Ça chauffe entre la Direction générale et les syndicats
Situation délétère au Port autonome de Dakar (PAD) où le bras de fer entre la Direction générale et les organisations des travailleurs se poursuit de plus belle. Les trois centrales syndicales du PAD, le Syndicat national des travailleurs des ports du Sénégal (SNTPS), le Syndicat national des marins du port (SNMP) et le Syndicat autonome des travailleurs du Port autonome de Dakar (STPAD) viennent de se fendre d’un communiqué commun, au vitriol, pour charger la Direction générale du PAD pilotée par Waly Diouf Bodian.
‘’Nous exigeons la levée de la suspension des contrats à durée déterminée et le rétablissement dans
leurs droits de tous les travailleurs impactés par cette décision injuste, l’arrêt de cet audit en cours et la relance du marché sur l’audit général des ressources humaines, dans le respect des lois et règlements’’.
La raison de leur colère : la mise au chômage de plus de 700 agents qui étaient sous le régime de contrat à durée déterminée (CDD). Mesure conservatoire que Waly Diouf Bodian a prise dès son installation et qu’il a tenté d’expliquer aux responsables syndicaux. Les syndicats dénoncent les règles de transparence dans le choix du cabinet d’audit, Managers et consultants associés (MCA) en l’occurrence, choisi parmi neuf cabinets postulants de la place. Il s’agit des Cabinets Performances Group, Innov’Actions, 4A Partners.com, Cabinet Aziz Dièye,
Deloitte, Afrique Management Conseil, Cabinet Management des Ressources humaines, Pco Partners.
Les syndicalistes dénoncent le fait que ‘’le marché d’audit du fichier du personnel a été attribué au cabinet MCA dont le directeur est un employé du Port autonome de Dakar, un des conseillers techniques du directeur général et ancien directeur des ressources humaines du Port autonome de Dakar’’. Ce qui, relève le communiqué, ‘’constitue une violation flagrante du Code des marchés publics du Sénégal et des dispositions de la Charte de transparence et d’éthique en matière de marchés publics, parce que le conflit d’intérêts est manifeste’’.
Plus grave, ‘’le directeur général du Port autonome de Dakar (…) a désigné ce même conseiller
technique comme point focal de cette mission d’audit, alors que le marché est attribué à son cabinet dénommé MCA’’, regrettent les syndicats unifiés dans le cadre de la lutte pour la défense des intérêts des travailleurs.
Le document dénonce aussi des manœuvres pour choisir, coûte que coûte, le cabinet MCA.
En effet, peut-on lire dans le document, ‘’le directeur général a affirmé par lettre n°000565/PAD/DG/SG du 14 juin 2024, avoir transmis des invitations pour dépôts d’offres à neuf cabinets, au plus tard le 28 juin 2024. Et qu’avant l’expiration des dates et heures limites de dépôts, la commission des marchés a reçu une seule soumission, celle du cabinet Managers et Consultants Associés (MCA)’’. Les syndicalistes qualifient
cette façon de faire de cavalière et illégale. ‘’Cela constitue une violation flagrante de l’article 80 du Code des marchés publics qui stipule : ‘Lorsqu’un nombre minimum de trois candidats n’est pas réuni, à la date de réception des offres ou après évaluation, l’autorité contractante ouvre un nouveau délai qui ne peut être inférieur à 10 jours ouvrables et invite de nouveaux candidats.’
Des inquiétudes sont également exprimées ‘’sur les protocoles d’accord relatifs, entre autres, à l’achat de l’assiette foncière, l’octroi de prêt véhicule, le paiement de primes à date échue, la finalisation de la convention collective et la régularisation de 177 travailleurs CDD’’ qui ‘’restent toujours en souffrance’’.
Au niveau du service de communication du Port autonome de Dakar, on estime que les syndicalistes sont dans leurs rôles, mais que la situation n’est pas inextricable. ‘’Le nouveau directeur général n’a jamais fermé ses portes. Il a déjà reçu les syndicalistes, il y a quelques semaines, et des discussions ont été menées dans le sens des intérêts des uns et des autres, mais aussi et surtout pour la préservation du PAD’’.
On estime aussi, en attendant de revenir sur les griefs soulevés, que la suspension des CDD est ‘’une mesure provisoire pour y voir plus clair’’.