L'étudiante a mis fin à sa grossesse, après deux mois et une semaine
Des cris et des larmes de joie, c'est le débordement d'émotion qui a accueilli hier la sentence du tribunal, synonyme de libération pour la jeune étudiante Maïmouna Guèye. Poursuivie pour interruption volontaire de grossesse, elle s'en est sortie avec une peine assortie du sursis.
Ndèye Maïmouna Guèye n'a pas arrêté de pleurer, hier, tout au long de son procès. Étudiante en première année à la Faculté de droit, cette jeune fille de 22 ans a eu la mauvaise idée de mettre fin à sa grossesse. Pourtant, cette idée, a-t-elle dit, ne lui avait jamais effleuré l'esprit. Après avoir senti qu'elle était enceinte, elle s'en est ouverte à son petit-ami qui a décidé de reconnaître l'enfant.
Ndèye Maïmouna décida dès lors de prendre toutes les informations nécessaires pour savoir comment s'occuper de sa grossesse. Mais, une fois ses recherches terminées, elle vit sur l'écran de son ordinateur le mot ''avortement''. Curieuse, elle poursuivit ses recherches et l'idée d'avorter lui vint en tête. Elle consulta un site étranger qui lui conseilla ''Arcotec'', un médicament qui coûte 6800 F CFA.
Une fois sa bourse perçue, l'étudiante se rendit à la pharmacie du quartier sise aux Parcelles Assainies et fit croire au pharmacien qu'elle a des douleurs atroces. Qu'on lui a conseillé de boire le médicament ''Arcotec''. En l'absence des médecins, en grève, le pharmacien lui posa certaines questions, mais Maïmouna le rassura. La blouse blanche lui donna le médicament et lui conseilla d'en prendre modérément et d'aller consulter son docteur, si ses maux de ventre persistaient. Ce que l'étudiante ne fit pas. Elle prit en somme 9 comprimés, soit 3 par jour.
La jeune étudiante de 22 ans se retrouva à l'hôpital et fut obligée de raconter son forfait. Interrogée, elle confia aux enquêteurs avoir bien acheté le médicament sans ordonnance. Les hommes en tenue mirent la main sur le pharmacien Gaston Sambou. Ce dernier leur confia qu'il n'était pas au courant de l'état de santé de la jeune fille. Il reconnut tout de même lui avoir vendu les comprimés sans ordonnance. ''Après 17 ans d'exercice, je n'ai jamais eu ce genre de problèmes. C'est une faute, mais c'est parce que je n'étais au courant de rien'', expliqua le pharmacien.
''Je regrette mon acte''
À la barre, l'étudiante n'a eu que ses yeux pour pleurer. Elle a amèrement regretté d'avoir mis un terme à sa grossesse. ''Sincèrement, je regrette mon acte. Je ne sais pas ce qui m'a poussée à le faire'', a-t-elle confié au juge, la tête basse. Me Aboubacry Sadjo, avocat de Gaston Sambou, a plaidé la relaxe de son client qui, a-t-il dit, n'était pas au courant de la grossesse de l'étudiante. Le pharmacien a comparu libre car bénéficiant d'une liberté provisoire. À son tour, le conseil de Maïmouna a sollicité une application bienveillante de la loi à l'endroit de sa cliente. ''C'est une fille unique. Donnez-lui la chance de retrouver sa famille et surtout ses études'', a lancé Me Abdou Daff au juge.
Le juge l'a déclarée coupable d'avortement et le pharmacien de complicité. Mais, il lui a infligé une peine de six mois assortie de sursis. ''C'est une peine d'avertissement'', lui a dit le juge, au grand bonheur de sa famille.
NDEYE AWA BEYE