Publié le 30 May 2014 - 10:33
PROCÈS EN APPEL DE MODIBO DIOP

Accusations, dénégations et regrets au menu

 

Après deux renvois, le procès en appel de l’ex-directeur général de l’Agence pour l’électrification rurale (ASER) Modibo Diop a lieu mercredi dernier. En attendant les plaidoiries et le réquisitoire du parquet général renvoyés à mercredi prochain, Modibo Diop et ses acolytes persistent dans des dénégations mises à mal par le témoignage à charge de l’expert-comptable Abdoulaye Dramé.
 
 
Pendant près de neuf tours d’horloge, l’ex-directeur général de l’Agence pour l’électrification rurale (ASER) Modibo Diop et ses acolytes condamnés en septembre dernier pour détournement de deniers publics, se sont mis à contester les faits en se renvoyant la balle. Ils comparaissaient devant la Cour d’appel de Dakar mercredi dernier. Dès l’entame de son interrogatoire, l’ex-DG s’est d’abord déchargé sur Samuel Sarr, ministre de l’Énergie au moment des faits.
 
‘’C’est une plainte fantaisiste qui m’a emmené ici, car Samuel Sarr nourrissait une haine viscérale à mon endroit’’, a lâché Modibo Diop, tout en confiant qu’il ‘’se sent victime d’une cabale’’ car, s'est-il glorifié : ‘’J’ai fait un excellent travail. La preuve, j’ai été félicité par les bailleurs de fonds.’’ Seulement pendant qu’il se targuait d’avoir abattu ‘’un excellent travail’’ à l’ASER, en redressant la boîte dont les comptes étaient déficitaires à son arrivée en 2007, il a été rappelé à l’ordre par le président Omar Diouf. ‘’Mais les corps de contrôle de l’État n’ont pas le même son de cloche que les bailleurs dont vous parlez’’, lui a fait remarquer le juge. 
 
Modibo Diop est accusé d’avoir, avec ses complices, détourné une bonne partie du financement destiné au projet d'électrification rurale cofinancé par l’État du Sénégal et la Banque mondiale, à hauteur de 1,300 milliard. Selon l’accusation, le détournement s’est opéré à travers la signature d’une soixantaine de chèques, variant entre 5 millions et 39 millions, soit la somme de 477 534 601 F Cfa. Les chèques étaient retirés par ses coprévenus, le coursier Fara Diallo Thioune, l'agent administratif Mahanta Thiam et Abdoulaye Diop, planton à l’Institut supérieur de finance (ISF). Structure qui appartient à son directeur financier, Pape Diallo, par ailleurs cosignataire des chèques. 
 
Dénégations, contre-accusations et regrets à la barre
 
Comme en première instance, l’ex-DG a battu en brèche l’accusation. À l’exception de l’agent administratif Mahanta Thiam, Modibo Diop a soutenu qu’il ne connaît pas ses coprévenus. ‘’Je n’ai jamais envoyé M. Thiam retirer un quelconque chèque, car nous n’étions pas en odeur de sainteté’’. Cependant, l’ex-DG a été contredit par Abdoulaye Diop et Fara Diallo Thioune qui ont affirmé le connaître et avoir agi sous ses seuls ordres. Le premier a affirmé qu’après encaissement des chèques, il remettait l’argent à Modibo Diop dans son bureau. Le second a indiqué qu'il le faisait à son domicile à Bopp. 
 
Malgré ces déclarations, l’ex-dg a persisté dans ses dénégations, tout en se déchargeant sur Pape Diallo, directeur du financement de l’électrification rurale. Selon ses explications, ce dernier a profité des chèques blancs qu’il signait pour répondre à certaines urgences, en cas de voyage. ‘’Jusqu’en 2008, je surveillais les chèques, mais en 2009, j’étais tellement impliqué dans les élections locales que je ne vérifiais pas’’, a semblé regretter Modibo Diop. Et d’ajouter : ‘’Si j’ai un regret aujourd’hui, c’est d’avoir fait confiance à une personne, car après tout le travail que j’ai fait pour mon pays, je me retrouve en prison.’’
 
‘’Il ne m’a jamais remis de chèque en blanc’’, a répliqué le financier, tout en soulignant que l’ex-DG était le seul ordonnateur des dépenses. Pape Diallo a argué qu’il était le dernier maillon de la chaîne dans les contrats. ‘’C’est lui qui contractait avec les fournisseurs. C’est ensuite que je signais les chèques sur la base de bons de commande’’, s'est-il défendu.
 
Il a affirmé que Modibo Diop connaissait bel et bien Abdoulaye Diop, pour les avoir présentés. ‘’Je n’ai jamais eu à détourner, ni à participer à une opération de détournement’’, a conclu M. Diallo. Mahanta Thiam a enchaîné avec le même refrain. ‘’Si j’avais détourné un centime, je serai envoyé en prison par Modibo Diop qui se serait constitué partie civile’’, a-t-il dit.  
 
FATOU SY

 

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