Publié le 13 Nov 2023 - 18:34
PRÉSIDENTIELLE 2024

Les candidats opposants prennent leur ‘’Fite’’ (courage) en main

 

Face au ‘’recul démocratique’’, 36 candidats annoncés à la Présidentielle 2024 mettent en place le Front pour l’inclusivité et la transparence de l'élection de 2024 (Fite).

 

L’élection présidentielle du 25 février 2024 sera particulière à bien des égards. Premier scrutin auquel le président sortant ne participe pas, il  voit, à trois mois de sa tenue, des candidats de l’opposition se réunir dans un front pour exiger ‘’la participation de tous les candidats, afin de protéger la transparence, la sincérité et la régularité de l’élection présidentielle du 25 février 2024’’. La plateforme a été lancée samedi dernier et regroupe 35 candidats à la candidature.  

‘’Nous, candidats de l’opposition et signataires de la présente déclaration, lançons le Front pour l’inclusivité et la transparence de l'élection de 2024 (Fite)’’, a lu Cheikh Tidiane Dièye devant la presse, avant d’appeler les forces politiques résolument déterminées à restaurer la démocratie sénégalaise. Le coordonnateur d’Avenir Sénégal Buñu Begg et les principaux leaders de l’opposition en sont convaincus : les maux qui entourent l’organisation de l’élection présidentielle sont nombreux et n’augurent pas d’un scrutin transparent, car le Sénégal vit un ‘’recul démocratique manifeste et de faillite de l’État de droit’’.

Aliénation des libertés civiles et politiques

Avec quelques détails, les candidats ont listé ‘’l’aliénation des libertés civiles et politiques ainsi que les droits des citoyens ; des agressions répétées du régime de Macky Sall contre l’opposition et les forces démocratiques qui se manifestent, entre autres, par des interdictions systématiques des activités des leaders de l’opposition au moment où celles du candidat du pouvoir sont facilitées et accompagnées (…) de la posture inquiétante du président de la République qui met l’Administration publique au service de sa coalition et des sérieux risques qui pèsent sur l’élection’’.

Alors que le Premier ministre Amadou Ba, candidat de la coalition au pouvoir effectue une tournée économique à trois mois de l’élection, beaucoup d’opposants sont systématiquement empêchés de tournée, en cette période de recherche de parrainages.  Le dernier à en être victime est le candidat Serigne Mboup, maire de Kaolack, dont une rencontre avec des partisans au marché aux poissons de Pikine a été interrompue, samedi, par la police.

Le Fite s’insurge également contre le ‘’comportement inadmissible du ministre de la Justice et celui partisan de la Direction générale des Élections (DGE) qui persiste dans le refus d’appliquer la décision de justice demandant la réintégration de Ousmane Sonko dans la liste des électeurs et la remise de fiches de parrainage à son mandataire’’.

Ce dernier, l’honorable député Ayib Daffé, membre du Fite, s’est encore rendu à la DGE sans pouvoir faire exécuter l’ordonnance du président du tribunal d’instance de Ziguinchor pour la réinscription de son leader sur le fichier électoral, de même que la demande de la Commission électorale nationale autonome à la DGE de donner à Ousmane Sonko ses fiches de parrainage.

Le décret de la Cena attaqué de toutes parts

Le remplacement des membres de cette Cena suite à cette décision est aussi pointé du doigt par les opposants. Pour l’ancienne Première ministre Aminata Touré, c’est une ‘’provocation du président Macky Sall’’. Le décret de remplacement des membres a été évoqué par les fondateurs du Fite. ‘’Nous allons attaquer le décret qui installe la nouvelle Cena où vous retrouvez des leaders du parti politique de Macky Sall’’, assure l’ex de la coalition Benno Bokk Yaakaar.

Après l’expert électoral Ndiaga Sylla, les politiques ne sont pas les seuls à annoncer l’attaque du décret 2023-2152 portant nomination des membres de la Cena. Le Collectif des organisations de la société civile pour les élections (Cosce) estime que ‘’vu l’importance dans le dispositif électoral de la Cena et son rôle de garant de l’intégrité, l’équité et de la crédibilité du processus électoral, la prise de ce décret est de nature à jeter le discrédit sur une des institutions essentielles en charge des élections’’.

Les organisations de la société civile comptent elles aussi attaquer le décret pour trois manquements : ‘’Non-respect du principe de consultations des corps constitués ; choix de personnalités indépendantes, neutres et impartiales ; non-respect du mandat de six ans et renouvelable par tiers tous les trois ans.’’

Un plan d’action impliquant des rencontres avec les forces vives du pays

Toujours sur l’organisation de la Présidentielle, les membres du Fite dénoncent ‘’la nomination d’un homme politique partisan au poste de ministre de l’Intérieur (Sidiki Kaba, membre du parti présidentiel APR) chargé d’organiser les élections, ce qui remet en cause les acquis en matière de neutralité et constitue une source de suspicion légitime et de discorde inévitable’’.

Dans son plan d’action, le Fite prévoit également des rencontres avec les centrales syndicales, la société civile et avec les partenaires techniques et financiers pour les alerter sur la situation sociopolitique du pays, mais aussi des rassemblements pacifiques sur toute l’étendue du territoire et dans la diaspora. Il est prévu aussi de mettre en place un cadre d’unité d’action et un cadre d’experts pour les accompagner vers l’élection présidentielle...

Lamine Diouf

 

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