Un rebondissement hier dans l’affaire Malick Bâ de Sangalkam et le meurtre de deux manifestants à Podor. Car, six gendarmes ont été finalement placés sous mandat de dépôt par le doyen des juges qui s’est déclaré compétent, contrairement à la volonté des avocats des inculpés.  

6 gendarmes placés sous mandat de dépôt et envoyés en prison, c'est le fait inédit qui s'est produit hier. Les pandores sont impliqués dans deux affaires qui ont défrayé la chronique durant de longues semaines. Il s'agit du meurtre tragique du jeune Malick Bâ de Sangalkam. Le jeune maçon de 35 ans, marié et père de trois enfants, avait été atteint d'une balle tirée par les forces de l'ordre, lors d’une manifestation contre le découpage administratif de la commune et l’installation d’une délégation spéciale à sa tête. Alors que l'affaire semblait être jetée aux oubliettes, le doyen des juges avait demandé en mai dernier à entendre les mis en cause. En l'occurrence, l’ex-Commandant de la brigade de Sangalkam, l’adjudant-chef Samba Sarr et le gendarme Adama Sall. Une autre affaire avait ému la République. Il s'agit du double meurtre de  l’élève Mamadou Sy et de la septuagénaire Bana Ndiaye atteints par les balles assassines des gendarmes, lors d'une manifestation de protestation contre la validation de la candidature de l’ex-président Abdoulaye Wade, organisée par la section M23 de Podor. À cet effet, l’ex-Commandant de brigade de Podor, l’adjudant Madior Cissé et ses trois subalternes, Babacar Sarr, Racine Ndong et Mountaga Gaye avaient été auditionnés par le doyen des juges.  

De la compétence du juge

Alors que le débat tournait autour de la compétence ou non du juge d'instruction, à instruire cette affaire, les six gendarmes ont été envoyés à Rebeuss. L’adjudant-chef Samba Sarr, Commandant de la brigade de Sangalkam, au moment des faits, et le gendarme Adama Sall sont inculpés du meurtre de Malick Bâ. Mêmes griefs contre l’adjudant Madior Cissé, ex-Commandant de la brigade de gendarmerie de Podor, et ses trois subalternes, Babacar Sarr, Racine Ndong et Mountaga Gaye, ils ont été inculpés de meurtre sur l’élève Mamadou Sy et la septuagénaire Bana Ndiaye. À signaler que le commandant Sarr est également inculpé de violation de domicile.  

Ces six inculpations ont été ressenties hier comme des coups de massue sur la tête des avocats des gendarmes qui espéraient que le doyen des juges d’instruction se déclarerait incompétent. Lors de la première convocation, les avocats avaient soulevé l’incompétence du juge d’instruction à instruire l'affaire des deux officiers. Ils estimaient que c’est plutôt la Chambre d’accusation qui est compétente en l’espèce. En référence aux dispositions de l’article 15 du Code de procédure pénal (CCP) qui dispose : ''Ont la qualité d’officier de police judiciaire (OPJ): les officiers de gendarmerie, les sous-officiers de gendarmerie exerçant les fonctions de commandant de brigade''. Idem pour les trois subalternes de l’adjudant Madior Cissé. Les avocats espéraient que la Chambre d’accusation instruise l'affaire, vu leur statut d’agent de police judiciaire (APJ). ''Puisqu’il s’agit des mêmes faits, le juge ne peut se déclarer incompétent pour le Commandant de brigade et compétent pour ses subalternes'', avaient-ils plaidé. Le juge Mahawa Sémou Diouf avait réservé sa réponse pour hier. Donc, il s’est déclaré compétent puisqu’il a inculpé et placé sous mandat de dépôt les six gendarmes impliqués dans les deux affaires. A savoir celle de Sangalkam et de Podor.

Gaston COLY et FATOU SY