Publié le 21 Feb 2018 - 20:46
PLAIDOIRIES DES AVOCATS DE KHALIFA SALL ET SES 5 COLLABORATEURS

La défense demande la relaxe pure et simple

 

Au deuxième jour de leurs plaidoiries, les avocats de Khalifa Sall et de ses collaborateurs ont demandé la relaxe pure et simple dans cette affaire ‘’singulière’’.

 

Me Pape Leïty Ndiaye est d’attaque. L’avocat de Mbaye Touré a livré ses impressions dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. ‘’Dans cette procédure, il y a les crève-cœur et les coups de cœur’’, a-t-il d’emblée fait savoir hier, au moment de sa plaidoirie. Depuis lundi dernier, les avocats des prévenus se succèdent à la barre pour démonter les arguments brandis par l’Agent judiciaire de l’Etat (Aje) et ses conseils, pour ensuite, fustiger le réquisitoire du procureur de la République devant le tribunal correctionnel de Dakar siégeant en audience spéciale.

Etayant ses propos, Me Ndiaye d’expliquer : ‘’Les crève-cœur, c’est lorsque vous avez une partie civile déchaînée et un procureur en transe pour vouloir, coûte que coûte, envoyer des innocents en prison. Pour les coups de cœur, cela me paraît injuste que Mamadou Omar Bocoum soit libre de tout mouvement, alors que c’est lui qui a décaissé les fonds pendant 120 mois. Alors que la dame Fatou Traoré est en prison depuis un an pour avoir simplement prêté un cachet et un entête’’. L’avocat de la défense de dire que le seul maître des poursuites est Dieu le Tout-Puissant.

Me Pape Leïty Ndiaye : ‘’ Le procureur ne cherche pas la justice, mais un résultat’’

Selon lui, cette position lui rappelle un autre procureur qu’on appelle le procureur spécial qui avait, dans une précédente affaire, décerné des interdictions de sortie du territoire pendant 4 ans. Il a soutenu qu’un parquetier ne doit pas jouer avec la loi ou la violer. ‘’Il y a un parti pris du procureur qui apparaît depuis l’instruction jusqu’ici à la barre. Déjà devant le juge d’instruction, il y a une distinction observée entre Khalifa Sall et ses coïnculpés. Le procureur clignote à droite pour mieux aller à gauche. Devant le tribunal, il a brandi 11 infractions contre le maire et ses 5 collaborateurs et aucune contre les percepteurs’’, a indiqué Me Leïty Ndiaye. Avant de faire remarquer que si les accusations ont conforté les prévenus dans leurs déclarations, les débats n’ont pas enlevé ce qui a été mentionné dans l’ordonnance de renvoi et l’arrêt de renvoi du 4 décembre 2017.

Au juge Malick Lamotte, la robe noire de lancer : ‘’Vous êtes le procureur de la société sénégalaise et c’est vous qui dites que les uns sont coupables, les autres ne le sont pas. Le procureur de la République est venu ici pour prendre le contrepied de ce qu’il a écrit. C’est lui qui a renvoyé tout le monde et il vient vous dire qu’il n’a aucun problème avec vous.’’ Très en verve, il poursuit à l’intention de Serigne Bassirou Guèye : ‘’Vous mettez de l’eau dans le moulin des gens qui disent que ce procès est un procès politique. Je dis que le verdict ne sera pas politique. Vous avez requis 7 ans contre Mbaye Touré, pourtant, il a travaillé sur les ordres de 3 maires qui ont utilisé le même procédé, à quelques variables près, que celui qui vaut à Khalifa Sall et autres leur comparution’’. Le conseil a signalé que le document de 1923 montre que les fonds politiques n’ont pas été créés par Khalifa Sall. A l’en croire, il nous faut assumer que la coutume fait partie des sources du droit.

 ‘’Je n’ai pas entendu ici en quoi les fonds politiques de la mairie étaient contraires à la loi. En l’absence totale d’élément moral, je demande à ce que tout le monde bénéficie du même traitement qu’Ibrahima Touré et Mamadou Bocoum’’. Pour Me Ndiaye, Bocoum est le dernier verrou pour exécuter Khalifa Sall et tous les autres. ‘’Le procureur ne cherche pas la justice, mais un résultat. Moi, je vais vous faire un aveu. Mbaye Touré est responsable, mais il n’est coupable de rien. Dans le faux dans l’écriture privée ou dans un document administratif, il n’y a pas d’infraction, parce l’un des éléments constitutifs n’est pas dans le dossier, à savoir l’élément intentionnel. S’il n’y a pas de faux, il n’y a pas de détournement. Je vous demande de le relaxer’’, a-t-il laissé entendre.

Me Boubacar Kane : ‘’Ce procès me rappelle combien l’Etat peut être atroce et féroce’’

Egalement constitué pour assurer la défense du directeur administratif et financier (Daf) de la mairie de Dakar, Me Boubacar Kane s’est montré tout aussi incisif. Il n’a pas mâché ses mots. Il a soutenu avec insistance que ‘’ce procès est éminemment politique’’. ‘’Il faut regarder les faits et les actes qui sont posés, dans le cadre d’une République. Ce procès me rappelle combien l’Etat peut être atroce et féroce, quand il a à sa tête des gens qui ne sont là que pour leurs intérêts et non pour l’intérêt général.’’ Notamment, poursuit l’avocat, lorsque l’Etat trouve comme inspiration Machiavel. Me Kane de dire que ‘’nous ne sommes pas dans un pays où les militaires sont à la tête de l’Etat’’. ‘’Nous avons des dirigeants qui sont prêts, à la place des bombes, des chars de combat ou, à défaut, de marcher sur le sang des martyrs, à utiliser des prisons, des mandats de dépôt pour liquider les adversaires politiques. Ce procès, en l’état où nous sommes, n’est pas un procès équitable’’, a-t-il regretté.

S’interrogeant sur la non-poursuite de Mamadou Diop et Pape Diop, il en a déduit que les poursuites dirigées contre Khalifa Salle et Mbaye Touré sont sélectives. A son avis, les malheurs du maire de Dakar ont débuté lorsqu’il a déclaré sa candidature à l’élection présidentielle de 2019. ‘’A la place d’un mandat à la tête du Sénégal, on vous demande d’être président à Rebeuss pendant 7 ans en compagnie de votre collaborateur Mbaye Touré’’, a-t-t-il lancé à l’endroit de l’édile de la capitale. Mieux, Me Boubacar Kane a confié que son client lui a juré, dans sa cellule, qu’il n’a pas touché un seul sou du 1,8 milliard de F CFA. Non sans relever qu’à entendre les avocats des percepteurs plaider, on croirait qu’ils sont des parties civiles. ‘’C’était une question de déontologie. Il n’est pas bien pour un avocat de la défense de charger les coprévenus de son client. Je demande à mes confrères de revoir leurs cours de déontologie’’, a-t-il persiflé.

‘‘L’épine dorsale retenue contre Mbaye Touré, c’est le détournement de deniers publics. C’est à lui que les percepteurs remettaient les 30 millions de F CFA, mais il les versait intégralement à Khalifa Sall. Ce dernier l’a confirmé. Alors, on veut se réfugier derrière des supposés faux pour asseoir le détournement de deniers publics. Le blanchiment d’argent est une infraction qui ne trouve pas place dans la procédure.’’

Me Youssoupha Camara : ‘’Ce n’est pas la vérité qui les intéresse, mais la tête de nos clients’’

L’avocat de Yaya Bodian, Ibrahima Yatma Diao et Mbaye Touré a qualifié ce procès de ‘’singulier’’. Un témoin, dénonce Me Youssoupha Camara, a refusé de faire une déposition à la barre, alors que c’est une obligation aux yeux de la loi. En sus, a-t-il ajouté à propos des prévenus : ‘’On a besoin de ces personnes au lieu de les jeter en prison.’’ D’autant plus que Mactar, Yaya et Yatma ont Bac+8. Pour lui, certains prévenus devaient bénéficier d’une liberté provisoire. ‘’On dit que le pays est malade de ses hommes politiques ! C’est faux ! Khalifa Sall dit qu’il est là, parce qu’il a refusé une offre politique. N’oublions pas que Cheikh Anta Diop a été emprisonné pour 2 mois pour avoir refusé une offre politique. On a un défaut de mémoire.’’

Attaquant toujours l’Etat, Me Camara a soutenu que dans cette procédure, il y a une partie civile qui n’en est pas. Mieux, le rapport du 23 mars 2016 préconise la suppression de la caisse d’avance mais depuis, elle n’a pas été supprimée. ‘’Nous sommes en 2018 et il appartient à l’Etat de le faire. Il ne veut pas le faire, parce que cette caisse permettait de financer les activités du parti au pouvoir. Tant que le maire est avec le parti au pouvoir, il n’y a pas de problème. Seul Abdoulaye Wade l’a réussi’’, a-t-il fait savoir.

La robe noire de demander ce qui reste dans ce dossier, si on sait que l’Etat ne peut pas être partie civile au procès. ‘’Ce n’est pas la vérité qui les intéresse, mais la tête de nos clients. Ce n’est pas honnête de demander la relaxe pour les percepteurs et de requérir une peine ferme pour ces gens-là. Ils n’ont fait que leur travail, au même titre que les percepteurs’’, déplore le conseil. Qui ajoute que depuis qu’on parle de ce procès, on n’a jamais apporté la preuve que l’argent détourné a été utilisé par les prévenus. Aucun centime n’a été sorti à la barre.  Selon lui, ‘’ce n’est pas parce qu’on veut nos têtes qu’on veut cumuler tous les délits’’. ‘’Celui qui gagne les élections législatives en étant en prison, s’il sort, il va remporter l’élection présidentielle’’, a-t-il laissé entendre. Me Camara a, de ce fait, soutenu que ses clients méritent aujourd’hui la relaxe.

Sur ce, il a sollicité du tribunal de déclarer irrecevable la constitution de partie civile de l’Etat du Sénégal représenté par l’Aje et de la débouter de sa demande.  ‘’Dans ce procès, il y a des gens qui ont décidé de rester dans la vérité et ceux qui sont restés dans le mensonge. La vérité va toute nue. On a besoin d’habiller le mensonge. Ce que l’on cherche dans ce procès, ce n’est pas la justice, mais autre chose que la justice’’, a-t-il affirmé.

Me Wagane Faye : ‘’On est en train de torturer moralement Khalifa, alors qu’il y a des gens dont les dossiers dorment dans les tiroirs’’

Le souhait de Me Wagane Faye est que tout le monde sorte grandi de ce procès. Pour cela, il a plaidé la relaxe pure et simple de tous les prévenus. Le conseil d’indiquer que la présomption d’innocence aurait empêché le procureur de dire que ‘’Khalifa Sall a pris et nous le démontrerons’’. Il a révélé que ‘’ce que Khalifa Sall a fait, c’est ce que tout le monde a fait avant lui’’.  Donc, il ne comprend pas le comportement du procureur depuis le début de cette affaire. Lui qui ‘’est allé jusqu’à dire des mots pas très gentils à l’endroit du maire de Paris’’ qui avait voulu envoyer des avocats français pour défendre le maire. ‘’On est en train de torturer moralement Khalifa, alors qu’à côté, il y a des gens dont les dossiers dorment dans les tiroirs et on le sait. Notre client, quelle que soit l’issue de ce procès, peut marcher la tête haute, parce qu’il sait qu’on le torture moralement, en laissant de côté d’autres personnes dont les dossiers dorment dans les tiroirs. On continue à s’acharner sur lui.’’

La robe noire d’indiquer que Khalifa Sall est le seul à avoir fait au Sénégal la déclaration de son patrimoine. ‘’S’il avait l’intention de voler, vous pensez qu’il allait le faire ?’’ a-t-il questionné. Me Abdou Dialy Kane de relever que le ministère public demande au juge de relaxer les percepteurs, alors que leur implication dans ce dossier est intimement liée à celle des autres prévenus. ‘’Nous vous mettons face à vos responsabilités’’, a-t-il lancé à l’endroit du juge Malick Lamotte.

Me Issa Diop : ‘’Tous les régimes qui se sont succédé au Sénégal ont connu un prisonnier politique’’

‘’Je plaide non coupable !’’ a hurlé Me Issa Diop. Ce membre du pool pour la défense de Khalifa Sall estime qu’on ne peut pas plaider ce dossier, sans pour autant parler de politique. Car, affirme-t-il, c’est le député-maire de la capitale qui est jugé. De son avis, on utilise l’appareil judiciaire pour régler des conflits politiques. ‘’Tous les régimes qui se sont succédé au Sénégal ont connu un prisonnier politique. On reproche à Khalifa Sall de détourner de l’argent qui est mis à sa disposition. Cela n’a pas de sens. Le Président Sall, on lui a soufflé que Khalifa Sall est son allié, mais qu’on a l’impression qu’il est pressé de prendre le pouvoir. Raison pour laquelle, c’est à la va vite qu’on a mis ces gens-là en prison’’, a-t-il narré.

 AWA FAYE

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