Les germes d’une future opposante ?
Aminata Touré a déposé hier ‘’l’ensemble des dossiers avec une lettre de transmission’’ marquant la fin de son passage à la présidence du Conseil économique, social et environnemental (Cese).
‘’Solennité et sobriété’’. Deux traits de rigueur que le président de la République souhaitait observer, lors des cérémonies de passation de service, conséquences des nombreux changements opérés dans l’appareil étatique, suite au remaniement ministériel du 1er novembre dernier. Ce n’est pas au Conseil économique, social et environnemental (Cese) que cette directive n’a pas été respectée. Hier, au moment de passer le témoin à son successeur absent des lieux, la présidente du Cese n’a eu besoin que d’une quinzaine de minutes, dans la cour, pour partager une déclaration solennelle.
‘’Nous sommes dans une enceinte administrative. Les propos seront des propos administratifs’’, a déclaré Aminata Touré. Si les remerciements et encouragements à son ex-équipe ont été le fil conducteur de son discours, l’ancienne Première ministre n’a nullement évoqué le président de la République devant les journalistes. Pas une allusion, ni une référence à Macky Sall, qui l’a relevée de la présidence de l’institution qu’elle dirigeait depuis 16 mois. Un temps durant lequel elle s’est dit très active : ‘’Nous avons produit de nombreux rapports. Le dernier en date était nos recommandations dans la gestion économique des conséquences de la pandémie de coronavirus. Nous avons aussi travaillé sur le système de santé qui doit être renforcé.’’
Marquée par une session sur le civisme et la citoyenneté, l’ancienne ministre de la Justice a aussi attiré l’attention sur ces questions fondamentales qui, selon elle, ‘’méritent que chacun d’entre nous y consacre sa contribution pour que le Sénégal continue à être respecté comme un Etat, pour la qualité de son capital humain, la vision de ses citoyens, la profondeur de sa démocratie’’.
A l’image de Macky Sall, son remplaçant au Cese, Idrissa Seck, n’est pas apparu non plus dans le discours de Mimi Touré. L’ex-présidente du Cese a juste rappelé que le Conseil ‘’est une institution qui a toute sa pertinence dans l’architecture de l’Administration de l’Etat du Sénégal. C’est une institution consultative qui doit perdurer’’.
Ces omissions dépassent, comme chacun l’a compris, le cadre solennel. Mais, à l’image d’Ousmane Sonko et de Barthélémy Dias, lors de leur sortie sur le Terme Sud, Mimi Touré a pris rendez-vous pour évoquer les questions politiques. ‘’Nous parlerons de politique très prochainement, mais pas dans cette enceinte’’, promet-elle.
Toutefois, la ‘’sobriété’’ n’a pas occulté l’actualité brûlante sur les centaines de jeunes Sénégalais perdus par l’aventure meurtrière de l’émigration irrégulière. Un sujet sur lequel Aminata Touré a lancé quelques piques déguisées au pouvoir en place.
‘’La jeunesse a aujourd’hui besoin du soutien de son Etat. Lorsque nous voyons les évènements récents de l’émigration clandestine et son lot de morts, cela ne peut que nous interpeller. Nous voulons dire à cette jeunesse que son présent et son avenir sont ici, en Afrique. Nous devons tous faire de cette jeunesse une question prioritaire pour que nos enfants et petits-enfants puissent avoir un présent de décence et un avenir prometteur’’, a-t-elle soutenu.
Une première diatribe politique pour un futur adversaire du président de la République ? Le mystère reste entier. Mais une chose est sûre : Mimi Touré ne compte pas se faire oublier tranquillement dans son coin. ‘’Je vais continuer à rester engagée pour mon pays, jusqu’à mon dernier souffle. Tout a commencé pour moi au Sénégal et tout se terminera au Sénégal’’, prévient-elle.
Lamine Diouf