Kaolack élève la voix

Les populations kaolackoises, par le biais de l’Alliance kaolackoise pour la défense des intérêts de Kaolack (Adik) ont saisi la presse, hier, pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une mauvaise gestion de l’équipe municipale. Elles ont pointé des manquements dans la gestion des deniers publics, de l’eau et de l’électricité, tout en condamnant les représailles contre des citoyens ayant critiqué l’administration.
L’Adik frappe du poing sur la table pour alerter sur ‘’des manquements’’ dans les affaires de la ville. Selon Babacar Bitèye, coordonnateur de l’association, la situation socioéconomique de Kaolack est alarmante : ‘’Kaolack s’enlise. La crise de l’eau n’est plus tolérable. Une majorité de la population est exposée à une eau impropre à la consommation, riche en chlorure et en sodium, avec des conséquences dramatiques sur la santé publique.’’
Il ajoute que des quartiers entiers subissent des pénuries chroniques et chaque hivernage ravive le cauchemar des inondations. Les 181 mm de pluie tombés en septembre dernier auraient paralysé la ville non par phénomène imprévisible, mais à cause de ‘’l’irresponsabilité de l’équipe municipale qui n’a pas procédé au curage des caniveaux ni à la fermeture des fossés à ciel ouvert’’.
Le coordonnateur souligne également l’absence de plan d’assainissement digne de ce nom depuis six décennies. Plutôt que de répondre aux besoins fondamentaux, le maire Serigne Mboup et ses collaborateurs auraient, selon l’Adik, ‘’préféré s’attaquer aux citoyens’’.
Les membres de l’Adik dénoncent ‘’les persécutions flagrantes’’ dont sont victimes plusieurs membres de leur organisation. ‘’Commençons par Aliou Lo, agent municipal et membre actif de l’Adik, qui a été victime de suspension de salaire pendant plus de trois mois sans aucune procédure préalable, dans l'irrespect total du Code du travail. Une mesure arbitraire et illégale dont l'objectif est d'humilier et de faire taire une voix du peuple, Kaddu Askanwi’’, accuse M. Bitèye qui interpelle les autorités administratives tout en exigeant le rétablissement d’Aliou Lo dans ses droits et se réserve le droit de prendre toutes les mesures utiles pour mettre fin à cette forfaiture.
Les membres de l’Adik dénoncent également les persécutions répétées subies par Lamine Ndao leur trésorier et délégué principal du marché central. D’après leurs dires, ‘’à défaut de pouvoir remettre en cause son intégrité, le maire Serigne Mboup a abusivement fait recours à la justice et à la police pour le réduire au silence. Mais c'est peine perdue’’. La plainte contre des petits-fils de Mame Abdoulaye Niass et contre Pape Simakha, convoqué, placé en garde à vue et poursuivi sur plainte de la première adjointe au maire pour diffamation présumée, est dénoncée par l’Adik qui dit voir dans ces procédures une tentative de réduire les voix dissidentes au silence.
Plusieurs membres de l’Adik continuent d’ailleurs d’être convoqués par la police, alors même qu’une procédure est déjà pendante devant la justice. L’organisation déplore ces convocations policières ‘’sans fondement clair’’, qualifiées de ‘’manœuvres d’intimidation’’ pour fragiliser moralement ses membres.
L’association conteste, par ailleurs, l’issue du procès pour détournement de deniers publics visant l’équipe municipale : un verdict du tribunal de Kaolack a relaxé Serigne Mboup ‘’pour absence de preuves suffisantes, malgré des aveux médiatiques accessibles à tous’’, s’insurgent les dirigeants de l’Adik qui ont interjeté appel (n°36 du 28 avril 2025) pour une relecture du dossier.
L’équipe municipale rejette en bloc ces allégations.
ALIOUNE BADARA DIALLO KANE (KAOLACK)