Publié le 27 Aug 2025 - 16:10
OPÉRATION SERENGETI 2.0 - DÉMANTÈLEMENT D’INFRASTRUCTURES MALVEILLANTES

1 209 cybercriminels arrêtés et près de 88 000 victimes recensées

 

Dans le cadre d'une vaste opération dénommée Serengeti 2.0, coordonnée par Interpol, les autorités africaines ont arrêté 1 209 cybercriminels ciblant près de 88 000 victimes et ont démantelé 11 432 infrastructures malveillantes.

 

Une opération Serengeti 2.0, organisée par Interpol, a permis de récupérer 97,4 millions de dollars et de démanteler 11 432 infrastructures malveillantes, soulignant ainsi la portée mondiale de la cybercriminalité et l'urgente nécessité d'une coopération transfrontalière.

L'opération Serengeti 2.0 (de juin à août 2025) a réuni des enquêteurs de 18 pays africains et du Royaume-Uni pour lutter contre des cybercrimes à fort potentiel de nuisance et à fort impact, notamment les rançongiciels, les escroqueries en ligne et la compromission de messageries professionnelles (BEC). Ces menaces ont toutes été identifiées comme majeures dans le récent rapport d'évaluation des cybermenaces d'Interpol en Afrique.

L'opération, selon un communiqué, a été renforcée par la collaboration du secteur privé, les partenaires fournissant des renseignements, des conseils et des formations pour aider les enquêteurs à agir sur la base de ces éléments et à identifier efficacement les contrevenants.

Ces renseignements ont été partagés avec les pays participants en amont de l'opération, fournissant des informations cruciales sur des menaces spécifiques ainsi que sur des adresses IP, des domaines et des serveurs C2 suspects.

Du minage de cryptomonnaies aux escroqueries à l’héritage

Les autorités angolaises ont démantelé 25 centres de minage de cryptomonnaies, où 60 ressortissants chinois validaient illégalement des transactions blockchain pour générer des cryptomonnaies. La répression a identifié 45 centrales électriques illicites qui ont été confisquées ainsi que du matériel de minage et informatique d'une valeur de plus de 37 millions de dollars, désormais affectés par le gouvernement à la distribution d'électricité dans les zones vulnérables.

Les autorités zambiennes ont démantelé une vaste escroquerie à l'investissement en ligne, identifiant 65 000 victimes ayant perdu environ 300 millions de dollars. Les escrocs incitaient leurs victimes à investir dans les cryptomonnaies au moyen de vastes campagnes publicitaires promettant des rendements élevés. Les victimes étaient ensuite invitées à télécharger plusieurs applications pour participer. Les autorités ont arrêté 15 personnes et saisi des preuves essentielles, notamment des noms de domaine, des numéros de téléphone portable et des comptes bancaires. L'enquête se poursuit et vise à retrouver des collaborateurs étrangers.

En Zambie également, les autorités ont identifié un centre d'escroquerie et, dans le cadre d'opérations conjointes avec le département de l'Immigration de Lusaka, ont démantelé un réseau présumé de traite d'êtres humains. Elles ont confisqué 372 faux passeports originaires de sept pays.

L’escroquerie aux successions génère des revenus importants

Bien qu'elles figurent parmi les plus anciennes fraudes en ligne, les escroqueries aux successions continuent de générer des revenus importants pour les organisations criminelles. En Côte d'Ivoire, des agents ont démantelé une escroquerie transnationale aux successions originaire d'Allemagne, arrêtant le principal suspect et saisissant des biens tels que des appareils électroniques, des bijoux, de l'argent liquide, des véhicules et des documents. Les victimes étant incitées à payer des frais pour réclamer de faux héritages, cette escroquerie a causéa entrainé des pertes estimées à 1,6 million de dollars.

Valdecy Urquiza, Secrétaire général d'Interpol, a déclaré : ‘’Chaque opération coordonnée par Interpol s'appuie sur la précédente, renforçant la coopération, intensifiant le partage d'informations et développant les compétences d'enquête entre les pays membres. Grâce à des contributions et un partage d'expertise accrus, les résultats continuent de gagner en ampleur et en impact. Ce réseau mondial est plus fort que jamais, produisant des résultats concrets et protégeant les victimes.’’

Avant l'opération, les enquêteurs ont participé à une série d'ateliers pratiques portant sur les outils et techniques de renseignement open source, les enquêtes sur les cryptomonnaies et l'analyse des rançongiciels. Cette formation ciblée a renforcé leurs compétences et leur expertise, contribuant directement à l'efficacité des enquêtes et au succès opérationnel.

L'opération a également mis l'accent sur la prévention grâce à un partenariat avec le Réseau international de prévention de la cybercriminalité (InterCOP), un consortium d'organismes chargés de l'application de la loi issue de 36 pays, qui se consacre à l'identification et à la réduction des activités cybercriminelles potentielles avant qu'elles ne se produisent.

Le projet InterCOP est dirigé par les Pays-Bas et vise à promouvoir une approche proactive de la lutte contre la cybercriminalité.

L'opération Serengeti 2.0 s'est déroulée dans le cadre de l'opération conjointe africaine contre la cybercriminalité, financée par le ministère britannique des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement.

Les pays ayant participé à cette opération sont : l’Angola, le Bénin, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo, le Gabon, le Ghana, le Kenya, Maurice, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal, l'Afrique du Sud, les Seychelles, la Tanzanie, le Tchad, le Royaume-Uni, la Zambie et le Zimbabwe.

CHEIKH THIAM

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