Publié le 5 Jul 2021 - 19:40
NAISSANCE DE L’ASSOCIATON ACADEMIE DES SENIORS

Les universitaires à la retraite proposent leur expertise à la société

 

Le Regroupement des enseignants retraités de l’université, tout grade confondu, a pour ambition d’apporter son expertise sur les problématiques diverses qui engagent le pays et l’Afrique.

 

L’association Académie des séniors des sciences a été portée sur les fonts baptismaux. Elle ambitionne d’appuyer les étudiants et les jeunes collègues qui sont encore dans les universités. Loin d’être un groupe de pression ou un syndicat, l’association, qui regroupe des chercheurs partis à la retraite, a des prétentions académiques universelles.

Face à la presse, samedi, le chargé des questions académiques, Dakha Dème, par ailleurs Professeur titulaire de l’université, germaniste, linguiste et africaniste, a renseigné qu’ils ont décidé de faire des séries de grandes conférences délocalisées pour le public sénégalais et même africain.

‘’Il ne s’agit pas d’aller au ras des pâquerettes. Chaque année, nous allons avoir deux grandes conférences, avec des sous-thèmes, pour éviter que ça soit annuel. Ces évènements seront délocalisés pour dire que ça ne sera pas forcément dans le campus. Pour les rendre accessibles au public, nous allons les organiser soit au Cices ou dans d’autres endroits comme le musée des Civilisations noires, avec des experts dans des domaines pointus tels que : Quelle politique de langue pour intégrer l’Afrique’’, dit-il.

Les exemples du Cameroun où une partie déclare son indépendance, du Congo, de la Casamance seront pris pour apporter des solutions. Des spécialistes de frontières vont pouvoir expliquer pourquoi il faudrait reprendre les frontières en Afrique.

Professeur Dakha Dème indique que ce sont des problématiques d’actualité. De même, les questions de santé, comme la pandémie, seront évoquées. L’expertise africaine, poursuit-il, doit surgir et ne pas toujours se contenter des vaccins, tout en sachant, selon lui, que les vaccins sont nés en Afrique, il y a de cela 8 000 ans. C’est en Egypte pharaonique que le premier vaccin a été trouvé. ‘’Quelle chimie en Afrique ? Et la bombe nucléaire ? Est-ce que l’Afrique doit attendre qu’on lui offre des vaccins ?’’, s’interroge-t-il.

 ‘’Il est regrettable que toute cette expertise soit réduite à ce petit carcan qu’est le Sénégal’’

Toutes ces questions vont pouvoir être élucidées. En effet, le Pr. Dème renseigne que l’association regroupe des titulaires en technologie nucléaire et reste convaincu qu’il est possible d’avoir un réacteur nucléaire. ‘’Autant de problèmes dont les solutions sont à l’intérieur de nous-mêmes. Nous sommes des Sénégalais, des Africains. Pour nous, le cadre national sénégalais est trop petit. Nos professeurs sont écoutés partout. Il est regrettable que cette expertise soit réduite à ce petit carcan qu’est le Sénégal’’, déclare-t-il. Avant de noter qu’ils ont besoin de respirer le grand air panafricain.

Il regrette que de tels professeurs soient radiés des universités, alors qu’ils peuvent contribuer largement à aider la sous-région, et reste convaincu que l’Afrique ne constituera pas de masse critique, tant qu’elle n’est pas ensemble.

L’Académie des séniors des sciences  est constituée de spécialistes du droit constitutionnel, d’économistes, de vétérinaires, de médecins, d’agronomes, d’astronomes, d’astrologues, de physiciens...

POLITIQUE DANS LES CAMPUS

‘’La recette de l’Allemagne doit nous servir ‘’

La politique a, depuis longtemps, pris racine dans les universités du Sénégal. Cela donne souvent lieu à des tensions et même à des violences. Le professeur Dakha Dème prend l’exemple de l’Allemagne où le campus est hautement politisé, mais bien géré, pour indiquer la marche à suivre.

‘’Il y a eu, au sein des campus en Allemagne, des parlements d’étudiants, des assemblées d’étudiants régis par des lois comme l’Assemblée nationale au Sénégal, avec une distribution proportionnelle des listes politiques d’étudiants qui vont de la droite réactionnaire, jusqu’à l’extrême gauche, populiste, communiste, socialiste’’, explique celui qui a vécu 10 ans d’études en Allemagne.

Ici, au Sénégal, poursuit-il, ‘’quand on parle de la question politique, on dit : il faut extirper la politique des campus’’. A ses yeux, la solution réside dans l’organisation et le fonctionnement de l’université. ‘’Le campus doit être apaisé. En Allemagne, durant toute la période vécue, il n’y a pas eu une seule grève. Il y a une raison : tous les grands problèmes étaient dégonflés et aplatis ; ils se réglaient au parlement avec un budget. Peut-être que cette recette pourrait nous servir’’, conclut-il.

Aida Diène

 

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