Dandy et fidèle !
Décédé hier à Dakar à l'âge de 57 ans, Ousmane Masseck Ndiaye, père de trois enfants, est peint sous les traits d'un homme généreux et fidèle en amitié, séducteur impénitent mais attentif aux souffrances des démunis...
Si pour Mohamed Sakho, son ami intime Ousmane Masseck Ndiaye «est mort très jeune», l’ancien président du Conseil économique et social (CES) aura croqué la vie à belles dents. Rappelé à Dieu hier, à l’âge de 57 ans, des suites d’une longue maladie - selon des sources dignes de foi, il était atteint d’accident vasculaire cérébral (AVC) - Masseck Ndiaye se distinguait par son port altier et ses allures de séducteur. Bel homme, il s’était même vu coller le nom de Coof par certains organes de presse locaux. Mohamed Sakho confie cette anecdote : «Son épouse ne voulait pas qu’elle sorte la nuit ; mais quand il s'agissait de moi, elle était tranquille. Je lui inspirais confiance.»
Monogame (il s’est séparé de sa seconde épouse, la notaire Tamaro Seydi) et père de trois enfants, l’ancien responsable du Parti démocratique sénégalais (PDS) était du cercle des influents de l’ancien régime. Sa proximité avec l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, et ses connexions avec la famille de Serigne Touba (il était le talibé de l’actuel khalife général des mourides, Serigne Mor Maty Lèye), avait fait de lui un élément incontournable du gotha wadien. A ce titre, et depuis le changement de régime de mars 2000, Ousmane Masseck Ndiaye n’avait plus rien à craindre en dépit de sa «gestion controversée» à la Poste où il occupait en gros les fonctions de chef du Département des approvisionnements.
En 2002, l’ancien directeur des structures du Pds est élu maire de Saint-Louis, un poste occupé naguère par son défunt père, Masseck Ndiaye. En même temps, il était devenu le Secrétaire général de la Présidence de la République. Passé tour à tour ministre du Tourisme et des Transports aériens, puis ministre d’Etat chargé de la Décentralisation et des Collectivités locales la même année, Ousmane Masseck Ndiaye monte en puissance dans le Pds. Jusqu'à cette débâcle des élections locales de mars 2009 où la coalition Benno Siggil Senegaal (BSS), radicalement opposée au régime d'Abdoulaye Wade, rafle les principaux centres urbains dont Saint-Louis. C'est comme qui dirait le début de sa chute vers les abîmes politiques. Il ne restera pas dans le gouvernement, «sanctionné» par un limogeage sec.
Mais cette disgrâce a paru injuste à bien des militants et responsables du Parti démocratique sénégalais. «Au nom de quoi la même sanction n'a pas été prise contre Karim Wade qui a symbolisé la déroute du pouvoir dans ces élections locales en se faisant laminer jusque dans son bureau de vote ?» se sont-ils demandé.
Il aura fallu mai 2009 pour que Masseck soit réhabilité (?) en se voyant confier la présidence du Conseil économique et social (CES) ressuscité suite à la dissolution du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociale (CRAES). Un timide retour au premier plan, grâce à ses amitiés mourides, disent des mauvaises langues. La suite semble leur avoir donné raison car l'ancien ministre d'Etat n'accrochera plus jamais Me Wade.
Institution critiquée et vilipendée autant pour sa «composition politicienne», son «inutilité» que pour sa «voracité» financière dans un contexte de pauvreté et de difficultés économiques, le CES est dissous après l'élection à la Présidence de Macky Sall. En attendant la version nouvelle dite Conseil économique, social et environnemental (CRES). Malgré tout, malgré surtout la maladie qui le fragilise sur plusieurs plans, Ousmane Masseck Ndiaye cultive alors le désamour avec le Pds et s'allie à des dissidents aux législatives du 1er juillet 2012 au sein de la coalition Bokk Gis-Gis créée par l'ancien président du Sénat, Pape Diop. Mais un état de santé déclinant l'empêche de prendre part à la compétition électorale largement remportée par la majorité présidentielle.
Soumis à des soins médicaux entre Dakar et Paris, cet ancien député à l’Assemblée nationale se retire petit à petit de la scène politique. Fidèle, disent certains de ses amis, il vient apporter son soutien aux leaders du Pds visés par la traque des biens mal acquis, le 11 novembre lors d'une conférence de presse tenue au siège du parti libéral. Diplômé d’études supérieures spécialisées (DESS) en Diagnostic économique des firmes internationales en France, Ousmane Masseck Ndiaye est connu pour sa «fidélité» en amitié. Bien qu’étant proche de Wade, ce natif de Kébémer n’a jamais fait mystère de ses relations particulières avec Macky Sall, au plus fort de la guerre déclenchée par Me Wade contre le futur président de la République. D’ailleurs, l’un de ses enfants porte le nom de Macky Sall. Une qualité que Mohamed Sakho dit avoir identifié durant leur compagnonnage. «C’est un homme entier, généreux, attentif aux souffrances des démunis», témoigne-t-il. A l’instar de beaucoup de barons libéraux, Masseck Ndiaye a investi dans la presse en lançant Télévision Saint-Louis (TLS), administrée actuellement par son fils, mais qui a du mal à décoller. Ce qui n'augure pas forcément d'un avenir radieux...
DAOUDA GBAYA
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