Le Frn déballe ses exigences
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Les chefs religieux multiplient les actions en faveur du maintien de la paix au Sénégal. Hier, Touba a dépêché une délégation chez l’opposition sénégalaise, dans le but, une fois de plus, de calmer les tensions.
Le Front de résistance nationale (FRN) a reçu, hier, des émissaires du khalife général des mourides, toujours dans l’optique d’apaiser la tension socio-politique. Touba a remis la somme de 50 millions de francs CFA au FRN, en faveur des victimes des émeutes de début mars. L’occasion a été saisie par les opposants pour dérouler une panoplie de mesures pour la préservation de la paix au Sénégal.
En effet, le FRN exige l’arrêt des répressions politiques et de l’instrumentalisation de la justice servant à cibler et à éliminer de potentiels adversaires politiques.
Ses membres insistent, en outre, sur le rétablissement des libertés démocratiques d’expression, de manifestations pacifiques et de diffusion libre de l’information. Pour le Front de résistance nationale, une enquête indépendante et la poursuite judiciaire des auteurs de tueries et des nervis qui se sont illustrés, durant les dernières manifestations, s’imposent de même que l’arrêt des poursuites des ‘’militants de la démocratie et la libération de tous les détenus politiques’’.
Plaidant en faveur de l’indemnisation des familles des victimes et des blessés, l’opposition sénégalaise demande la nomination d’un nouveau procureur de la République et d’un nouveau doyen des juges d’instruction. Car, ceux en fonction, de par leur gestion de la récente crise, ont perdu en crédibilité. La prise en charge de toutes les mesures pour assurer la sécurité des citoyens et de Casamance en particulier, la mise en œuvre des politiques sociales et économiques d’urgence garantissant la santé et la sécurité du citoyen ainsi que son pouvoir d’achat.
Le respect des accords signés par le gouvernement, dans le cadre de l’éducation et de l’enseignement supérieur, fait également partie des revendications des opposants. Ils exigent, en outre, la protection des droits des enfants, du travailleur, des femmes et des jeunes, ainsi que des Sénégalais de la diaspora.
Par ailleurs, le FRN demande l’instauration de la transparence dans la gestion des affaires publiques et l’arrêt du pillage des ressources du pays (naturelles, financières, minières, gazières, pétrolières, foncières, halieutiques, forestières ou autres).
Pour ce faire, les opposants demandent le déblocage des rapports des corps de contrôle de l’Etat (en particulier l’Ofnac) incriminant des personnalités du régime. La plainte pour faux dans l’affaire Petrotim-Sall, bloquée depuis deux ans, doit, en outre, bénéficier d’une information judiciaire.
Processus électoral, 3e mandat, Conseil constitutionnel...
Il est temps, estime cette frange de l’opposition, que les accords consensuels issus de la Commission politique du dialogue national soient appliqués. Ce qui déboucherait sur le respect du calendrier électoral et l’organisation des élections locales en 2021, des élections législatives en 2022 et de l’élection présidentielle en 2024. Un programme à mettre en œuvre à travers la liberté des candidatures et l’égalité des candidats dans la compétition électorale, le recouvrement des droits civiques et politiques des personnalités qui en ont été injustement privées (Karim Meissa Wade et Khalifa Sall) et la nomination d’un juge indépendant, en lieu et place du Conseil constitutionnel, pour la proclamation des résultats.
Conformément à la Constitution, le front demande à Macky Sall de renoncer à son ‘’ni oui ni non’’ sur la question de sa candidature à la Présidentielle de 2024. Il doit en finir avec ce débat par la confirmation publique de l’impossibilité d’un troisième mandat consécutif. ‘’Considérant la contrevérité, contenue dans la décision du 13 janvier 2019 du Conseil constitutionnel insérée dans le but de pouvoir se réfugier derrière la Constitution pour justifier le rejet de candidat à la présidence de la République, il est demandé l’abrogation du système de parrainage qui s’est révélé inapplicable et incontrôlable. Il n’a pour objectif que l’élimination certains adversaires politiques’’, déclare l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye.
Au nom de la plateforme, l’ancien Premier ministre de Macky Sall préconise la gestion du fichier électoral par un organe indépendant de l’Etat, soumis au contrôle des partis politiques. La modification du Code électoral, en son article L57 modifié, permettra, selon l’opposition, de dissocier le statut d’électeur de la capacité à être éligible, comme c’était le cas auparavant en son article 27.
‘’Le Front de résistance nationale demande de récuser le Conseil constitutionnel dans la validation des dossiers de candidature à la présidence de la République, la réécriture des articles L31 et L32 du Code électoral pour mettre fin à l’automaticité de la peine consistant en une suppression des droits civiques en rapport avec la moindre condamnation pénale. La perte des droits civiques devra être une décision prise par le juge en sanction de certaines fautes clairement identifiées et pour des durées bien encadrées’’, ajoute le porte-parole du jour.
Les émissaires de Serigne Mountakha ont demandé au front de privilégier le dialogue, en cas de conflits ou de divergences d’opinion. Le khalife général, par leur voix, dit s’adresser à ces derniers en tant que citoyen sénégalais. Un citoyen pour qui la paix est au-dessus de tout. Serigne Mountakha Mbacké plaide pour la recherche de solutions dans le calme et la sérénité, et la transparence dans le processus électoral.
EMMANUELLA MARAME FAYE