propre piège. Aujourd’hui, ils parlent d’auto-exclusion. Mais je tiens à rappeler qu’ils ont saisi le ministère de l’Intérieur de la question depuis le 5 août. C’est un mail qui les a trahis. Cela montre que ces gens étaient donc en train de manigancer et c’est là où réside le faux. Les textes du parti ont été changés en catimini pour pouvoir nous exclure par le groupe d’OTD. Nous, n’étant pas des nains politiques, on a pris les dispositions nécessaires pour porter plainte au sein des juridictions compétentes pour que les textes du parti soient respectés. On a, en même temps, saisi l’International socialiste pour qu’il soit informé de la situation qu’on traverse au sein du PS sénégalais qui en est un membre actif.

Quelles seraient, selon vous, les conséquences de l’exclusion de Khalifa Sall et de ses camarades du PS ?

Les conséquences d’une telle situation seraient dramatiques pour le PS, mais pas pour les partisans de Khalifa Sall. En tant que soutien de ce dernier, nous avons notre calendrier. Même si Khalifa Sall est aujourd’hui en prison, nous avons notre calendrier électoral, nous avons notre chemin à faire, que ce soit dans le parti ou en dehors du parti. Khalifa Sall est notre candidat et nous allons l’accompagner. Il sera candidat à la candidature du PS à l’élection présidentielle de 2019.

S’il est exclu, pourrait-il prétendre à la candidature du PS ?

Personne ne peut l’exclure du PS. Parce que ce que les gens oublient, c’est que Khalifa Sall se trouve être le secrétaire national à la vie politique du PS. Donc tout le processus d’organisation des primaires doit impérativement passer par sa commission. Parce que c’est le Secrétariat chargé de la vie politique qui s’occupe de ces questions.

Mais à défaut de lui, il y a son adjoint qui peut organiser tout cela.

Son adjoint, c’est Barthélemy Dias qui se trouve être avec lui. Je vous rappelle que le mandat d’Ousmane Tanor Dieng va finir dans huit mois. Donc, à partir du 1er décembre 2017, nous en tant que socialistes, nous allons lancer le processus de vente des cartes de membre, que Khalifa Sall soit libre ou pas. Ce processus devra aboutir au Congrès du PS.

Ne risquons-nous pas d’assister à deux congrès ?

Si la situation nous l’impose, nous ne l’écartons pas. Je pense d’ailleurs qu’on s’achemine directement vers une telle situation. En tout cas, nous ne comptons pas nous laisser exclure du PS dans ces conditions. Parce que les règles n’ont pas été respectées. Nous sommes de dignes héritiers de ce parti, des militants légitimes. Nous ne comptons pas prêter le flanc.

Quel serait l’avenir de Khalifa Sall et de ses soutiens en dehors du PS ?

J’ai entendu un responsable socialiste dire que le PS est une mer et tout poisson qui y sort est appelé à mourir. Mais les exemples qui démontent cette théorie existent. Prenez l’exemple de Moustapha Niasse. Il est aujourd’hui la deuxième personnalité de la République et pourtant, il a quitté le PS. Il en est de même pour le défunt Djibo Leyti Kâ. Il a plusieurs fois été ministre quand il a quitté le PS. Donc le PS n’est pas une fin en soi. Aujourd’hui, nous sommes à l’ère des grands ensembles. Nous défendons un idéal politique et nous comptons nouer des alliances pour atteindre nos objectifs.

A vous entendre parler, on a l’impression que vous êtes prêts à sortir du PS et à prendre votre destin en main.

Nous ne sommes pas prêts à sortir du PS. Nous sommes membres à part entière de cette formation politique. Mais nous n’allons pas nous laisser divertir. Nous, aujourd’hui, ce qui nous préoccupe, c’est le combat pour la libération de Khalifa Sall. Nous considérons cette histoire d’exclusion comme de la diversion, parce que nos adversaires sentent qu’on a repris du poil de la bête dans la lutte pour la libération du maire de Dakar.

Justement, parlant de la lutte pour la libération de Khalifa Sall, on ne voit que les femmes porter le combat. Où sont les hommes ?

Ça, c’est une vue de l’esprit. Une création de nos adversaires. Dans toutes les formations politiques, ce sont les femmes qui font de l’animation. Nous avons toujours porté le combat. Mais en un moment donné, il y avait la bataille des élections législatives qu’il fallait également mener. C’était une étape à franchir dans le combat pour la libération de notre leader. Aujourd’hui, il a été élu député à l’Assemblée nationale. On compte s’appuyer sur son nouveau statut pour le sortir de prison.

Si jamais Khalifa Sall est victime d’une condamnation, est-ce que cela ne mettrait-il pas fin à sa carrière politique ?

Khalifa Sall ne peut pas être condamné dans ces conditions. Parce qu’on sait que le dossier de la caisse d’avance est vide. Si l’Etat avait les moyens de le condamner, Khalifa Sall n’allait pas rester plus de sept mois en prison sans être jugé. Ce pouvoir a aujourd’hui un sérieux problème pour organiser ce procès et pour condamner Khalifa Sall. Nous savons tous qu’il est un détenu politique qui devient de plus en plus encombrant pour les autorités étatiques.

Comment comptez-vous intensifier la lutte pour sa libération ?

Nous allons insuffler à cette lutte une dynamique politique. Khalifa Sall est un prisonnier politique. Il faut un combat politique pour le faire sortir de prison. On a été des républicains jusque-là. On a usé de toutes les voies de recours légales pour qu’il recouvre la liberté. Mais force est de reconnaître, aujourd’hui, que cet Etat a mis au pas la justice de ce pays pour maintenir le maire de Dakar en prison. Il faut donc intensifier le combat politique.

Vous avez tantôt parlé de Moustapha Niasse et de Djibo Leyti Ka. Khalifa Sall ne risque-t-il pas de connaitre le même sort qu’eux en quittant le PS ?

Au moment où les libéraux parlent de recomposition de la grande famille libérale, le clan d’Ousmane Tanor Dieng opte pour la division. S’ils étaient responsables, ils allaient essayer de regrouper toute la famille socialiste autour d’un même idéal. Khalifa Sall n’est pas Moustapha Niasse. Il n’est pas non plus Djibo Ka, Mamadou Diop ou Souty Touré. Nous ne comptons pas nous laisser faire. Nous allons mener un combat en interne. Quitte à entretenir deux structures parallèles, deux comités centraux, deux bureaux politiques. Cette fois-ci, ils n’en sortiront pas aussi facilement.

Est-ce que le PS ne risque pas de s’affaiblir avec l’exclusion de Khalifa Sall et de ses soutiens ?

Cela va de soi. Le PS, aux dernières élections où Ousmane Tanor Dieng était candidat, avait 300 000 voix et Dakar, qui est dirigée par Khalifa Sall, pesait 200 000 de ces suffrages. La plus grande majorité des socialistes se trouve à Dakar. Donc exclure Dakar et son responsable du PS, c’est tuer le PS et anéantir ses chances d’aller même en alliance avec d’autres partis politiques. Cela favoriserait la disparition du PS du paysage politique sénégalais.

En tant qu’adjoint au maire de Dakar-Plateau, comment parvenez-vous à collaborer avec Alioune Ndoye qui un pro-Tanor ?

Nous ne parvenons pas à composer avec lui. Il fait partie de ces maires qui ont trahi Khalifa Sall. Pourtant, s’il est devenu maire de Dakar-Plateau, c’est grâce à Khalifa Sall. Il l’a trahi pour un poste de ministre qu’il n’a jamais eu. Il a été pressenti pour diriger un portefeuille ministériel lors du dernier remaniement ministériel, mais il n’a rien eu parce qu’il a trahi. Aujourd’hui, le PS de Dakar-Plateau est scindé en deux camps avec, d’une part, les pro-Khalifa Sall, ceux qui sont restés fidèles à l’esprit de Taxawu Dakar, et, d’autre part, ceux qui l’ont trahi pour aller s’allier avec Tanor et BBY.

Est-ce que Tanor ne mise pas sur Alioune Ndoye pour remplacer Khalifa Sall à Dakar ?

Alioune Ndoye ne peut pas remplacer Khalifa Sall à Dakar. Il n’a ni l’étoffe ni la carrure pour le faire. Il n’est pas connu. Il est venu au PS dernièrement. Khalifa Sall, par contre, est dans le parti depuis l’âge de 11 ans. Il a eu à faire les pionniers et les jeunesses socialistes avant de parvenir là où il est. Il a rampé et aujourd’hui il fait partie des membres les plus anciens au sein du BP. Moi-même je suis plus connu qu’Alioune Ndoye à Dakar-Plateau. 

 PAR ASSANE MBAYE

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