Les vertus du couplage présidentielle-législatives, selon la Raddho
En prônant le retour au couplage entre la présidentielle et les législatives, la Rencontre africaine de défense des droits de l'Homme vise également la résolution des difficultés liées au coût financier des élections, l'implication du chef de l'Etat dans la campagne, et à remettre en débat l'usage du bulletin unique.
Retourner au couplage de la présidentielle et des législatives, c'est la proposition faite hier par Alioune Tine, coordonnateur de la Rencontre africaine de défense des droits de l'Homme (RADDHO) au cours d'une conférence de presse consacrée une lecture du déroulement des élections législatives du 1er juillet. Ce couplage aura l'avantage de ramener de fait le débat sur le bulletin unique, en plus d'être «économique, cohérent» tout en résolvant «le problème de l'implication du président dans la campagne'', a-t-il argumenté.
Comme partout ailleurs, le faible taux de participation est le raté majeur de ce rendez-vous électoral. La cause, selon Alioune Tine, à la tardive voire l'inexistante campagne de sensibilisation que devraient dérouler l’État, les organes de régulation ou encore la société civile. Un échec qualifié de raté de la remontée démocratique et citoyenne. Également épinglés, ''le manque d'engouement de la campagne qui a peu emballé les populations, souvent par le manque de vision et/ou de programme, et le caractère farfelu et peu réaliste des promesses électorales de certains candidats''. ''Au total, c'est peu de dire que la campagne a été terne, ennuyeuse et peu mobilisatrice'', a commenté le coordonnateur de la Raddho.
S'interrogeant sur la polémique suscitée par la tenue des conseils ministériels décentralisés en pleine campagne, Alioune Tine a aussi regretté l'exhibition de la photo du président sur les affiches de la coalition Benno Bokk Yaakaar jusqu'à la fin de la campagne malgré la promesse faite par ce dernier de corriger le tir. ''Ces fausses notes'' doivent être ''examinées pour consolider le consensus des acteurs autour du système électoral sénégalais'', a souligné Tine.
«Des religieux inclassables»
En ce qui concerne le faible taux de participation il avancera, pour le justifier, certains hypothèses à savoir l'absence d'enjeux politiques réels, la fragmentation et la saturation du champ politique par la pléthore des listes, mais aussi l'absence des jeunes, acteurs de la remontée citoyenne et les difficultés liées aux investitures en application de la loi sur la parité. ''Il faut également examiner l'hyper-médiatisation du ludique et du religieux qui font timidement leur entrée dans la politique'', complétera-t-il. À ce propos, il affirme que certains leaders issus de ces listes religieuses sont tout à fait atypiques au regard de leurs itinéraires et de leurs trajectoires politiques. ''Ils sont inclassables dans le landerneau politique.''
Si le coordonnateur de la Raddho reconnaît une transparence dans le déroulement du processus électoral, il formulera toutefois certaines recommandations. Ainsi, a-t-il suggéré de délimiter l'implication du président de la République dans la campagne des législatives en soulignant la nécessité impérieuse du respect de la séparation des pouvoirs. ''Il faut bannir les conseils des ministres et tournées économiques ainsi que la poursuite et l'arrestation de candidats pendant la campagne électorale'', clame-t-il.
ANTOINE DE PADOU