Publié le 12 Jan 2013 - 04:19

OUSMANE (de) MASSECK NDIAYE !

 

 

Allah, cette nuit, a mis un point d'arrêt à ta longue et exulcérante agonie. Il aura surtout fait cesser les valses affreuses et très âpres (comme un autre Paris/Dakar) d’une maladie dont on m'a confirmé, en expert assermenté, l’impossibilité quand cela vous atteint de s'échapper de ses rets. Mais Allah n'aura pas fait que disposer de ta si enviable existence : en te rappelant à Lui, Il aura (dé)montré Son Omniscience, Son Omnipotence et, tout autant, délivré tous ceux et celles-là qui, avec toi, dignes et discrets, vivaient en souffrant, de l'annonce de ta maladie - qui ne différait en presque rien d'une agonie en puissance - à ton soupir ultime.

 

Je rends grâce à Allah d'avoir, comme on étale tapis rouge aux gens non ordinaires, installé - pour toi - la passerelle qui joint la mort et la vie. C’est faire aveu d'une réalité que nous avions en partage : que la mort, au bout des comptes, n'est que la vie autrement et ailleurs continuée. Et l'on se convainc avec aise que tu n'es point mort, que tu ne peux plus mourir. Et, depuis au moins deux décennies, cela était une évidence confirmée, consolidée et confortée par les hautes postures que tu occupas dans la République et dans la Nation, dans les familles que l'on ne choisit pas et en les familles que l’on (se) crée et entretient telles des jardins : celles du cœur et de l'esprit.

 

Si Allah, une seule minute, se permettait de te donner à constater les mondes fous et recueillis qui entouraient ton corps préparé et prêt pour Touba, tu serais étonné et, tout à la fois, assuré qu'il n'est d'essentiel que les relations humaines et qu'à défaut d'être le suprême magistrat du Sénégal, tu as retenu l'attention positive et irrémissible de la Nation. Ce qui n'est pas donné, hein ? Ce qui est tellement vrai qu'autour de toi, la République et la Nation, les yeux embués de larmes, nonobstant leurs poignantes divergences, se sont retrouvées pour nous rappeler à un ordre plus que certain : que nous sommes, plus que des citoyens ou des loups entre eux, un peuple de cousins et de voisins. En signaux trop vifs et en forts symboles, cela a été clamé, déclamé, proclamé et réclamé par ceux-là tous que le protocole compassionnel permit de s'exprimer.

 

Comme le Président qui parla la gorge serrée et le cœur meurtri - pour des raisons qui transcendent les affaires de l'Etat et remonteraient à trop trop loin - je n'ai pas eu la sublime opportunité de révéler au grand jour mes sentiments à ton endroit. Tu me concéderas de n'avoir attendu que ton éclipse pour exprimer mes états-d'âme et d'esprit. L’Amour et l'Affection n'ont pas que des exigences de paroles, ils ont surtout besoin de pièces à conviction. C’est le sens du tableau que je t'ai offert consacré à Cheikh Mouhamadou Lamine Bara Mbacké. Notre commune insularité et le même amour quasi déraisonné pour Saint-Louis confortant tout !...

 

Ousmane, tu peux partir heureux : tes pères spirituellement t'ont béni ! Tu peux partir en paix avec toi-même et quitte avec autrui : tu as ajouté tellement de choses considérables à notre humanité. Il n'est, hélas, ni heure ni lieu d'égrener le chapelet des hautes œuvres que de Ndar à Ndakaaru en faisant haltes à Kébémer, à Louga et à Touba – naturellement - les gens retiendront de toi pour honorer ta mémoire et prier qu'Allah te reçoive et installe, pour l'éternité, au Paradis. Il s'agit plutôt de réussir Saint-Louis comme projet, d’en faire une station impérieuse de vie convenable et, en priorité, d’en faire une demeure tout à fait concevable. Ce qui me paraît toujours du domaine des possibles ! C’était cela ton dessein de "reprendre la Mairie"...

 

Aujourd’hui que tu as joué ta dernière partition, c’est à nous, actants dynamiques, qu’il revient de continuer le chemin. Et nous convertirons en destin les urgences, légitimes et plus-que-pressantes, des Saint-Louisiens. Qu'ils se réveillent dans la ville ou, bien malgré eux, en dehors ! Cheikh Abiboulaye Bamba Dièye, quoi qu'on puisse dire, me paraît être sur une semblable voie. En tous cas, c’est cela que j'ai vu au fond de ses yeux quand il m'a abordé face à ta dépouille. Le temps, juge, inaliénable, nous édifiera. Ce qui ne saurait être abjuré, maintenant que tu es sur l'autre rive, c’est notre pluriel devoir de rendre concrètes tes missions de père et d'époux mais aussi d'homme d'Etat et de garde assermenté de Temple.

 

Tes ayants droit et tous les héritiers des dettes que tu laisses à la Postérité et à l'Histoire, dès à présent, doivent s'atteler au parachèvement des structures que tu as entamées et des jalons que tu voulais poser à fin de sécuriser leur avenir et, ainsi, leur permettre de ne donner des droits sur leurs libertés. Ton ami d'«au moins 23 ans», le Président Macky Sall, entre les lignes de son oraison, s’est engagé à veiller scrupuleusement sur cela. Nul ne saurait ne pas le croire ! Il lui restera à «rendre plus attrayant le Conseil Economique et Social", c'est-à-dire, «en en faisant le haut lieu primordial des avis et capitales recommandations pour la République et pour la Nation", arguais-tu. C'est, probablement, le dernier geste qu'accomplira pour le repos de ton âme, ton plus-que-frère, le Président Macky Sall.

 

J’ose penser et m'assurer qu'il fera de tel objectif un rendez-vous d'avec lui-même et d'avec les agents de promotion des Assises dites «nationales». Pour la ville de Saint-Louis, nous serons et sommes déjà autant de veilleurs, de jour et de nuit, debout et marchant pour mériter de la ville et des «esclaves d'Allah» qui la peuplent. Grand Golbert ne dit pas autre chose, que d'aucuns, à raison, confondent et prennent pour «l’esprit de Ndar».

 

Ousmane, dors en paix, et du sommeil des justes ! C’est ce que souhaite Mamadou Racine Sy. C’est ce que souhaite Aboubakrine Sy. C’est ce que souhaitent Ngoné Thioune et Fatima Matou Fall, Me Alioune Badara Cissé et Ahmed Fall Braya, Fatou Thiam et Me Alioune Abitalib Guèye, Diègui Diop et Jean-Jacques Bancal, Khoudia Mbaye et Marie-Caroline Camara, El hadj Ousseynou Diouf et Marie-Madeleine Diallo, Mbaye Boye Fall et Toum Thiakal Babou, etc. C’est ce que souhaitent ceux-là, tous, qui furent tes détracteurs et toute une lignée, irrecensable, de citoyens de militants et de sympathiques, gens qui ne respiraient que par et pour toi.

 

ELIE-CHARLES MOREAU

 

 

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