Difficile de croire au caractère spontané des manifestations violentes qui secouent Dakar depuis vendredi dernier. Difficile de croire que tout ce vandalisme gratuit qui casse joyeusement les véhicules de particuliers sans histoires soit le seul fait de talibés illuminés. N'oublions pas, mis à part les premiers moments de détention de Cheikh Béthio Thioune à Thiès, que les Thiantacounes ont fait preuve de responsabilités face à la détention de leur guide spirituel.

Alors, comme dans les mouvements de masse, on fait le pari qu'il y a forcément des forces souterraines qui maintiennent la tension. Sous ce rapport, le Parti démocratique sénégalais (PDS) semble s'auto-accuser après les déclarations publiques de certains de ses responsables qui n'ont pris aucun gant pour annoncer un soutien franc à la lutte des Thiantacounes de Cheikh Béthio. Comme au bon vieux temps de l'opposition, le Pds voudrait remettre son bleu de chauffe pour mesurer une audience nationale qui est plus proche de fondre comme beurre sous un soleil marron que de reprendre les courbes ascendantes d'un Abdoulaye Wade au faîte de sa puissance d'opposant. C'était hier. Nostalgiques, des franges de l'ancien régime s'évertuent, avec la complicité involontaire du pouvoir, à mettre ce pays en situation de crise permanente sous couvert de violences cycliques. Il y a quelques mois, elles suppliaient l'opposition de calmer les troupes déchaînées contre la candidature d'Abdoulaye Wade. Aujourd'hui, elles s'estiment dans le beau rôle, celui d'attiser le feu pour espérer en tirer des broutilles politiciennes. Ce n'est pas la marque des grands hommes d'Etat que de soutenir des manifestations absolument antidémocratiques.

Au demeurant, personne ne comprend la passivité avec laquelle l'Etat a jusqu'ici géré le dossier des violences induites par les revendications de libération de Cheikh Béthio Thioune par ses fidèles. Le sentiment d'abandon ressenti par les citoyens devant la furia casseuse a été une réalité entre vendredi dernier et hier. Si cela devait continuer, il ne faudra pas être surpris de constater que des groupes de citoyens sont bien capables d'organiser leur propre défense lorsque l'Etat prend des vacances en situation de chaos. Où était le ministre de l'Intérieur ?

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