Publié le 19 Aug 2012 - 16:15
MEDIAS-AGRESSION DE FERNAND TONA

Le calvaire vécu par le journaliste

 

Victime d'une agression lundi dernier sur la VDN (Voie de dégagement nord) à Dakar, le journaliste Fernand Tona, Chef de Desk Tv à l'Agence de Presse Africaine (APANEWS), a en fait vécu un calvaire de plus avant de pouvoir bénéficier de soins à l'hôpital. EnQuête retrace le film des événements avec la victime.

 

 

20h15 : Fernand se fait agressé sur la VDN par deux jeunes à bord d'une moto

 

La scène se passe non loin des locaux d'APAnews sur la VDN, où Fernand Tona attendait un taxi pour rentrer à son domicile. Ses agresseurs étaient respectivement armés d'un pistolet et d'une machette. Devant des dizaines de passagers, le premier armé d'une machette l'apostrophe et tient en respect le journaliste tout en lui intimant l'ordre de lui remettre ce qu'il avait par devers lui. ''Donne moi ton sac'', tonna d'un ton bourru l'agresseur. Avant même de comprendre ce qui lui arrivait, ni le temps de se retourner, Tona reçoit un coup de machette sur la tête. Sur la défensive, notre confrère oppose une résistance et refuse de lâcher son sac. Effort vain car les coups de machette continuent de pleuvoir avec une violence de plus en plus accrue. Sous l'effet des coups, le sac cède, se déchire et donne l'avantage aux agresseurs qui l'assomment avec la dernière énergie avant de prendre la poudre d'escampette. Tombé sur les faits, un taximan a pris la victime à bord et s'est lancé dans une course poursuite des malfrats. Une course qui n'a pas abouti à grand chose car malgré les cris ''aux voleurs !'', les bourreaux se sont faufilés dans les embouteillages de Mermoz et se sont évaporés sans laisser de traces.

 

20h45 : Gendarmerie de Ouakam, la plainte

Après des recherches vaines, le taximan et Tona se sont résolus à se rendre à la Gendarmerie de Ouakam en vue de déposer une plainte. Une fois sur place, l'autorité compétente, vu la quantité importante de sang que le plaignant était en train de perdre lui demande d'aller illico presto à l'hôpital se faire soigner avant de revenir déposer sa plainte. La part du butin des agresseurs est importante : un ordinateur portable, 3 clés usb, 2 clés expresso, un flip vidéo, un passeport, une carte consulaire, trois cartes bancaires, plus la somme de 82 000 F Cfa.

 

21h à 00h : Hôpital Fann

Pas de trousse de secours dans le pavillon où s'est rendu le blessé (pas de sparadrap, pas d'alcool, pas de Bétadine...). Alors, le médecin demande à notre confrère d'en acheter avec ses propres moyens. Après lui avoir expliqué qu'il s'est fait agressé et qu'il n'a plus d'argent avec lui, le médecin se précipite dans un autre service pour acheter à ses propres frais le nécessaire pour effectuer les premiers soins (blessures à la tête et à la main gauche). L'état de sa main jugé grave, le toubib demande l'évacuation de Tona aux urgences de l'hôpital Le Dantec. Deux heures pour attendre une ambulance qui se fait désirer. Ses collègues venus le soutenir, pris de panique à cause de la quantité de sang qu'il était en train de perdre, ont fini par l'acheminer eux-même à Le Dantec. A 00h20, au service de traumatologie de l'hôpital le Dantec, le journaliste rapporte que le médecin de garde lui a clairement dit que le Bloc des urgences n'était pas fonctionnel avant de lui demander de se rendre à l'hôpital Principal.

 

00h45 à 17h le lendemain (mardi)

A l'hôpital Principal, la victime n'en a pas fini de galérer. Après avoir fait la radiographie de sa main gauche, le médecin lui a demandé d'attendre car les résultats ne pourront être disponibles qu'à 8h heures du matin. Pendant tout ce temps, aucun autre soin n'a été administré à Fernand Tona. Entre fatigue et sommeil, les résultats sont tombés : les films de la radio montrent une fracture ouverte de l'auriculaire gauche. Il faut d'abord opérer. Vue la masse de patients qui attendent de passer sur le billard d'un seul docteur, il a fallu attendre comme tout le monde... C'est finalement à 17h que le journaliste s'est fait opérer, et l'opération a duré moins de 20 minutes.

C'est la triste réalité de nos hôpitaux. Et le calvaire vécu par des milliers de Sénégalais ou hôte étrangers, dans l'anonymat. Vivement la rupture dans ce secteur.

 

IDELETTE BISSUU

 

 

 

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