3,2 milliards de gré à gré
Sur 8,2 milliards de francs Cfa de marchés de gré à gré passés durant le second trimestre de l’année 2012 (sur un total de 79,4 milliards), le ministère de l'Intérieur en a dépensé 3,2 milliards pour l’''impression de documents électoraux et des documents électoraux dans le cadre de la préparation des élections législatives''.
Au ministère de l’Intérieur, notamment à la Direction générale des élections (DGE), les Législatives du 1er juillet dernier riment avec gré à gré. En effet, selon la ‘’Situation des marchés passés durant le 2e trimestre 2012’’ de la Direction centrale des marchés publics (DCMP), l’’’impression de documents électoraux et des documents électoraux dans le cadre de la préparation des élections législatives’’ a coûté pas moins de 3,207 milliards de francs Cfa aux contribuables. Cela s'est passé sans appels d’offres. D’après le document consulté par EnQuête, 3 207 623 100 francs Cfa ont été dépensés dans 11 marchés dans le cadre de ces Législatives.
Le jackpot du gré à gré est revenu à l’imprimerie Sen Roto de Baba Tandian qui, pour l’’’impression de bulletins de vote et documents électoraux’’, se taille 1 123 800 000 francs Cfa du budget du ministère de l’Intérieur. Pour les mêmes besoins, l’Imprimerie Papeterie et services (IPS) se taille trois marchés par entente directe. Le premier pour un montant de 629 250 000 francs Cfa ; le second pour 29 250 000 francs Cfa et le troisième pour 11 010 000 francs Cfa. Paper Industry se retrouve, quant à elle, avec 503 400 000 francs Cfa, d’après le rapport de la DCMP. Pour 377 550 000 francs Cfa, Polykrome a aussi sa part du marché d’impression de bulletins de votes et documents électoraux. Touba Imprimerie, Kalom Graphic, Cempa se retrouvent respectivement avec 154 millions, 127 millions et 125 millions. L’imprimerie Midi & Occident Africain rafle également 125 millions de gré à gré dans les marchés d’impression relatifs à l’organisation des Législatives. Imprimerie Salam n’est pas en reste avec 76 735 400 francs Cfa pour l’impression de documents électoraux dans le cadre de la préparation des élections législatives.
Selon nos informations, le nouveau pouvoir a voulu faire dans la continuité en gardant le schéma retenu par le défunt régime. Ainsi les sociétés sélectionnées, alors que Me Ousmane Ngom était ministre de l'Intérieur, ont été retenues pour les Législatives. Toute la question est donc de savoir à qui a profité ce jackpot parce qu'on cite de grosses pontes de l'ancien pouvoir qui auraient des intérêts dans certaines sociétés bénéficiaires de cette manne financière.
Thiendella fall, DGE : ‘’C’est pour des raisons de sécurité’’
Mais pour Thiendella Fall, Directeur général des élections (DGE), il n’y a pas de quoi fouetter un chat car passer par entente directe les marchés d’impression des bulletins de vote et autres documents électoraux a été une pratique toujours en cours dans l’organisation des élections. ‘’Les bulletins et les documents électoraux sont les matières les plus sensibles du vote. Il est de coutume que les bulletins de vote et les documents électoraux soient passés par entente directe, par autorisation du Premier ministre, après avis de l’ARMP’’, souligne M. Fall qui ajoute : ‘’Depuis que le Sénégal est Sénégal, jamais les bulletins de vote n’ont fait l’objet d’un appel d’offres’’. Joint au téléphone, le DGE fait savoir que ‘’c’est pour des raisons de sécurité. L’État considère que c’est trop sensible pour procéder à un appel d’offres. La règle de l’appel d’offres, c’est la règle du moins disant. Or, actuellement au Sénégal, aucune entreprise n’a la capacité, à elle seule, d’imprimer l’ensemble des bulletins de vote et des documents électoraux’’. D’après M. Fall, ‘’avec un moins disant qui n’a pas les capacités ou l’expérience, on peut se retrouver avec des problèmes le jour du vote’’. Il précise cependant que pour le matériel électoral (isoloirs, tampons, dateurs, encre indélébile, urnes), ‘’il a fait l’objet d’un appel d’offres lancé depuis 2011’’
Les IGE se sucrent dans le mobilier
De la ‘’Situation des marchés passés durant le 2e trimestre 2012’’ de la Direction centrale des marchés publics (DCMP), il ressort d’autres marchés passés par gré à gré. C’est le cas notamment dans la ‘’fourniture de divers mobiliers et matériels d'appartement’’ où pas moins de 90 millions de francs Cfa ont été dépensés pour une dizaine de hauts fonctionnaires de la Présidence de la République, principalement des Inspecteurs généraux d’État (IGE).
C’est le cas de Ngouda Fall Kane, ex-président de la Cellule nationale de traitement de l’information financière (CENTIF) devenu IGE depuis janvier dernier. L’actuel Secrétaire général du ministère de l’Économie et des Finances se retrouve avec 9,9 millions de mobiliers et de matériel d’appartement octroyés par la Direction du matériel et du transit administratif (DMTA). D’autres IGE ont aussi eu droit à cette largesse. Il s’agit de Marie Jeanne Yvonne Badiane (9,9 millions), de l’ex-Directeur général des douanes, Jean Jacques Nanga (9,9 millions), d’Abdou Diouf (9,9 millions), d’Ibrahima Ndiaye (9,9 millions) et de Birima Mangara (10 millions).
A la Présidence, d’autres ont eu aussi droit à ce générosité du contribuable au moment où l’on parle de ‘’caisses de l’État vides’’. Il s’agit Saliou Ndiaye, Chef d’État major particulier du président de la République (10 millions) et de deux ministres conseillers de Macky Sall (Marie Ba Aïdara et Assane Wade) pour 9,9 millions chacun. Comme quoi, l’austérité, c’est pour les autres, pas pour les pontes de la République.
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