Le mari étranger accuse son ex-femme d’’’instabilité psychologique’’

C’est une affaire rocambolesque qui oppose le couple Groussard. En effet, Sokhna Diallo et son ex-mari Daniel Groussard se retrouvent au tribunal pour la garde de leur enfant L. G., après un premier jugement au terme duquel la garde avait été confiée à la mère. Le mari est revenu à la charge et évoque l’instabilité mentale de son ex-femme. Le procès a lieu ce jour au tribunal de grande instance de Mbour.
C’est en 2008 que Sokhna Diallo fait la connaissance à Mbour de Daniel Michel Groussard, ancien Directeur d’une association humanitaire. Ainsi naquit une idylle qui aboutit à un mariage entre le septuagénaire et la femme de 40 ans qui lui donne un garçon en 2012.
Deux ans plus tard, les choses commencent à aller mal jusqu’au jour où Michel Groussard porte plainte devant le tribunal d’instance de Mbour pour ’’coups et blessures’’ contre sa femme. Ce qui a valu une condamnation de Sokhna Diallo à un mois avec sursis.
Mais au terme de cette peine, pour la garde de l’enfant, que les deux ex-conjoints se disputaient, le juge avait décidé d’affecter la garde à sa mère, avec droit de visite du père. Celui-ci avait été condamné à verser une pension alimentaire de 100 000 F CFA. Situation difficile pour le père qui tente d’enlever l’enfant.
En septembre 2018, un procès-verbal de constat d’huissier, à la requête de Sokhna Diallo, déclarant que Daniel est parti avec son enfant sans requérir son consentement, a été remis au tribunal. Ce dernier contre-attaque deux mois plus tard par un autre procès-verbal produit par le même huissier et sur la demande, cette fois-ci, de Daniel. Le document attestait que la dame l’empêchait catégoriquement de rendre visite à son fils.
Dès lors, le juge avait pris la décision d’effectuer une enquête sociale avant de statuer à nouveau sur la garde de l’enfant.
L’enquête de l’AEMO faite par un stagiaire
Dans ce cadre, une enquête a été lancée dans les services de l’AEMO (Action éducative en milieu ouvert). Cette enquête, effectuée par le stagiaire El Hadj Abdoulaye Thiam, Educateur spécialisé, assisté par Aminata Ndiaye, Educatrice spécialisée à la section AEMO de Mbour le 22 octobre 2019, aboutit à la conclusion suivante : ‘’Il en ressort de l’enquête sociale qu’une parentalité s’est développée pour prendre en charge le mineur. Les deux parents, n’habitant pas ensemble, ont essayé de mutualiser leurs efforts pour que l’enfant puisse être dans une sécurité affective, cognitive et sociale.’’
Toujours selon cette enquête, ‘’le père s’avère le plus stable, sur le plan financier et psychologique, du fait qu’il a réussi à gagner la sympathie des enfants. Il faut signaler qu’il a plus d’habileté parentale lui permettant de communiquer avec le mineur et éventuellement connaître ses besoins et ses potentialités afin de l’orienter dans les meilleurs choix. Sa disponibilité financière est un élément qui lui a permis de répondre aux exigences pédagogiques, scolaires, alimentaires et vestimentaires du mineur, même si la mère, avec ses maigres ressources, fait de son mieux pour lui venir en aide…’’.
Dans le même sens, l’enquêteur stagiaire à même évoqué ‘’l’instabilité psychologique de la maman comme le reflet de son premier divorce et la succession des déceptions durant son union avec Daniel, qui a fait d’elle une personne difficile. La posture des enfants par rapport à leurs parents révèle que le climat familial est meilleur chez Daniel…’’.
C’est pourquoi, propose l’enquête, ‘’eu égard à ces différents constats sur le plan psychologique, affectif, cognitif, social et financier, et les déclarations faites par les enfants, le père est plus apte à assurer la garde de son fils. Sur ce, nous proposons qu'un droit large de visite soit accordé à Mme Sokhna Diallo’’.
Les failles d’une enquête présentant Groussard comme un saint
Selon Sokhna Diallo, qui a récusé les conclusions de cette enquête, elle n’a ‘’vu El Hadj Abdoulaye Thiam qu’une seule fois’’. Ce dernier était venu chez Sokhna accompagné d’un homme de teint clair, de petite taille et leur discussion n’a pas duré 1 heure 30 minutes. La deuxième fois qu’il a vu l’enquêteur stagiaire, c’était dans les locaux de l’AEMO et leur discussion n’avait non plus pas duré 1 heure. Ensuite, elle a également précisé qu’elle ‘’n’a jamais vu Mme Aminata Ndiaye citée comme assistante dans l’enquête chez elle’’.
Elle a tenu à préciser, par ailleurs, qu’elle n’est pas une maladie mentale et n’a jamais eu de problèmes psychiques. Elle soupçonne Daniel de tirer la couverture de son côté pour que cette enquête lui soit favorable.
Les deux parties doivent se retrouver à nouveau devant le tribunal de grande instance de Mbour, aujourd’hui jeudi 20 mai, pour la garde de l’enfant, mais également pour clarifier cette affaire où flaire un soupçon de manipulation et de corruption.
IDRISSA AMINATA NIANG