Publié le 12 Dec 2015 - 21:40
MULTIPLICATION DES VOTES SANS DEBATS

La colère noire du député Abatalib Guèye

 

Le vote de projet de budget de certains ministères sans passer par les débats n’est pas du goût de tous les députés. Une goutte d’eau de trop a fait débordé le vase d’Abatalib Guèye. Au-delà de la colère, le parlementaire commence à se douter de la loyauté des partisans des sans débats, notamment ceux qui ont des postes de responsabilité.

 

Le député Abatalib Guèye n’en peut plus de voir l’Assemblée nationale valider les projets de budget des ministères sans passer auparavant par les débats. Après l’Agriculture et l’Elevage, c’était encore le cas hier, avec le ministère du Travail. Mansour Sy a fait un passage-éclair à l’hémicycle. Son budget a été arrêté à 2 252 965 640 F Cfa en 2016, contre 1 905 290 160 F Cfa en 2015, soit 347 675 480 F Cfa de plus en valeur absolue représentant 18,25% en valeur relative.

En un quart d’heure, le tour était joué et la séance levée. Dès l’entame de celle-ci, Penda Seck Dieng a levé la main pour introduire une proposition. Et elle était apparemment pressée d’en finir. Moustapha Niasse, le président de séance par ailleurs président de l’Assemblée, était obligé à deux reprises de lui préciser qu’elle est tenue de suivre la procédure avant d’arriver à sa proposition. Le moment venu, elle s’est levée et a suggéré à ses collègues de voter le budget sans débats. Motif ? ‘’Tout a été dit en commission. Il n’y a rien à dire, ici’’, a-t-elle soutenu. Immédiatement, Abatalib Guèye a levé la main et fait une contre-proposition dûment motivée. ‘’Nous sommes les représentants du peuple. Et le peuple ne sait pas ce que nous faisons en commissions. La presse est là et c’est le moment de montrer à la population ce que nous faisons’’, a-t-il argumenté. Mais sa plaidoirie est tombée dans l’oreille de sourds. La proposition de Penda Seck Dieng mise au vote a recueilli 31 voix pour, 16 voix contre et 4 abstentions, parmi lesquels Moustapha Diakhaté, le président du groupe parlementaire de la majorité.

 Il faut dire aussi que cette proposition n’est guère surprenante. Alors que les rapports des travaux de commissions des autres ministères font une quinzaine voire une vingtaine de pages, le rapport d’hier matin était de trois pages, avec deux petits paragraphes sur les travaux en amont. Les députés ont adopté ce qui leur a été présenté sans discuter. Une pratique qui commence à se multiplier et qui soulève l’ire d’Abatalib Guèye. ‘’Le principe ici est le débat parlementaire. C’est le vote sans débat qui doit être l’exception. Et cette exception doit se confiner à des cas précis : certains ministère de souveraineté tel que l’armée, la présidence de la République, la Cour suprême, etc.’’, souligne-t-il.

‘’Si les partisans du non débat ne sont pas contre le Président…’’

Pour ce qui est des autres ministères par contre, il trouve qu’il doit y avoir bien débat, surtout lorsqu’il s’agit de départements sur lesquels repose le PSE, tels que l’Agriculture, l’Elevage et autres. Selon lui, le débat est l’occasion de présenter les efforts consentis et de poser des questions sur ce qui n’a pas été fait. C’est pour cette raison que le député doute même de certains de ses collègues. Surtout qu’il a constaté que parmi ceux qui ont cautionné l’absence de débats, il y a certains qui occupent des postes de responsabilité.  ‘’Je me demande si ces partisans du non débat servent les intérêts de l’Etat et du président de la République. Parce que, c’est l’occasion d’exposer ce qui a été fait. Tout n’a pas été mauvais. Il y a des avancées significatives en matière d’élevage et d’agriculture. Mais, si on ne montre pas ce que l’Etat a fait, je me demande en définitive si ceux qui posent très souvent le problème du non débat ne sont pas contre le président de la République’’, s’interroge-t-il. 

BABACAR WILLANE

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