Ses avocats exigent la fin de sa détention
Ousmane Sonko est entré dans un profond coma ce lundi à l'hôpital Principal de Dakar. Ses avocats, qui craignent l'irréversible, demandent aux autorités de mettre fin à sa détention en utilisant les mécanismes juridiques appropriés. Ils interpellent la communauté internationale.
Déjà physiquement affecté par la reprise de sa grève de la faim pour protester contre ''les persécutions dans le milieu carcéral'', Ousmane Sonko, qui est en détention à domicile, a perdu connaissance après un malaise survenu à l'hôpital Principal de Dakar. Il y a été admis en raison de la détérioration préoccupante de son état de santé, jugé incompatible avec un milieu carcéral. ''La situation d’Ousmane Sonko est alarmante et son état de santé s’aggrave de façon inquiétante'', renseigne Maître Ciré Clédor Ly, membre du collectif de défense du leader de l'ex-parti Pastef.
L'avocat confirme que M. Sonko est entré dans un profond coma ce lundi. Ce qui a, d'après lui, surpris même le service hospitalier et conforte les inquiétudes qu'il avait avancées après l’avoir visité la veille. ''L’irréversible peut à tout moment se produire, puisque le service de contrôle et de soins peut être pris au dépourvu à tout moment'', prévient-il.
Selon la robe noire, les autorités sont en mesure de mettre fin à sa détention, en utilisant les mécanismes juridiques appropriés. ''Les autorités peuvent mettre fin à sa détention et elles connaissent les mécanismes juridiques pour y parvenir. Par ailleurs, à tous les degrés de juridiction, il existe une autorité à qui la loi confère le pouvoir de mettre fin à cette détention injuste que ne justifie que le jeu de pouvoir immonde dans une démocratie et un État de droit'',
Ainsi, l'avocat adresse une demande formelle au président de la République et au ministre de la Justice, leur rappelant leur autorité pour agir en respectant la séparation des pouvoirs et en garantissant les droits civils de chacun, conformément aux instruments internationaux des Droits de l'homme.
Appel aux autorités religieuses et à la communauté internationale
Maître Ciré Clédor Ly fait également appel aux autorités religieuses pour qu'elles utilisent leur pouvoir et leur influence, afin de garantir la ''libération immédiate et sans délai'' d’Ousmane Sonko. Il souligne que chaque citoyen a droit aux droits fondamentaux établis par les lois nationales et les instruments juridiques internationaux ratifiés par le Sénégal, et que la détention avant jugement doit être une exception, la liberté étant la règle.
Enfin, il fait appel à la communauté internationale ''soucieuse de paix et de stabilité'' dans la sous-région et dans le continent, pour qu’elle fasse tout ce que les accords et les liens d’amitié leur permet, pour que, dit-il, ''le trouble grave et persistant que cause le seul maintien en détention de M. Ousmane Sonko soit solutionné, avant que l’irréparable qui est prévisible ne se produise, avec des conséquences graves sur la paix, la sécurité et la stabilité dans la sous-région''.
Enfin, M. Ly fait un appel à la communauté internationale qui aspire à la paix et à la stabilité dans la sous-région et sur le continent. Il demande à cette communauté de prendre toutes les mesures possibles dans le cadre des accords et des relations amicales, afin de résoudre le grave et persistant problème causé par la détention exclusive de M. Sonko. La robe noire souligne l'importance de résoudre cette situation avant que des conséquences graves sur la paix, la sécurité et la stabilité dans la sous-région ne surviennent, mettant ainsi en péril des événements irréversibles prévisibles.
Maître Said Larifou, également membre du collectif des avocats d'Ousmane Sonko, accuse, pour sa part, l'État du Sénégal. Il déclare : "Les autorités sénégalaises sont responsables des persécutions militaires, policières, judiciaires et administratives contre Ousmane Sonko. Elles essaient de le pousser à bout, au point où il a tenté de quitter son lit d'hôpital le 22 octobre 2023 contre l'avis des médecins, afin de retourner dans sa cellule à la maison d'arrêt de Dakar."
Ainsi, il tient pour responsable l'État du Sénégal des conséquences de ce qui peut arriver à Ousmane Sonko et des ''graves violations'' des droits de ce dernier dont le seul tort, d'après lui, est d'avoir déclaré son ambition de se présenter à la prochaine élection présidentielle au Sénégal pour offrir à son pays une alternance politique apaisée.
BABACAR SY SEYE