Un marché de 12 milliards fait scandale
Dans le cadre de la deuxième phase du Projet d'électrification rurale, d'un montant de 27,5 millions de dollars (environ 12,3 milliards), de graves erreurs commises par l’ex-ministre de l’Énergie et l'Agence sénégalaise d'électrification rurale (Aser) ont été notées. EnQuête revient sur cette nébuleuse.
Le Chef de l’État a présidé le vendredi 8 février dernier une réunion interministérielle sur l'état de la Coopération économique entre l'Inde et le Sénégal. Il en est ressorti la nécessité urgente de faire le bilan des différents projets préalablement financés. Notamment, la deuxième phase du Projet d'électrification rurale, d'un montant de 27,5 millions de dollars (environ 12,3 milliards). Un marché qui a fini d’installer le malaise au sein de l'Agence sénégalaise d'électrification rurale (ASER).
Déjà en août 2011, EnQuête avait déjà fait cas des micmacs à propos de la signature d'un contrat entre l'Aser et la société indienne Lucky Exports. Après plusieurs mois de suspension, l'Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) avait conclu à la nullité du contrat signé par Aliou Niang. L'ex-DG de l'Aser avait ignoré les règles les plus élémentaires en matière de passation de marchés. Aujourd'hui, après qu'un nouvel appel d'offres a été lancé, en février 2012, et malgré les changements intervenus au niveau de la direction de l'Aser et du ministère de l’Énergie, la commission des marchés de l’agence dirigée par Amadou Sow ne veut rien entendre.
Alors que la procédure de passation dudit marché a été suspendue pendant plusieurs mois, suite à la plainte de l'une des sociétés impliquées (Angélique Internationale Limited) auprès de la Cour suprême, l'évaluation a repris. Toutefois, au sein de l'Aser, certains membres ne veulent pas que l'appel d'offres puisse de nouveau échapper à la société Lucky Exports qui a déjà été sanctionnée par l'ARMP.
Une source de la direction de l'Agence qui souhaite garder l'anonymat renseigne que des membres de la commission technique ont été surpris de voir que leur rapport d'évaluation, qui éliminait d'office la société Lucky Exports au motif qu'elle ne remplissait pas les conditions d'éligibilité financière, a été ignoré par la commission des marchés dirigée par M. Sow. Ce document, poursuit notre interlocuteur, a été remplacé par un autre rapport contenant des changements importants, et auquel on leur a demandé d'y apposer leur signature.
''Pratiques mafieuses''
Les techniciens de l'Aser, poursuit-on, ont pour le moment refusé de signer ce nouveau document qui est en contradiction avec leur rapport. On chercherait par tous les moyens à repêcher Lucky Exports qui ne peut plus prétendre à ce marché, puisque sur une moyenne de 90 millions de chiffre d’affaires par an, exigée sur les trois dernières années, elle n'est pas éligible. Notre interlocuteur dénonce "des pratiques mafieuses". ''Certains membres de la Commission des marchés de l'Aser semblent tellement désespérés qu’ils veulent tout simplement faire capoter le projet sachant que les carottes sont cuites. On y voit des administrateurs civils contredire une équipe d'ingénieurs expérimentés afin de parvenir à une fin peu glorieuse et surtout difficilement défendable''.
Le nouveau Dg de l'Aser, Antou Guèye Samba, est attendu pour faire respecter la légalité dans cette agence qui flotte dans des eaux troubles, après un départ pourtant prometteur. La Direction centrale des marchés publics (DCMP) devrait être saisie afin d'y voir plus clair dans les plus brefs délais.
Gaston COLY
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