La Caf révèle son protocole sanitaire
Depuis quelques jours, les clubs européens poussent pour une annulation pure et simple de la Can prévue au Cameroun, du 9 janvier au 6 février 2022. Alors que la pression s’intensifie, la Confédération africaine de football a publié, hier, un protocole sanitaire pour rassurer le monde du football et informer de la tenue du tournoi.
Même en football, qui est censé être le terreau par excellence de l’universalité, de l’égalité en droit et de la solidarité, l’Afrique est ravalée au rang de faire-valoir. La tenue de la Can, prévue au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022, qui ne devrait souffrir d’aucune ambiguïté, est fortement menacée par le lobbying des clubs de la Premier League anglaise qui ont été rejoints par l'Association européenne des clubs (ECA). Celle-ci a publié, mercredi, un communiqué offensif pour empêcher certains internationaux de se rendre au Cameroun. ‘’Pour certains clubs qui devraient libérer des joueurs, y compris les clubs anglais et français, des matchs de compétition nationale doivent avoir lieu jusqu'au début janvier et, par conséquent, le chevauchement avec les dates de la Can-2022 (avec les sélections pouvant appeler leurs joueurs à partir du 27 décembre) est ingérable’’, peut-on lire dans la note rendue publique avant-hier.
En effet, l’ECA reprochait à la Confédération africaine de football de n'avoir ‘’pas encore mis à disposition de protocole médical et opérationnel approprié pour le tournoi de la Can’’. Donc, elle en a déduit que ‘’les clubs ne pourront pas libérer de joueurs pour le tournoi’’.
D’ailleurs, poursuit l’ECA, ‘’en ce qui concerne les dispositions de quarantaine, il semble très probable que les diverses restrictions affectent les déplacements depuis et vers les lieux concernés. (…) Pour éviter tout doute, les clubs auront tout à fait le droit de ne libérer aucun joueur pour lequel des restrictions de voyage ou une quarantaine obligatoire s'appliquent".
En réaction à cette double pression des clubs anglais puis de l’ECA, les dirigeants de la Confédération africaine de football (Caf), de concert avec la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), ont dévoilé, hier, un protocole sanitaire en trois points. Le premier indique que ‘’les supporters ne pourront accéder aux stades dans lesquels se joueront les matchs que s'ils sont entièrement vaccinés et présentent un test PCR négatif de moins de 72 heures (ou un test antigénique négatif de moins de 24 heures)’’.
Selon le deuxième point du protocole, ‘’les autorités sanitaires compétentes prendront toutes les mesures nécessaires pour faciliter la vaccination et la réalisation des tests Covid-19, dans l'ensemble des villes de la compétition’’.
Enfin, la Confédération africaine de football renseigne qu’elle ‘’va faire appel à un laboratoire internationalement reconnu (dans un souci de neutralité et de transparence) pour tester les joueurs des équipes nationales qualifiées et les membres d'encadrement’’.
Les autorités du football africain espèrent ainsi rassurer les clubs européens et leurs dirigeants. Surtout, elles indiquent par-là que la compétition va bel et bien se tenir aux dates indiquées. Selon Rfi, hier, le secrétaire général de la CAF, Véron Mosengo-Omba, a confirmé avoir fait un geste en direction du foot anglais en autorisant les joueurs africains à disputer avec leurs clubs la journée de championnat prévue les 1er et 2 janvier, avec notamment un explosif Chelsea-Liverpool.
Pandémie et règlement de la Fifa
Les clubs européens, toujours réticents à libérer leurs internationaux africains à cette période de la saison de football, s’appuient, cette fois-ci, sur la pandémie pour obtenir une annulation du tournoi. Leur actuel allié est le nouveau variant Omicron, qui a été identifié pour la première fois sur le sol africain, il y a plus d'un mois. Le continent est confronté à la plus forte accélération de l'épidémie cette année, selon l'OMS, avec une hausse de 83 % des cas de contamination, la semaine dernière.
L’autre argument est le règlement assoupli de la Fifa. En effet, le Bureau du Conseil de la Fifa a décidé de la modification du règlement sur le statut et le transfert des joueurs régissant la libération des joueurs pour les équipes nationales des associations membres. Selon ces modifications relatives à la mise à la disposition des joueurs pour les équipes, il y a une période obligatoire de quarantaine ou d’auto-isolement d’au moins cinq jours à l’arrivée sur le lieu du club qui est tenu de mettre le joueur à la disposition de l’équipe nationale ou sur le lieu où est censé se disputer le match de l’équipe nationale. Il existe également une restriction de voyage vers ou en provenance d’un des lieux précités.
Mais l’ECA estime que les clubs peuvent retenir leurs joueurs, si "une quarantaine d'au moins cinq jours est obligatoire à compter de l'arrivée" sur le lieu "où est censé se disputer le match de l'équipe nationale" du joueur ou sur le lieu du club de celui-ci à son retour.
En réaction à cette sortie, Véron Mosengo-Omba, Secrétaire général de la Caf, a répondu auprès de l'AFP que "l'ECA n'est pas l'employeur des joueurs sélectionnés pour la Can, n'a pas de rapport contractuel avec eux, donc ne peut pas interdire leur libération". Il a aussi fait remarquer que l’Europe a plus de cas de Covid et continue ses compétitions.
GASTON COLY