Publié le 30 Aug 2024 - 12:10
PROCÈS EN APPEL DE BOFFA-BAYOTTE - OMAR AMPOY BODIAN LIBRE

La réclusion criminelle à perpétuité confirmée pour René Capain Bassène

 

La chambre criminelle de la Cour d’appel de Ziguinchor a confirmé, hier, la peine infligée en première instance par la Cour criminelle du tribunal de grande instance à l’encontre du journaliste René Capain Bassène. En revanche, son coaccusé, l’agent de La Poste Oumar Ampoy Bodian a été acquitté, après avoir lui aussi été condamné à perpétuité en première instance, le 13 juin 2023.

 

À défaut de l’acquittement pur et simple de René Capain Bassène et d’Omar Ampoy Bodian, on s’attendait, à Ziguinchor, à une réduction sensible des peines prononcées en première instance à l’encontre du journaliste chargé de la communication de l’Agence nationale pour la relance des activités socioéconomiques en Casamance (Anrac) et d’Omar Ampoy Bodian, agent de La Poste au moment de son arrestation dans le cadre de la tragédie de Boffa-Bayotte. Le ministère public ayant demandé, lors du procès en appel, à la cour criminelle de la Cour d’appel de Ziguinchor de ne pas retenir les délits de participation à un mouvement insurrectionnel et de sortie irrégulière de correspondances pour René Capain.

Toutefois, il a demandé le maintien de l’association de malfaiteurs et la complicité d’assassinat et de reconduire la peine prononcée contre eux en première instance.

Si, pour Omar Ampoy Bodian, par ailleurs chargé de mission du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), la cour a suivi ce que la plupart des observateurs avaient prévu (l’acquittement), en revanche, pour René Capain Bassène, ce fut la grande surprise, à l’annonce du verdict. Retenant l’association de malfaiteurs et la complicité d’assassinat, la cour a confirmé la réclusion criminelle à perpétuité prononcée en première instance.

Selon Me Pape Samba Gaby So, qui s’est fortement réjoui de l’acquittement de son client Omar Ampoy Bodian, le journaliste René Capain dispose d’un délai de 15 jours pour contester la décision et se pourvoir en cassation, après motivation de la cour d’appel relativement à la décision qui a été rendue pour apprécier la nécessité de faire appel.

‘’Je suis très satisfait, parce que je défendais Oumar Ampoy Bodian. J’étais convaincu qu’il n’était pas coupable. Et c’est dommage pour René Bassène’’, a déclaré la robe noire.

Suite et pas fin d’un feuilleton long de six ans

Pour rappel, le samedi 6 janvier 2018, un groupe d’une vingtaine de coupeurs de bois a été pris à partie par des assaillants armés dans la forêt de Bayotte Est. Une attaque qui a fait 14 morts et sept blessés. Trois personnes avaient réussi à s’en sortir indemnes.

À l’annonce de la nouvelle, la Légion de gendarmerie Sud s’est déployée dans la zone de l’incident, en même temps que les sapeurs-pompiers. Une enquête a été ouverte. Des premières auditions des témoins et constatations sur les décédés, il en est ressorti que les victimes sont tombées dans une embuscade tendue les premières heures de la matinée du 6 janvier 2018. Elles ont été regroupées, couchées par terre et sauvagement exécutées. L’identification des victimes par les gendarmes a permis d’établir le bilan cité supra. Tous les blessés en mesure d’être entendus ont été auditionnés, de même que les parents des victimes décédées.

Vu la gravité et la sensibilité des faits, le Haut-Commandement de la gendarmerie nationale a déployé la Section de recherches de Dakar pour appuyer les enquêteurs de la Légion Sud. Un médecin légiste a été requis à l’hôpital Le Dantec de Dakar pour procéder à l’autopsie des corps. Le résultat a permis de ‘’déterminer formellement’’ les causes de la mort, les conditions dans lesquelles les victimes ont été exécutées, le calibre et le type d’arme utilisés. Les investigations menées ont permis l’interpellation de 22 personnes, toutes de nationalité sénégalaise. L’opération a été menée sous la houlette de la Légion de gendarmerie Sud par la Section de recherches, appuyée par le Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et la Légion de gendarmerie d’intervention (LGI) déployés à Ziguinchor. Les unités de l’armée nationale, en manœuvre dans la zone, ont aussi soutenu le bon déroulement de l’opération.

‘’Les premières auditions réalisées et les données techniques recueillies ont donné une tournure décisive à l’enquête (…). L’attaque du 6 janvier a été planifiée et exécutée par une personne dont nous tairons le nom’’, avait révélé le procureur de la République du tribunal de Ziguinchor. Il s’exprimait, le 25 janvier 2018, lors d’un point de presse conjoint avec le lieutenant-colonel Issa Diack, le chef de la Section de recherches de la gendarmerie nationale, pour faire le point sur l’enquête et les actions judiciaires qui en ont découlé.

‘’La synthèse des informations recueillies par la Section de recherches, avait-il soutenu, a vite mené vers des pistes qui convergent toutes vers des personnes d’une localité (Toubacouta) et vers le cantonnement d’une faction’’.

Poursuivant, il souligne que ‘’l’enquête a permis d’identifier et de garder à vue celui qui aurait planifié toute l’opération (René Capain Bassène sans le citer) et 15 autres personnes supposées avoir pris une part active dans les faits (massacre de 14 personnes)’’.

Il avait annoncé, par la suite, l’ouverture d’une information judiciaire et la saisine du dossier par un juge d’instruction, sur la base de plusieurs chefs d’inculpation. Il s’agit d’association de malfaiteurs, participation à un mouvement insurrectionnel, assassinat, tentative d’assassinat, détention d’arme sans autorisation administrative, coups et blessures volontaires et vol en réunion.

Procès de la ‘’géolocalisation’’

Tout au long du procès en première instance, qui a été rendu possible grâce à une ‘’logistique extraordinaire’’ et qui a enregistré une forte présence des forces de défense et de sécurité (FDS), la gendarmerie notamment, tous les accusés ont choisi la dénégation comme ligne de défense.

Ils ont, outre les procès-verbaux de l’enquête préliminaire et les déclarations devant le juge d’instruction, balayé d’un revers de main l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction. Ordonnance dans laquelle le journaliste René Capain Bassène était ‘’mouillé jusqu’au cou’’. Cette ordonnance de mise en accusation se fondait sur les mails, courriels, appels téléphoniques, communiqués, réunions à Toubacouta, rencontre avec César Atoute Badiate relative à cette affaire et le témoignage des coaccusés. Elle s’adossait également sur les informations fournies par la Sonatel, dans le cadre de la géolocalisation des inculpés, la veille et le jour du massacre.

Cette géolocalisation a été la ‘’préoccupation’’ centrale de la défense qui en avait même fait une ‘’exigence’’ et de la partie civile. Elle a fait l’objet d’un débat nourri et houleux à l’ouverture du procès que Me Ciré Clédor Ly avait qualifié de celui de la ‘’géolocalisation’’ des ‘’intrusions du système informatique’’, des ‘’alibis’’ et du ‘’MFDC’’.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

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