Publié le 13 Feb 2018 - 01:25
POURSUITES JUDICIAIRES, CONCURRENCE DELOYALE, MAUVAISE COMMUNICATION…

Ces éléments qui plombent l’aile du courtage

 

Même si le métier de courtage nourrit son homme, il ne lui offre pas souvent une bonne adresse. Les courtiers rencontrent d’énormes difficultés dans l’exercice de leur mission. Ils pointent du doigt les clients.

 

Le courtage est un métier plus ou moins facile, selon l’agent commercial Seydou Diack. Les difficultés résident dans le marchandage avec le client. ‘’Il y a une mauvaise communication dans le travail. Entre ce que le locataire croit et la réalité, il y a une grande différence. Il n’est pas bien informé. Souvent, on nous accuse d’avoir augmenté le prix de la location. Or, le courtier ou l’agent demande souvent aux propriétaires de baisser leurs prix’’, renseigne-t-il. Taxés par des locataires de ne pas bien accomplir leur mission, des courtiers ont soutenu le contraire. Ils ont renvoyé la balle. A les en croire, les clients peuvent faire des réservations et ne plus donner signe de vie. Parfois, ils disent qu’ils ont trouvé un autre local.

Outre le non-respect de l’engagement imputable au client, les courtiers peuvent aussi souffrir d’un manque de produit. ‘’Il arrive que tu aies un client, mais non un immeuble. Alors, on l’emmène chez un autre courtier. Après finalisation, on se partage la commission entre courtiers’’. Ce n’est pas tout. Il arrive également que le locataire, deux ou trois jours après, revienne pour dire que l’endroit ne l’arrange plus, car ne pouvant pas contenir tous ses bagages. Dans ce cas, il rompt le contrat’’, avance-t-il. Avant d’ajouter : ‘’Cela nous vaut plusieurs plaintes, d’ailleurs. Parce que le client demande le remboursement de la caution que nous avons déjà consommée. Or, le client devrait procéder à ces vérifications avant de signer le contrat. Il te dit que le propriétaire de la maison lui a remboursé ses 2 mois de caution, maintenant, il veut la commission. Ce qui est impossible. Ce faisant, il va porter plainte contre le ou les courtiers’’. Face aux enquêteurs, jure-t-il, ‘’nous n’avons pas un mot à dire. Les policiers nous considèrent comme des truands. C’est une véritable injustice. La police devrait écouter les deux parties, avant de prendre une décision. Ainsi, ils sauront que le courtier n’est pas coupable des faits qui lui sont reprochés. C’est juste le travail qui est comme ça’’.

Les courtiers taxés de ‘’truands’’

Abondant dans le même sens, le responsable technique de Vip Assurances déclare : ‘’C’est ce qui fait qu’il est difficile de convaincre des clients à venir souscrire dans les cabinets ou agences. Ces derniers estiment que les assurances ne sont pas dignes de confiance, qu’elles ne payent pas.’’ Cette attitude résulte, selon lui, d’un manque de communication. ‘’Les Sénégalais n’ont pas la culture de souscrire à une police d’assurance. C’est cela le problème. Il arrive qu’on ait des difficultés avec les compagnies, comme le retard de paiement des primes payées à nos clients. Quand il y a un accident, le client demande réparation. On dépose le dossier qui peut prendre du temps, alors que le client est toujours pressé de percevoir ses indemnités. Il y a beaucoup d’argent dans les assurances, mais des problèmes également.  Parfois aussi, il y a des clients qui ne paient pas. Ils font de l’assurance à crédit’’, signale Ibrahima Mbaye.

Samba Diouf, lui, déplore le fait que certains de ses collègues puissent être attirés par les 2 000 F Cfa pour les visites. ‘’Ils savent très bien que la personne ne va pas prendre le local. Mais il l’y emmène pour récupérer cette somme. Moi, je ne suis pas dans ces travers. Je préfère dire ce qu’il y a dans le produit, avant de faire le déplacement. De plus, j’ai la paresse de marcher’’, déclare-t-il.

Domicilié à la cité Fadia, Malick Pène est un cordonnier reconverti en courtier depuis 10 ans. Originaire de Ngaye Pékhess, il avoue qu’il se frotte bien les mains avec ce métier. S’exprimant sur les maux qui gangrènent leur profession, le commerçant indique qu’il y a des gens qui se disent courtiers, alors qu’ils ne le sont pas. ‘’Ils demandent de l’argent aux clients avant de prendre la poudre d’escampette. C’est regrettable ! Chaque jour, des individus utilisent mon nom pour escroquer des clients. Il faut que nous les courtiers soyons unis. Nous devons unir nos forces en créant une association, parce que nous sommes souvent victimes de trahison. Les coups bas, n’en parlons même pas. Il faut qu’on ait une réglementation’’, propose-t-il.

Les courtiers savent aussi travailler ensemble, quand leurs intérêts convergent. Quelqu’un peut être établi à Dakar et travailler avec d’autres qui sont dans d’autres localités, ou même dans d’autres pays africains. ‘’Nous sommes en de bons termes. Mais parfois, il y a aussi la concurrence déloyale’’, laisse entendre le courtier Djibril Diop. Selon qui la compétition n’est pas mauvaise en soi. Toutefois, il y a des gens méchants et c’est ce qui n’est pas bien. ‘’La concurrence, persiste-t-il, doit être saine. Mais, de temps en temps, il y a les coups bas. C’est même de la trahison. Il y a des courtiers qui ne sont intéressés que par les commissions. Il y a des clients qui donnent des sommes de 2 000 F Cfa à tout-va et le jour où ils trouvent un local, ils ont des problèmes pour rassembler la caution. Moi, je préfère ne pas prendre les 2 000 F Cfa et attendre de trouver le produit adéquat pour empocher ma commission. Ce qui est loin d’être le souci de certains collègues’’, signale-t-il.

Au royaume des coups bas et de la trahison

Responsable d’agence, Makhfouss Bayo souligne qu’il ne vit pas cette concurrence déloyale. D’après lui, ce problème ne doit pas se poser entre eux. ‘’Je me contente de ce que j’ai. Et s’il y a un client qui vient chez moi et me dit qu’il veut un appartement à 120 000 F Cfa, alors que j’en ai un à 150 000 F Cfa, je peux le recommander auprès d’une autre agence et vice-versa. Chacun à sa chance’’, argue-t-il.

Cependant, Pape Sy indique que, de temps à autre, les clients les mettent en mal. Ces derniers ne disent pas la vérité aux courtiers. ‘’De ce fait, chacun va penser que l’autre est en train de le dribbler. Alors que tel n’est pas le cas. Du coup, le locataire est parfois au cœur de nos problèmes. Ici, nous sommes une famille. Nous avons choisi ce métier.  Souvent, il y a des règlements de comptes, mais on parvient à tout gérer’’, fait-il remarquer.  

Ayant tâté à beaucoup de professions avant d’intégrer le milieu du courtage, Saliou Diop, habitant les Parcelles-Assainies, se remémore : ‘’Les courtiers m’ont tellement escroqué, alors que je devais trouver un local pour ma mère - à chaque fois, je donnais 2 000 F Cfa pour payer le transport - que, par la suite, j’ai décidé de faire ce travail. Aujourd’hui, j’ai un bureau. Je suis un professionnel dans ce domaine et je n’ai jamais eu de problèmes. Je suis digne et honnête. Je parviens à subvenir à mes besoins’’. Et de poursuivre : ‘’Au début, il y avait du sérieux dans notre travail. On était 4 courtiers et on venait pour travailler. Maintenant, le métier est devenu un passe-partout. Beaucoup d’entre nous ne sont pas sérieux. Ils viennent parfois montrer de faux produits. C’est du vol. Ils jouent à cache-cache avec les clients. Pis, ils fuient avec l’argent des locataires. Raison pour laquelle je n’adresse pas la parole aux courtiers que je vois pour la première fois dans nos lieux de rendez-vous.’’

Pathé Diop n’est pas de cet avis. Il avance que certains courtiers ne prennent que la moitié de leur commission pour aider le client. Des fois même, ils le font à crédit. ‘’J’ai perdu beaucoup de commissions. J’ai vu même des courtiers qui prêtent de l’argent à des locataires pour qu’ils puissent acquérir un toit. Nous sommes des êtres humains. Nous avons des familles et nous savons ce qu’est la souffrance’’, dit-il.

Courtier depuis des années, il a été témoin de plusieurs scènes. Il raconte : ‘’Souvent, des clients viennent pleurer ici, parce qu’ils sont dans des difficultés. Nous leur venons en aide. En revanche, nous ne récoltons que des critiques. Les gens disent beaucoup de contrevérités sur nous. Au Sénégal, en lieu et place de l’étoile sur le drapeau national, il devait y avoir la langue. Les gens ne font que parler et ils parlent de choses qu’ils ne maîtrisent pas.’’

AWA FAYE

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