Le collectif des 43 candidats “lésés” reçu par l'Union européenne
Le collectif des 43 candidats victimes du contrôle “arbitraire” des parrainages, a rencontré la délégation de l'Union européenne à son siège à Dakar, ce lundi.
La délégation du collectif des 43 candidats conduite par Aminata Touré, Alioune Sarr et Bougane Guèye Dany pour dénoncer le processus du parrainage a déposé ses valises au siège de l'UE, ce lundi. Ces candidats recalés estiment nécessaire de prévenir l'instance européenne contre les irrégularités notées jusqu'ici dans le processus électoral.
“Nous sommes venus ici pour mettre au courant l'Union européenne sur cette situation antidémocratique. Mais nous n'attendons aucune intervention de l'UE. C'est juste une approche informative”, a précisé l'ancienne Première ministre Aminata Touré. “Car, poursuit Mimi, le principal souci, c'est le fichier électoral. Or, l'UE elle-même a financé pour que ce dernier soit revu et mis à jour. Mais force est de constater qu’il y a des manquements. Nous ne savons même pas sur quel fichier travaille le Conseil constitutionnel. C'est problématique et antidémocratique”.
Un autre candidat recalé, en l'occurrence Bougane Guèye Dany, a pointé du doigt le nombre conséquent d'électeurs que le Conseil constitutionnel n'a pas pu identifier sur le fichier électoral. “Le collectif est composé de 43 candidats et tenez-vous bien, en cumulant nos parrainages rejetés par le Conseil constitutionnel sous prétexte qu'ils n'étaient pas sur le fichier, nous avons compté plus de 900 mille Sénégalais. C'est tout simplement invraisemblable, dans la mesure où ces électeurs disposent de leur carte d'électeur et que certains ont pu voter lors des dernières élections législatives et municipales”, a argumenté M. Bougane. Ce dernier fustige l'attitude du pouvoir en parlant de “sélection” et non d'élection. “L'objectif affiché par le régime en place est connu de tous. On veut juste éliminer certains candidats estampillés antisystèmes. Nous invitons le président de la République à jouer franc jeu et à ne pas semer les germes d'un probable chaos électoral. Car pour le futur vainqueur de l'échéance, à l'état actuel des choses, un problème de légitimité pourrait se poser”, explique M. Guèye.
Le collectif n'étant pas venu les mains vides, a adressé un mémorandum à l'UE. Dans celui-ci, il s'est penché sur la situation des “neuf candidats qui ont été éliminés sans que leurs parrainages soient contrôlés, au motif que la commission n’a pas accédé à leurs données”.
Or, souligne-t-on, “ces données ont été lues lors du dépôt et un rapport de synthèse des parrainages et les contenus remis à leur mandataire. De plus, les données ont été copiées conformément à la procédure édictée par le Conseil constitutionnel”. Dans ce document synthétique, le collectif bat en brèche cette théorie des parrainages inexploitables.
“Il est donc ridicule d’évoquer le prétexte de format de fichier modifié pour priver ces candidats de leur droit de contrôle de leurs parrainages. Le format aurait-il été modifié que n’importe quel informaticien, même doté de capacités limitées, pourrait le convertir sous une forme exploitable”.
Dans cette adresse à l'UE, ces candidats “malheureux” n'ont pas omis “le cas particulier du dossier du candidat Ousmane Sonko”.
En effet, selon le collectif, “l’Administration, en particulier la Direction générale des Élections (DGE) et la Caisse des dépôts et consignations (CDC) ont organisé une obstruction systématique à son encontre pour l’obtention de pièces entrant dans la composition du dossier de candidature à la Présidentielle, sous le prétexte de son éviction des listes électorales et cela malgré les décisions de justice pertinentes”. Cette jurisprudence, s'inquiètent Mimi et compagnie, offre désormais à tout segment de l’Administration chargé de la délivrance d’un élément quelconque du dossier de candidature à toute élection, la possibilité d’évincer un candidat concurrent en le lui refusant”.
Mamadou DIOP