Publié le 12 Sep 2023 - 21:58
PERSPECTIVE 2024

La Présidentielle des indécis

 

Considérés comme les deux hommes politiques les plus représentatifs du pays, Macky Sall, dont l’absence est déjà actée, et Ousmane Sonko, dont l’absence est probable, laissent planer un grand vide et des incertitudes autour de la prochaine Présidentielle. Une élection inédite où tout est possible.

 

Une présidentielle sans les deux personnalités les plus en vue et les plus influentes de l’échiquier politique. Ni Macky Sall, tête d’affiche de la majorité présidentielle, probablement sans Ousmane Sonko, figure de proue de l’opposition. C’est inédit depuis que le Sénégal a commencé à voter, qu’on aille dans une élection sans aucun des deux chefs de partis supposés être les plus représentatifs.

Interpellé sur cette probabilité, le directeur exécutif de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé, déclare : ‘’Si ce cas de figure se réalise, ce serait effectivement quelque chose d’inédit. À mon avis, ce n’est pas une si mauvaise chose. Si cela se réalise, ce sera la première fois que les Sénégalais aillent aux urnes, non pas pour ou contre un homme, mais pour choisir un programme de gouvernance. Je crois que c’est extrêmement important.’’

En l’absence des deux principaux favoris, il est difficile de faire des pronostics sur les prochaines échéances électorales. Même pour le second tour, rien n’est gagné d’avance ; tout se disputera jusqu’au bout. Et il faudra être ingénieux, perspicace et convaincant pour maximiser ses chances. Monsieur Cissé : ‘’Cette fois, les candidats seront tenus de proposer des programmes et de convaincre les citoyens. Avec ces élections, on n’est pas dans une perspective de sanction d’un président. Les citoyens vont élire celui qui va les diriger pour les cinq prochaines années. Ceux qui veulent avoir des chances ne peuvent pas être là à dire : Macky Sall a fait ceci, il a fait cela, puisque Macky Sall ne fait pas partie de la compétition... Les gens seront jugés sur la base de leur profil intrinsèque et des propositions qu’ils seront amenés à faire.’’

Avec cette élection présidentielle de 2024, ça pourrait aussi être la fin de la bipolarisation de la vie politique, si l’on en croit le membre de la société civile.

En effet, en 2024, ce ne sera pas une bataille entre candidats de l’opposition et candidats de la majorité. Déjà, dans cette opposition, il y aura pas mal de candidats issus des flancs de la majorité, comptables au même titre qu’Amadou Ba du bilan du régime sortant. ‘’Même le candidat investi par la majorité peut aller pêcher des soutiens dans cette opposition. Les perspectives sont vraiment très ouvertes. L’élection va mettre fin à la bipolarisation. On ne pourra pas dire Sonko vs Macky ; candidat de l’opposition vs candidat du pouvoir. Ce sera tout le monde contre tout le monde. La compétition se fera même entre candidats de l'opposition. Ce sera tout le charme de cette élection’’.

Vers une redistribution des cartes sur l’échiquier politique

Mais quel impact sur la participation des électeurs ? C’est là une des grandes équations qui se pose avec la prochaine échéance.

En effet, avec l’absence des deux plus grands leaders politiques en activité - Macky Sall et Ousmane Sonko - on est tenté de croire que ça peut être une source de démobilisation des citoyens. Moundiaye Cissé est quant à lui très optimiste, estimant qu’un tel cas de figure pourrait surtout motiver les électeurs à se mobiliser davantage. ‘’Cela peut être favorable au taux de participation, dans la mesure où l’on aura plus de candidats qu’en 2019 par exemple. Potentiellement, on aura autour de dix candidats avec le parrainage qui a été revu. Et chacun va battre campagne pour convaincre les Sénégalais. Ensuite, le fait que le président sortant n’y participe pas peut aussi motiver les gens puisqu’ils savent que, quelle que soit l’issue, il y aura une nouvelle alternance, un nouveau président et que chacun a ses chances dans ces élections’’.

Une situation propice pour l’éclosion de nouvelles offres politiques, de nouvelles têtes dans l’arène politique. Avec cette configuration, il y a plus de suffrages à conquérir, plus d’indécis à convaincre. Lesquels étaient habitués à faire leurs choix bien avant le scrutin. Le directeur de 3D s’en réjouit : ‘’Cela peut permettre l’éclosion de nouvelles compétences, de nouveaux talents. Pourvu que ces derniers apportent de nouvelles touches, avec des programmes et des propositions qui feront avancer notre pays.’’

Jusque-là, malgré le grand bruit soulevé par les déclarations tous azimuts de candidatures, les unes plus farfelues que les autres, l’on ne sait même pas encore qui sont les véritables prétendants, les prétendants sérieux.

D’ores et déjà, l’ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental, Aminata Touré, tient à se positionner, en défiant le candidat de la majorité présidentielle Amadou Ba, un des grands favoris de la prochaine élection présidentielle, soutenu par le président sortant.

Il faut convaincre pour exister

Exhortant la presse à contribuer à faire de l’élection présidentielle de 2024 un choix de programme et d’éthique parmi tous les candidats déclarés, la candidate de Mimi2024 invite son adversaire de BBY à la confrontation. ‘’Maintenant que le président Macky Sall tient enfin son candidat, à quatre mois de la campagne électorale, il est urgent de confronter les idées, les programmes et les pratiques de ceux et celles qui prétendent diriger notre pays. C’est dans ce sens que je propose, sans délai, un débat avec le Premier ministre Amadou Ba, candidat de Benno Bokk Yaakaar, débat public à organiser par la presse sénégalaise avec invitation de la presse internationale’’.

Pour beaucoup, cet appel est prématuré, dans la mesure où, à ce jour, l’on ne sait pas encore qui seront les candidats avec le parrainage. Aussi, pourquoi se focaliser sur un duel avec Amadou Ba, si l’on sait que d’autres candidats sont sur les starting-blocks ? On pourrait en citer l’ancien président du Conseil économique, social et environnemental Idrissa Seck, l’ancien maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall, mais aussi le candidat du Parti démocratique sénégalais Karim Wade, pour ne citer qu’eux.

MOR AMAR

 

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