Publié le 12 Nov 2015 - 02:28
PORT DU VOILE INTEGRAL ET MISE EN GARDE CONTRE L’OPPOSITION

Les acteurs politiques en noir et blanc

 

Du côté de la majorité, c’est du tout blanc. Par contre chez les opposants, on ne voit que du noir. Les avis de la classe politique sur les mises en garde du Président Macky Sall et sa position sur le burqa sont donc aussi tranchés que les appartenances politiques des différents acteurs qui se sont exprimés.

 

La deuxième conférence internationale de Dakar sur la paix et la sécurité a servi d’occasion au président de la République pour mettre en garde les acteurs politiques. Avant-hier, Macky Sall a fait savoir qu’il n’était pas question de tolérer une quelconque récupération politique de la menace terroriste. Selon qu’on soit de l’opposition, du pouvoir ou à équidistance des deux pôles, les acteurs ont des interprétations différentes de la sortie du chef de l’Etat. Du côté de la majorité, on approuve et justifie.

‘’Les déclarations du Président sont très à propos, puisque notre pays n’est pas à l’abri du terrorisme. Il est de son ressort, en tant que président de la République, de tirer la sonnette d’alarme, d’interpeller la classe politique et appeler à une posture plus responsable dans le sens d’une mobilisation collective pour ne pas fragiliser notre pays. C’est un thème qui ne doit pas faire l’objet de débat politicien, puisqu’il est question de notre sécurité collective’’, argumente le porte-parole de l’Alliance pour la république (APR), Seydou Guèye. A son avis,  le Président Sall est dans son rôle et à sa place quand il appelle de façon anticipée à un comportement plus responsable et plus patriotique.

Zator Mbaye, un membre de la coalition présidentielle, a le même point de vue. ‘’Nous soutenons le président dans sa déclaration. Nous pensons que les uns et les autres doivent faire preuve de plus de solidarité sur cette question. Nous avons entendu la déclaration très légère et très irresponsable de notre collègue Mamadou Diop Decroix qui a tenté de mettre en mal le président de la République et le mouvement islamique. Je pense que ce sont des déclarations qu’il faut condamner et réprimer de la manière la plus sévère possible’’, déclare le porte-parole de l’AFP.

Coordonnateur du Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr), une coalition regroupant des partis de l’opposition, Mamadou Diop Decroix est à mille lieux de la vision des deux premiers. Son interprétation est tout autre. Il ne voit autre chose qu’une sortie qui ressemble à bien d’autres qui l’ont précédée. ‘’Ce que j’ai constaté, c’est que depuis qu’il est là, son discours en direction de l’opposition n’a jamais été autre chose qu’un discours de menace et de mise en garde’’, regrette Decroix. A son avis, la menace terroriste est assez problématique et devrait plutôt amener le Président à tenir un discours qui fasse partager ses préoccupations par les autres acteurs politiques, y compris l’opposition ; ‘’plutôt que de faire des discours de menace, d’exclusion, de mise en garde’’. L’ancien camarade de Landing reste formel : ‘’La menace ne sert à rien.’’ Il se permet même de lui donner un petit conseil au président Sall. ‘’À sa place, j’aurais abandonné ce type de discours qui n’est pas du tout productif, puisque ça ne peut pas amener ses adversaires à se dédire ou à avoir peur. Il faut arrêter ce type de discours et essayer d’entrevoir une autre approche’’, suggère-t-il.

Quant à Mamadou Bamba Ndiaye, il renvoie les deux parties dos à dos. Pour lui, ce n’est pas responsable d’essayer d’exploiter politiquement la question du terrorisme. Seulement, il trouve que cette pratique n’est pas l’apanage d’un camp. ‘’Les politiciens sont tous pareils. Ils exploitent les situations. Ce sont des attitudes opportunistes que nous récusons. Mais ce que nous disons est valable à la fois pour la majorité et l’opposition.’’

‘’Il ne revient pas au Président de dire à chacun l’islam qu’il doit pratiquer’’

Par ailleurs, Macky Sall a aussi exprimé son hostilité vis-à-vis du port du voile intégral. Sur cette question, les alliés reprécisent la pensée du chef de l’Etat, alors que les autres dénoncent une intervention dans la vie confessionnelle. Si l’on en croit Seydou Guèye et Zator Mbaye, le Président n’a fait que poser un débat et rappeler les fondements qui doivent guider la nation sénégalaise. ‘’Le Président ne s’est pas prononcé principalement sur un principe d’interdiction du port du voile intégral. Il a dit que nous avons un modèle d’islam modéré, tolérant. Nous avons une tradition musulmane qui s’appuie sur des pratiques confrériques. Et donc prenons appui sur ce qui nous ressemble et ne faisons pas dans le radicalisme ou le mimétisme. C’est ça le sens de son message et non la dimension anecdotique d’un accoutrement’’, relativise le ministre, porte-parole du gouvernement. Seydou Guèye précise par ailleurs que si une interdiction doit avoir lieu, elle le sera par le biais d’une loi. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Cependant, Mamadou Diop Decroix et Mamadou Bamba Ndiaye eux sont moins positifs dans l’interprétation. Dans leur compréhension, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une violation des droits du citoyen. ‘’Il (le chef de l’Etat) ne peut pas imposer aux Sénégalais la manière dont ils doivent s’habiller. Il y a un certain nombre de mesures, quand vous les prenez, vous aggravez le problème que vous voulez résoudre. Il faut faire confiance aux Sénégalais et faire ce que l’Etat doit faire’’, préconise Decroix qui, par ailleurs, appelle à la sérénité, à la mesure et à la retenue. 

De son côté, Bamba Ndiaye, ancien ministre des Affaires religieuses sous Me Abdoulaye Wade, estime que le Président est allé trop loin sur la burqa. ‘’Il ne revient pas au Président de dire à chacun l’islam qu’il doit pratiquer et le mode vestimentaire à adopter. Ce sont des domaines sacrés qu’il ne peut pas remettre en cause. Il ne doit pas outrepasser ses prérogatives de chef d’Etat’’, prévient-il. Pour lui, ce qu’on peut interdire, c’est l’usage de la violence afin d’imposer aux autres ce à quoi on croit. Sinon chacun est libre de penser comme il veut. 

BABACAR WILLANE

 

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