Comment Jordan Poole peut tout changer pour les Warriors
Impressionnant cette saison et bluffant lors des deux premiers matches de playoffs de sa carrière, le jeune Jordan Poole s’affirme comme une nouvelle option offensive de premier plan pour les Golden State Warriors. Son évolution au côté de Stephen Curry et Klay Thompson pourrait faire de la machine californienne un vrai favori pour le titre en juin prochain.
Jordan Poole ne tremble devant rien. Pas même lorsque les Warriors, une franchise sacrée trois fois depuis 2015, lui demande d’imiter l’un des meilleurs joueurs de l’Histoire de son sport. Alors qu’il découvre tout juste les playoffs à seulement 22 ans, le voilà bombardé dans le cinq majeur d’une équipe candidate au trophée en lieu et place de Stephen Curry. De quoi donner la chair de poule et des sueurs froides à plus d’un jeune basketteur. Mais pas Jordan. Investi d’une mission, le natif de Milwaukee s’est sublimé lors des deux premiers matches de la série contre les Nuggets. D’abord en marquant 30 points à 9 sur 13 aux tirs dont 5 sur 7 à trois-points – une performance qui a convaincu Steve Kerr de faire sortir Curry du banc lors du Game 2 – puis en claquant 29 pions à 10 sur 16 lors du nouveau succès de son équipe lundi soir.
Poole, le troisieme “splash brother”
Si lui n’est visiblement pas impressionné, ses adversaires commencent à avoir des frissons simplement en le voyant débouler sur le terrain au côté de Klay Thompson et consorts. Voilà le petit dernier de la fratrie. Si Andrew Wiggins n’est finalement qu’un "Splash cousin", sans doute très éloigné, Poole peut se revendiquer de la même espèce que ses deux glorieux aînés. Le même instinct. Et la même capacité à faire exploser une défense avec des bombes lointaines, soudaines et souvent démoralisantes pour les adversaires. D’ailleurs, quand Curry et Thompson ont pris feu dans le troisième quart-temps, leur "petit frère" s’est immédiatement invité à la fête. Revenu en jeu, il a planté un tir primé puis un autre panier en suspension en l’espace de 30 secondes pour porter l’écart à 22 longueurs en faveur des Warriors. En deux matches, il a déjà inscrit 10 paniers à trois-points en 17 tentatives, lui qui affichait 36% de réussite derrière l’arc cette saison.
Une sacrée progression – c’est une honte qu’il ne figure pas parmi les finalistes pour le trophée de MIP – pour le jeune homme depuis sa saison rookie. Lui qui n’arrivait même pas à s’imposer au sein de l’une des plus mauvaises équipes de la ligue, quand Curry, Thompson et Green squattaient tous les trois l’infirmerie. Mais il s’est acharné à la salle, travaillant son tir, son dribble, son jeu de passe, etc. "C’est le plus gros bosseur de l’équipe, tout le monde le sait", confie Steve Kerr. "Il a tellement évolué, c’est génial. Jordan mérite son succès : pendant la pandémie, il était le premier à venir au gymnase quand nos installations ont rouvert. Il était là tous les jours jusqu’à la reprise." Peut-être conscient que sa carrière pouvait vite s’arrêter, notamment avec l’incertitude liée au COVID-19, Poole s’est évertué de devenir un vrai joueur NBA.
Le facteur X des Warriors
Parce que ce n’est pas qu’un sniper extérieur. Au contraire. Ce qui fait vraiment la différence, c’est justement sa capacité à provoquer la défense balle en main, la marque de fabrique des meilleurs attaquants dans cette ligue. Il a d'ailleurs distribué 8 passes décisives lundi soir. "J’ai toujours pensé que ses qualités de playmaker n’étaient pas aussi mises en valeur. Les coaches ont voulu l’utiliser comme un spot-up shooteur mais il est plus que ça. Il peut mettre des tirs, bien sûr, mais c’est un vrai baller", remarquait son coéquipier Draymond Green. En fait, Jordan Poole évolue déjà au niveau d’un All-Star ou presque. Et ça change la donne pour Golden State. Il apporte une touche encore plus spectaculaire à la force de frappe offensive des Warriors. Un talent individuel majeur en plus, même s’il est évidemment moins confirmé que les cadres du groupe. Aujourd'hui, c’est une deuxième ou troisième option offensive crédible. C’est aussi une assurance supplémentaire pour les soirs sans d’un Curry ou d’un Thompson. Il se peut que l’un des trois se troue. Mais sans doute pas tous en même temps.
Alors qu’à l’inverse, les défenses adverses vont se retrouver dans une situation très délicate au moment de défendre sur le trio. La progression de Poole balle en main permet à Curry d’évoluer tout en mouvement et de profiter des écrans posés par ses coéquipiers pour hériter de tirs ouverts à trois-points. Tout en se fatiguant moins à créer du jeu. Voilà qui donne de l’alternance à l’attaque des Warriors mais surtout ça lui confère un côté encore plus imprévisible. Il est quasiment impossible d’accorder autant d’attention aux trois. Et avec eux, le moindre espace se paye cash. Ils se facilitent la tâche et se tirent vers le haut. Petite illustration en chiffres : en 121 minutes ensemble cette saison, ils ont marqué 121 points sur 100 possessions pour seulement 89 encaissés. Un carnage. Mais c’est encore plus frappant en playoffs. En 15 minutes, ils affichent déjà un +20 contre Denver. En fait, ils ont martyrisé les Nuggets à chacun de leur passage commun sur le terrain. Wiggins et Green sont les compléments idéaux de ce trio. Un "nouveau cinq de la mort" pour Golden State. Un nouveau groupe à même de renouer avec la gloire passée encore très récente. Parce qu’avec l’avènement de Poole, tout est possible.
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