La Chine sévit contre ses navires
Licences de pêche retirées aux navires d’une compagnie et subventions annulées pour d’autres, la Chine ne compte pas badiner avec la pêche illégale. Greenpeace s’en félicite et regrette le manque de réaction des Etats africains dont les eaux sont pillées.
A défaut d’être sanctionnés par les autorités des pays qui subissent la pêche illégale, illicite et non déclarée (Inn), les navires qui pillent les eaux ouest-africaines pourraient être punis par leur pays d’origine. Par le biais d’un communiqué de Greenpeace parvenu hier à ‘’EnQuête’’, on apprend que Pékin a sévi contre ses chalutiers. La Chine, via son ministère de l’Agriculture, a gelé les subventions de trois compagnies impliquées dans les actuels délictuels en haute mer. Le certificat de pêche lointaine de la compagnie Lian Run Pelagic Fishery Ltd a été suspendu. Ce qui signifie un arrêt de pêche lointain pour 30 de ses navires. L’autorité a aussi retiré les subventions en carburant pour les navires appartenant à deux autres grandes compagnies pris la main dans le sac en Afrique de l’Ouest. ‘’Ces mesures illustrent une fermeté de plus en plus grande des autorités chinoises envers les navires battant pavillon chinois qui sont impliqués dans une pêche Inn’’, se félicite Greenpeace.
Selon l’Ong, les bateaux de pêche de ces sociétés ont été arraisonnés par des patrouilles conjointes de Greenpeace et des inspecteurs des pays ouest-africains. L’organisation dit avoir remis des preuves d’infractions diverses à la fois aux autorités des pays concernés et de la Chine. ‘’Ces éléments ont contribué significativement à aider le ministère chinois dans sa croisade contre la pêche Inn impliquant des navires battant pavillon de la Chine’’, souligne le communiqué. Greenpeace révèle d’ailleurs que la Chine tente de limiter les activités de 2 900 de ses navires dans leur principale zone de pêche. C’est ainsi que 90 millions d’euros de subventions en faveur de 264 navires de pêche appartenant à 78 compagnies chinoises ont été annulés.
Mais Greenpeace regrette qu’au moment où la Chine prend de telles mesures, que les pays africains qui en sont les victimes soient dans l’apathie. L’Ong se désole du fait que les gouvernements africains n’aient pas transmis à Pékin les preuves d’infractions des navires épinglés. Ce qui réduit la possibilité de sanction par les pays tiers. Au-delà de transmettre les informations à de grandes puissances, Ibrahima Cissé, chargé de campagne à Greenpeace, invite les Etats de la sous-région à avoir une approche concertée pour mieux lutter contre la pêche Inn. ‘’Les initiatives des gouvernements africains contre la pêche Inn seraient plus efficaces, s’ils établissaient un système d’échange d’informations sur les navires illégaux opérant dans leurs eaux’’, suggère-t-il.
BABACAR WILLANE