413 cas traités de 2012 à 2015
La prise en charge de la fistule obstétricale est maintenant pérenne au Sénégal. De 2012 à 2015, 413 cas ont été traités gratuitement.
La fistule obstétricale fait beaucoup de victimes dans les zones rurales. C’est pour cela qu’elle est considérée comme une injustice sociale. Cette maladie est généralement causée par un travail prolongé et difficile, parfois de plusieurs jours, sans intervention obstétrique pratiquée en temps voulu. Elle touche toutes les tranches d’âge (7 à 70 ans) et les femmes en situation de vulnérabilité.
Au Sénégal, de 2012 à 2015, 413 cas ont été traités. Ce chiffre, bien qu’important, est minime par rapport au 400 nouveaux cas détectés par an dans le pays. En prélude à la journée mondiale de lutte contre les fistules prévue le 23 mai prochain, la plate-forme, composée du ministère de la Santé et de l’Action sociale, du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, de l’Hôpital Général de Grand-Yoff, du Centre de Gynécologie et d’Obstétrique, des ONG (AMREF, TOSTAN,USU, FODD, WEPSA, CLVF, ARTICLE 19, INNERWHEEL), des partenaires techniques et financiers (UNFPA, CEDEAO), a organisé une journée d’information sur la pathologie.
Selon le Docteur Madina Ndoye, chirurgienne à l’Hôpital Général de Grand-Yoff, au Sénégal, sur 1 000 femmes qui accouchent, les 16 ont des complications et la fistule occupe la grande partie. ‘’La fistule survient lorsque des soins obstétriques d’urgence ne sont pas dispensés à temps aux femmes qui développent des complications lors de l’accouchement. Parce que celles-ci arrivent à des stades tardifs à l’hôpital. Donc les femmes qui vivent dans des zones rurales avec un accès limité aux soins médicaux sont particulièrement en danger’’, a-t-elle soutenu.
Le thème retenu cette année pour la Journée internationale de l’élimination de la fistule obstétricale est : “Eliminer les fistules en l’espace d’une génération”. D’après la représentante de l’UNFPA, Andréa Diagne, ce thème constitue un appel à transformer le monde. ‘’De même que nous parlons d’éliminer la polio, le VIH/sida, la mutilation génitale féminine et tant d’autres formes de souffrance, nous devons nous engager à accentuer nos efforts pour éliminer les fistules, une fois pour toutes’’, a indiqué Mme Diagne.
Facteurs favorisants
Pour sa part, le Docteur Issa Labou, chirurgien à l’hôpital de Grand-Yoff, a mis l’accent sur les causes et la prévention. Selon lui, le retard dans la prise de décision des femmes, les mutilations génitales, l’absence de suivi de la grossesse (consultations prénatales) et de l’accouchement, le retard de prise en charge dans les structures de santé sont les différents facteurs favorisant la maladie. ‘’Il faut que les femmes suivent régulièrement leurs consultations prénatales.
Il y a aussi beaucoup d’accouchement qui se font à domicile, ce qui n’est pas normal. Il faut éviter tout cela et se rendre dans les structures de santé le plus tôt possible‘’, a conseillé le Dr Labou. Pour lui, la prévention passe par un bon suivi de la grossesse et de l’accouchement. Mais aussi, il faut lutter contre les mariages précoces, les mutilations génitales et les grossesses précoces en faisant la planification familiale. ‘’Les zones de prévalence de la fistule sont les zones où le taux de mariage des filles et les grossesses précoces sont les plus élevés, de même que les niveaux de pauvreté. Chaque jour, dans le monde, près de 800 femmes meurent de complications liées à la grossesse’’, a-t-il expliqué.
VIVIANE DIATTA