Publié le 6 Jul 2023 - 20:53
PRÉSIDENTIELLE 2024

Le 28 aout au plus tard, on saura les plans A et les plans B !

 

À sept mois de l’élection présidentielle, c’est encore le grand flou sur les candidats de certains grands partis politiques. Mais avec le lancement de la collecte des parrainages qui arrive à grands pas, les états-majors seront obligés de presser le pas. S’ils doivent avoir des plans B ou Z, ils seront obligés de les dévoiler, lors du retrait des formulaires.

 

C’est une situation rare, pour ne pas dire inédite. À environ sept mois de l’élection présidentielle, moins de deux mois au plus du début des parrainages, pas mal d’incertitudes planent sur les partis politiques et leurs potentiels candidats.

En effet, selon la loi électorale, la période de collecte des parrainages doit être ouverte 180 jours au plus tard avant la date du scrutin, à la date de publication du montant du cautionnement. ‘’Elle doit débuter après la publication et la mise à disposition du modèle de fiche de collecte et se poursuit jusqu’à la date limite de dépôt des candidatures’’, précise Moundiaye Cissé, membre du Collectif des organisations de la société civile pour les élections. Si l’on tient compte de la date de l’élection fixée le 25 février 2024, la collecte des parrainages doit être lancée au plus tard vers le 28 aout. Elle devra se poursuivre jusqu’à la date prévue pour le dépôt des candidatures au greffe du Conseil constitutionnel, ‘’c’est-à-dire 75 jours au plus et 60 jours au moins avant le scrutin’’, soutient le directeur exécutif de l’ONG 3D. Monsieur Cissé ajoute : ‘’Ce sera entre le 11 et le 26 décembre.’’

Du côté du gouvernement, la course contre la montre a déjà été engagée. Pas plus tard qu’hier en Conseil des ministres, il a été examiné et adopté un ensemble de textes en direction de la prochaine Présidentielle, conformément aux conclusions du Dialogue national. Parmi ces textes, il y a principalement le projet de loi portant révision de la Constitution et le projet de loi modifiant le Code électoral. Qu’est-ce qui va changer ? Pour ce qui est de la révision constitutionnelle, il s’agit essentiellement des recommandations du Dialogue national politique relatives au parrainage. En sus du parrainage citoyen qui est maintenu avec une légère baisse du nombre de signatures requises – entre 0,6 % et 0,8 % du fichier général des électeurs, il faudra désormais prendre en compte le parrainage des élus, soit 8 % des députés (13 députés), soit 20 % des chefs d’exécutifs territoriaux (120 maires et présidents de conseil départemental).

En ce qui concerne, en revanche, le Code électoral, il y a principalement les articles L28-3 et L29.

Il se pose, dès lors, la question de savoir quand ces textes seront présentés à l’Assemblée nationale et s’ils vont être votés par la représentation nationale. Pour le porte-parole du Parti socialiste, Abdoulaye Wilane, chaque entité devrait œuvrer à l’adoption de ces textes qui sont la résultante du dialogue fécond entre les parties prenantes. ‘’J’en appelle aux compatriotes qui sont dans F24, ceux qui sont dans Yewwi Askan Wi. Ils doivent savoir prendre de la hauteur, lâcher du lest, pour que désormais, tenant compte des résultats palpables du dialogue, tenant compte du fait que le président Macky Sall a décidé de ne pas se présenter, nous devions tous travailler à mener à bien ces réformes indispensables pour renforcer notre démocratie. Je pense que si nous sommes tous mus par l’intérêt supérieur du Sénégal, nous devons pouvoir mettre en avant l’avenir du Sénégal pour les générations futures’’.

Une majorité qualifiée des 3/5 des suffrages requise pour la révision constitutionnelle

Si, pour le Code électoral, les choses sont nettement moins compliquées, pour les réformes qui vont toucher à la Constitution, il va falloir une majorité qualifiée des 3/5 des suffrages exprimés. Autrement dit, si tous les députés sont présents, il va en falloir 99 au minimum pour s’assurer que les réformes passent. Ce qui ne devrait pas constituer un problème, si l’on sait que la coalition BBY fait à elle seule 82 députés, avec la vingtaine de députés de Wallu Sénégal et les membres de Taxawu qui ont tout intérêt à ce que les réformes passent, tout porte à croire que cela ne sera qu’une formalité.

Après cette étape, il y a tout un ensemble de textes réglementaires à mettre en place dans les délais pour être en conformité avec les lois en vigueur.

Ainsi, l’État tient à accélérer la cadence pour la mise en œuvre des recommandations du Dialogue national. Pendant ce temps, les états-majors politiques semblent plutôt au ralenti. Jusque-là, c’est des communiqués, des conférences de presse et des sorties sur les plateaux qui rythment la vie de la plupart des partis politiques. Rares sont les candidats officiellement investis, rares sont ceux qui ont des programmes bien ficelés à vendre aux électeurs. Dans les deux partis les plus représentatifs, les Sénégalais ne savent même pas qui seront leurs porte-étendards.

À l’Alliance pour la République, aucun nom n’a encore été dévoilé. À Pastef, de sérieux doutes planent sur le candidat officiellement désigné, en l’occurrence le leader du parti Ousmane Sonko.

Pastef et APR, ces équations à N inconnus

Une chose est sûre : le 28 aout au plus tard, à l’occasion du retrait des formulaires pour le parrainage, les choses vont se préciser.

En effet, pour participer à la Présidentielle, il faut nécessairement se déclarer pour retirer le formulaire. Autrement dit, si Pastef doit, par exemple, avoir un plan B nommé Bassirou Diomaye ou Birame Soulèye, ce sera l’occasion ou jamais de le dévoiler. Autrement, dans le cas où Ousmane Sonko voit sa candidature rejetée, au moment où le Conseil constitutionnel se prononcera, 35 jours avant le scrutin, le parti n’aura pas de candidat. Il lui restera soit la stratégie du PDS en 2019 : le boycott, soit celle de Taxawu qui avait pris la décision de soutenir la candidature d’Idrissa Seck.

Selon nombre d’observateurs, la plupart des partis satellites qui s’agitent dans Yewwi et au-delà espèrent justement tirer les dividendes de ce soutien au leader de Pastef, dans le cas où il serait absent de la Présidentielle.

En plus du nom des potentiels candidats et autres plans B qui pourraient être dévoilés à la date de lancement des parrainages, il y a également les noms des coalitions et leurs couleurs qui vont être connus à la même date.

De l’avis de M. Cissé, le Sénégal a fait des pas très importants en matière d’organisation des élections. Saluant le dernier geste posé par le président de la République, qui règle un autre problème, il appelle de tous ses vœux à des élections de qualité, avec un débat basé sur des programmes et non pas de la violence. ‘’Il faut savoir qu’une élection présidentielle, ce n’est pas une élection de listes. C’est le rendez-vous d’un homme avec le peuple, comme on dit. C’est pourquoi les candidats ont non seulement intérêt à se présenter tôt, mais à élaborer des programmes. Parce que c’est le candidat qui porte le programme. Et nous avons vraiment besoin de débats programmatiques pour des élections de qualité. Voilà une autre étape que notre démocratie doit franchir’’, souligne le directeur exécutif de 3D.

Mor AMAR

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