Publié le 21 May 2023 - 22:50
MANSOUR NDIAYE, PRÉSIDENT DE L’UNION POUR LA DÉMOCRATIE ET LA RÉFORME (UDR)

 ‘’L’autosuffisance en riz, ce n’est pas demain’’

 

Président de l’Union pour la démocratie et la réforme (Udr)/ (Dooley Yaakaar), Mansour Ndiaye est un expert international en microfinance qui a collaboré avec des bailleurs multilatéraux dont la Banque mondiale. Également formateur-consultant au Centre international de formation de Turin, il a aidé plusieurs pays à faire décoller leur secteur de l’économie sociale et solidaire. Pendant presque 22 ans, il a participé à la reconstruction du Rwanda, au décollage du secteur financier en Haïti, après le tremblement de terre de 2012. Il a aussi beaucoup travaillé en République Démocratique du Congo, dans le cadre de l’accès au financement inclusif. Par ailleurs, M. Ndiaye a travaillé sur des projets en Mauritanie et dans les pays du Sahel contre la radicalisation violente des djihadistes. Dans cet entretien accordé à ‘’EnQuête’’, il revient, entre autres,  sur la question de l’emploi des jeunes, la tension politique, le secteur financier sénégalais, etc.

 

En tant que président de l’Urd/Dooley Yaakaar, pourquoi vous définissez-vous comme étant un acteur de développement ?

Dooley Yaakaar est un parti politique qui a été lancé en 2011. Dans le cadre de ma candidature, j’ai été convaincu par Benno Siggil Sénégal pour battre campagne avec Moustapha Niasse. Par la suite, on a été dans le grand Benno avec Macky Sall. Puis, nous avons continué notre cheminement, parce que, nous, notre vision politique c’est qu’il y a un temps pour le politique et un autre pour le développement. Nous sommes des acteurs de développement. A chaque fois que nous terminons le travail politique, nous nous consacrons à des activités de développement des populations autour du financement, et de l’emploi des jeunes. Parce qu’au-delà de la finance, je suis en train d’installer au moins trois unités industrielles au Sénégal pour employer les jeunes dans l’agro-alimentaire, dans l’industrie plastique, dans l’agriculture, etc.

Et quelle analyse faites-vous de la politique de l’Etat sur l’emploi des jeunes ?

L’Etat a beaucoup fait, parce que le premier pas autour de l’emploi des jeunes, c’est d’abord d’en être conscient. Nous avons une population jeune et extrêmement fragile. Dans notre jargon en matière de développement, nous avons deux entités qu’on traite de vulnérables : les femmes et les jeunes.  Les vingt dernières années, nous avons beaucoup fait pour les femmes : l’émancipation, l’autofinancement, la capacitation, etc. Mais la frange constituée par les jeunes a été négligée. Je pense que, depuis la prise de conscience, tout le monde s’est rendu compte qu’il faut faire quelque chose de plus léger. Il y a un élan extraordinaire qu’il faut consolider, réorienter. C’est un élan positif, parce que ça permet aujourd’hui à beaucoup de jeunes d’avoir un métier et c’est extrêmement important. Avant, beaucoup de demandeurs d’emploi ne savaient rien faire. Aujourd’hui, ils sont électriciens, maçons, etc. Ils ont des formations très spécifiques et à partir de là, ils peuvent être sur le marché de l’emploi. Je pense que le travail doit continuer au niveau de l’agriculture qui est une niche d’emploi.

Nous avons des hectares de terres arables rien que dans la vallée du fleuve Sénégal. J’ai moi-même initié un projet qui peut toucher 510 jeunes dans cette zone autour de 200 ha de riz. C’est des expériences qui doivent aujourd’hui porter à l’échelle. Je suis optimiste. Depuis quelque temps, le Sénégal est sur la bonne lancée. Tous les secteurs (la société civile, les privés, l’institut de formation, l’Etat, etc.) sont en train de travailler sur ça. Maintenant, il reste la question lancinante de ce que j’appelle les ambulants. Ces gens-là, on ne peut pas les adresser avec des procédures trop lourdes. Ils sont dans l’informel. Il faut que l’Etat, les structures de financement et de capacitation les trouvent sur leur terrain avec une méthodologie beaucoup plus proactive qui les mette en confiance et qui leur permet de se reconnecter au système global. 

Comment se porte le secteur financier au Sénégal ? 

 Nous avons un secteur financier global. Le secteur sur lequel on doit travailler c’est le secteur sur la finance participative. En 2012, tous les dirigeants du monde se sont retrouvés aux Nation-Unis pour lancer le sommet de l’économie sociale et solidaire. En France, c’est presque 3 000 000 000 emplois. C’est une industrie. Après le sommet, le Sénégal devait mettre le Conseil national pour l’économie sociale et solidaire. Cette voix a été entendue par le Président de la République.  En Conseil des ministres, il a demandé la mise en place, sans délai, de ce Conseil national autour de l’économie nationale et solidaire. Il faut amener le secteur financier vers un autre niveau pour soutenir les personnes vulnérables.

Une tension politico-judiciaire règne actuellement au Sénégal avec des manifestations accompagnées de destruction. Cela ne risque-t-il pas de décourager les investisseurs étrangers? 

Les agitateurs de ces types d’action doivent revenir à la raison. Au-delà des investissements étrangers, ça décourage même les investisseurs sénégalais. Quand une PME reste quatre jours sans fonctionner, c’est une perte énorme. Pour une unité industrielle d’une grande taille, c’est des milliards de perdu pour l’économie sénégalaise. On peut manifester sans viser des structures privées qui ont été la conjonction d'efforts humains et financiers. Ces entreprises contribuent de façon significative à la constitution du produit intérieur brut et de la valeur ajoutée. Raison pour laquelle, en tant qu’acteurs politiques, nous militons pour une démocratie apaisée. Depuis, la Covid-19, nous devons redorer le blason, monter en puissance.

Aujourd’hui, le président de la République a appelé les acteurs politiques au dialogue. Est-ce un appel sincère, selon vous ?

Oui, parce que le président de la République, c’est une institution. C’est l’institution la plus crédible du pays. Je pense que tous les présidents de la République ont appelé au dialogue à un moment donné de la vie de la Nation. Mais, il appartient également aux acteurs de la Gouvernance de se mettre autour d’une table et de rendre sincère et crédible ce dialogue. C’est à eux de constituer la matière à dialoguer. C’est en discutant qu’on peut arriver à des compromis. Dans l’histoire politique du Sénégal, il y a eu des compromis pour l’intérêt supérieur de la nation. Les crises sont inhérentes à la marche d’une société. Mais, il faut revenir à la raison. En 2012, nous avons frôlé le pire. Mais, ce qui s’est passé ne doit pas se répéter en 2024. Il faut de la concertation pour que la construction de notre pays ne prenne pas un coup.

Aujourd’hui, qu’est-ce qui explique votre engagement dans la coalition Benno Bokk Yaakaar ?

Nous avons battu campagne, en 2019, pour le programme du président de la République autour de Benno Bokk Yaakar. Nous avons eu à faire des propositions qui ont été écoutées sur l’emploi des jeunes, la réforme de La Poste, sur la Couverture maladie universelle, territorialisation etc. C’est notre manière de participer à la marche de notre pays. Aujourd’hui, nous soutenons la politique du président de la République qui est en train de se manifester dans tous les secteurs.

A Diamniadio, les Sénégalais ont investi dans différents domaines stratégiques. Ils sont en train d’envahir la sous-région en termes d’exportation, ce qui aura un impact certain sur notre balance commerciale qui a été toujours déficitaire. Donc, voilà des mesures qui, à terme, vont jouer sur l’économie sénégalaise. Rappelons que, à travers le PSE, on avait l’ambition de restructurer notre économie. Par rapport à l’autosuffisance en riz dans la vallée, j’ai toujours dit que ce n’est pas demain. Ça nécessite une certaine constance. Il faut dire la vérité aux Sénégalais. Les acteurs doivent se mettre au travail. Tous les pays, comme le Maroc, qui exportent beaucoup de produits agricoles chez nous, par des camions, ont été constants et persévérants. Si les acteurs continuent à travailler la terre, peut-être que d’ici 15 à 20 ans, nous aurons cette autosuffisance.

 Donc, ce programme nous allons le soutenir jusqu’à la fin de son mandat. Nous apportons un soutien à la politique qui est menée au Sénégal et que nous essayons par moment de voir comment corriger. Quand il y a des failles, nous les soulignons.

Selon vous, Macky Sall a-t-il le droit ou non le droit de se présenter à la l’élection présidentielle de 2024 ?

Au niveau de notre parti, nous avons confiance au président de la République du Sénégal, qu’au moment venu, il prendra en toute responsabilité, la bonne décision. Celle qui ne sera pas fatale au Sénégal. Il a toutes les informations, c’est l’homme le plus informé du pays. Il prendra en compte l’intérieur général.  C’est une position de responsabilité, de confiance, d’espérance que notre jeune nation va continuer sa trajectoire. Quand j’ai vu en 2013 feu Amath Dansokho faire un témoignage sur Macky Sall, en disant qu’il a côtoyé tous les présidents, mais n’a jamais vu un président aussi travailleur et aussi connaisseur des réalités du pays que Macky Sall. Tout cela renforce notre confiance. 

Quel est votre avis sur la rupture entre le parti Rewmi et la mouvance présidentielle ?

Je ne parlerais pas de la rupture. À chaque fois que des acteurs politiques exercent leur droit, mais dans une certaine élégance et dans un esprit de dépassement, je salue ce genre de démarche. Je ne suis pas pour la violence. Je pense qu’en tant qu’acteurs politiques, nous devons travailler à nous rapprocher. Idrissa Seck et Macky Sall se sont séparés dans le passé de façon fracassante, ça a produit ce que ça a produit. Mais un auteur disait qu’il n’avait jamais compris qu’un État aussi fragile puisse mettre à l’écart des expertises qui devraient normalement contribuer à la marche du pays. Je pense qu’à un moment donné, il faut se donner la main, travailler, et se séparer quand il le faut.

BABACAR SY SEYE

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