LE Sutsas lâche du lest
Un vent d’apaisement souffle dans les relations entre l’État et les syndicalistes. Après le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) qui a décidé d’observer une pause dans son mouvement de grève, le Syndicat unitaire des travailleurs de la Santé et de l’Action sociale (Sutsas) lui emboîte le pas.
Le Sutsas n’est plus dans les disposions d’aller en grève. Mieux, les syndicalistes ont décidé de lever le drapeau blanc. ‘’Reconnaissant les avancées notoires initiées par le président de la République dans notre lutte, nous avons décidé en toute responsabilité de différer le dépôt du préavis de grève jusqu’à nouvel ordre’’, a annoncé hier leur secrétaire général Mballo Dia Thiam, lors d’une conférence de presse. Une décision qui sûrement va plaire au gouvernement. ‘’Le 6 avril dernier, par décret N° 2016 /404, le Président Macky Sall a mis fin à 16 ans d’une longue lutte du Sutsas pour l’obtention du statut du personnel des Établissements publics de santé (Eps). Deux jours après cette fameuse délivrance, le Premier ministre, par lettre de référence : 1261 Pm/cab/ ct-MBK mcnd, du 8 avril, nous a fait part de propositions pertinentes pour l’aboutissement du dossier d’acquisition de logements à Namora”, a-t-il ajouté.
Saint-Louis, le grain de sable dans la machine
Toutefois, le Sutsas compte apporter tout son soutien à ses membres de l’hôpital de Saint-Louis, à travers une journée nationale de soutien, le mercredi 18 mai. Le syndicat compte tenir à cet effet un sit-in, avec le respect des urgences et du service minimum. En effet, le ministre de la Santé, Awa Marie Coll Seck, a soutenu hier, à travers les ondes d’une radio, que si le problème entre le Sutsas et le Directeur de l’hôpital de Saint-Louis n’est pas réglé, il y aura des sanctions parce que les populations sont fatiguées. Cette déclaration met les syndicalistes dans tous leurs états. D’ailleurs, Mballo Dia Thiam accuse le ministre de la Santé et de l’Action sociale Awa Marie Coll Seck d’être responsable du ‘’pourrissement de la situation et des conséquences qui en découlent’’. ‘’En janvier, quand le Directeur a commencé, avant même qu’il n’y ait cette compétition, on lui a envoyé un texto lui disant que ce Directeur est sur les traces de ses prédécesseurs. Qu’un conflit sera ouvert. Elle sait qu’elle a fait une erreur de casting. Elle n’a qu’à l’assumer’’, a déclaré le Secrétaire général du Sutsas.
A l’hôpital de Saint-Louis, les syndicalistes sont en grève pour contester la nomination d’une sage-femme au poste de chef de service des soins infirmiers. Voici ce qu’en disait le directeur Dr Ousmane Guèye, il y a peu : ‘’La loi 98-08 du 2 novembre 1998 portant réforme hospitalière en son article 32 me confère effectivement la possibilité de nommer le chef de service des soins infirmiers. Et la personne que j’ai choisie pour diriger ce service a fait 28 ans de service. Elle est sage-femme de formation, maîtresse sage-femme pendant 8 années et elle a réussi le concours de technicien supérieur de santé, depuis presque plus de dix ans. Elle est technicienne supérieure en santé, option enseignement administration. Il n’y a pas meilleur profil qu’elle pour être chef de service des soins infirmiers. Et cette nomination a été faite, après appel à candidatures. Tout le monde a ‘’compéti’’, en toute connaissance de cause, parce que des tests de référence ont été situés. Ces syndicalistes ne le nieront pas. A la limite, je ne vois pas pourquoi on doit arriver à une telle situation.’’
‘’Si elle nous défie, elle nous trouvera sur son chemin’’
Mais selon Mballo Dia Thiam, ledit directeur ‘’s’est trompé, peut-être de bonne foi, parce que c’est un délit d’initié’’. ‘’Nous n’accepterons pas cela, d’autant qu’avec elle, on s’est battu dans les mêmes tranchées contre Thierno Bâ, contre tout le monde, pour la gestion démocratique du personnel. Parce que les ministres de la Santé d’alors amenaient n’importe qui à La Mecque ; donnaient n’importe quelle subvention, sans respecter les normes ; affectaient et donnaient des bourses n’importe comment’’, fulmine M. Thiam. Très remonté, le syndicaliste prévient : ‘’Aujourd’hui, elle est de l’autre côté et dit que les populations sont fatiguées. Ce n’est pas nous qui les avons fatiguées. Si elle nous défie, elle nous trouvera sur son chemin. Elle nous connaît très bien. Si on l’a connue, c’est grâce au Sutsas. Elle devait être secrétaire générale en 1981.’’
VIVIANE DIATTA