«Au PDS, j’avais un statut particulier»
Plus ou moins aphone depuis la chute de son candidat à la présidentielle de février-mars 2012, Me Babou est sur le chemin du retour sur la scène politique. Un retour qu'il conditionne à l'obtention du récépissé pour son parti, Alliance pour l'alternance (ALAL). En attendant, il clarifie son passage au Parti démocratique sénégalais pour lequel il dit avoir joué, aux côtés d'Abdoulaye Wade, un rôle de consultant sur les questions électorales, parlementaires...
Au Sénégal, la perte du pouvoir par un parti politique dominant rime souvent avec défections massives vers de nouveaux eldorados, ce que la presse privée et l'opinion publique ont synthétisé depuis près d'une décennie sous le vocable peu glorieux de «transhumance». A l'instar des animaux qui vont de zone en zone pour trouver pâturages et autres nourritures en périodes de vaches maigres.
Aux yeux de certains, tous ceux qui ont quitté le Parti démocratique sénégalais (PDS), au pouvoir de mars 2000 à mars 2012, sont des «traîtres» qui abandonnent le navire en perdition pour échapper, par exemple, à la traque contre les dirigeants indélicats de l'ère Wade. Me Abdoulaye Babou, qui a lui quitté le Pds pour mettre en place l’Alliance pour l’alternance (ALAL), refuse de faire partie de cette catégorie de politiciens cités plus haut. Il affirme en effet n'avoir jamais été «un militant ordinaire» sous l'ombre d'Abdoulaye Wade.
«Au Pds, j’avais un statut particulier ; j’étais plus un expert qui donnait des avis au président Abdoulaye Wade», soutient aujourd'hui l’ancien président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale. «Je suis expert en matière électorale, en matière constitutionnelle, expert en matière parlementaire, rajoute-t-il. C’est dans ce cadre que le président (Wade) me sollicitait souvent. Je n’ai véritablement pas eu à militer de manière active» au service du Parti démocratique sénégalais. Toutefois, l’avocat politicien, ancien bras-droit de Moustapha Niasse à l'Alliance des forces de progrès (AFP) avant sa migration vers l'ancienne majorité présidentielle libérale, dit garder encore de «bonnes relations» avec ses anciens «frères» de parti.
«Macky Sall, c'est un libéral comme moi»
Néanmoins, si l'on considère que le phénomène de la transhumance politique a souvent emprunté des chemins détournés, stratégie destinée à donner le change, on peut se poser des questions sur l'avenir de Me Abdoulaye Babou, passé du statut de pourfendeur radical du régime et des méthodes de Me Wade, à celui de soutien actif du pape du Sopi. Lui se veut catégorique et sans ambages sur son cursus politique à venir. «Je ne transhumerai jamais.» En attendant, l'ex porte-parole des progressistes mais aussi ancien ministre de la Fonction publique, dit reconnaître chez le président de la République des qualités certaines. «Il a été bien élu. Aujourd’hui, sans Abdoulaye Wade, il est préférable que Macky Sall soit au pouvoir car c'est un libéral comme moi.»
Discret depuis la chute de son candidat à la dernière présidentielle, Me Babou dit attendre le récépissé de son parti politique pour revenir plus activement sur la scène politique en démarrant officiellement ses activités militantes. «Je veux être légaliste pour parler au nom du parti, dit-il. Depuis le 16 novembre 2012, notre demande est entre les mains du ministre de l’Intérieur ; on attend toujours. J’interpelle le général Pathé Seck (car) l’obtention du récépissé est de droit», souligne-t-il avec force.
DAOUDA GBAYA
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