Publié le 27 Feb 2025 - 11:59
POURSUIVI POUR DIFFUSION DE FAUSSES NOUVELLES  

Adama Fall relaxé après ses déclarations sur un supposé trafic de migrants 

 

Le chroniqueur Adama Fall a finalement été relaxé, après avoir été poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles. Lors d’une émission, il s’était prononcé sur un supposé trafic de migrants à destination du Qatar, qui impliquerait un proche du Premier ministre. Selon ses déclarations, des jeunes auraient payé entre 1,5 et 2 millions de francs CFA, dans l’espoir de voyager. 

 

Tout commence par un témoignage raconté par Adama Fall lors de son émission. Une auditrice vivant aux États-Unis, informée par une certaine Kiné, avait affirmé que des personnes proches du pouvoir profiteraient de la détresse des jeunes pour leur extorquer de l’argent en échange de promesses de voyage vers le Qatar ou l’Espagne.

À la barre, le chroniqueur, assez prudent, a utilisé le conditionnel pour partager les informations reçues, soulignant qu’elles restaient à vérifier. Il précise qu’il  avait même appelé les autorités à ouvrir une enquête pour clarifier la situation. Malgré cette précaution dit-il, ses propos ont suscité de vives réactions. 

Pour le procureur, les déclarations d’Adama Fall jettent un discrédit sur les institutions. Selon lui, associer le nom du Premier ministre  ou de son entourage à  une affaire d’escroquerie revient à attaquer l’image du gouvernement dans son ensemble.  Le représentant du ministère public a estimé qu’un chroniqueur se devait de vérifier ses informations avant de les diffuser, surtout lorsqu’elles concernent des sujets aussi sensibles. Il a requis une peine de six mois de prison ferme, accompagnée d’une amende de 500 000 F CFA. 

Face à ces accusations, les avocats d’Adama Fall ont riposté avec fermeté. Maitre El Hadj Amadou Sall a affirmé que le parquet était ‘’venu au secours de personnes qui n’ont pas eu le courage d’engager une procédure de diffamation’’.  Il a rappelé que le ministère des Affaires étrangères a déposé une plainte avant même la diffusion de l’émission, preuve que ces rumeurs circulaient déjà largement.  ‘’Ça veut dire que ce trafic existe au moins dans la tête de certains’’, a-t-il déclaré, soulignant la détresse des jeunes exploités par des individus sans scrupules.

Selon lui, Adama Fall a simplement fait son travail en relayant une information d’intérêt public, sans intention de nuire.  Maitre Aboubacry Barro a également défendu la bonne foi de son client, rappelant qu’il n’avait fait que poser des questions et inviter les autorités à agir, si les faits s’avéraient.

Maitre Omar Youm, quant à lui, a dénoncé la ‘’judiciarisation de la liberté de communication’’, s’interrogeant : ‘’Quelle institution a été discréditée ?’’ Il a vu dans cette poursuite une tentative d’étouffer un débat public légitime. 

Après plusieurs heures de plaidoirie, le tribunal a finalement relaxé Adama Fall.

MAGUETTE NDAO

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