Magistrat dans l’âme
Nommé en juin dernier Président du Conseil constitutionnel, Pape Oumar Sakho a été installé dans ses nouvelles fonctions hier. Le remplaçant de Cheikh Tidiane Diakhaté n’a vécu que pour la magistrature.
Admis à faire valoir ses droits à la retraite, en mars dernier, Pape Oumar Sakho devra encore attendre pour bénéficier d’une retraite dorée. La magistrature, pour laquelle il a servi pendant une trentaine d’années, a encore besoin de lui, en tant que juge constitutionnel. En fait, en juin dernier, il a été nommé à la tête du Conseil constitutionnel pour terminer le mandat de Cheikh Tidiane Diakhaté, décédé au mois de janvier. Même si la mission semble difficile, le vice-président du Conseil constitutionnel Mady Diop est optimiste. ‘’En raison de votre compétence et expérience avérées, votre parcours remarquable est le meilleur gage pour attester de ce que vous allez réussir votre mission’’, a-t-il dit à l’endroit du président. Aussi, a-t-il loué la ‘’’bonté, l’urbanité, la mesure, le sens élevé du devoir bien accompli et la quête de la perfection’’ dont fait montre le patron des ‘’5 sages’’, nom donné aux membres du Conseil constitutionnel. Pour lui, ‘’avec de telles qualités, le Conseil constitutionnel comptera parmi les institutions les plus respectables du Sénégal’’.
Tout en se félicitant du choix porté sur la personne de Pape Oumar Sakho, le juge constitutionnel indique que le président ‘’n’est pas en terrain inconnu pour avoir servi la magistrature pendant au moins 37 ans’’. Aussi, est-il revenu sur le parcours de l’ex-Premier président de la Cour suprême sorti de la division judiciaire de l’Ecole nationale d’administration (ENA). Pape Oumar Sakho a été juge d’instruction qu’il a cumulé avec celui de président du tribunal du travail du tribunal régional de Tambacounda. Après Tamba, il a servi au Tribunal régional de Kaolack, puis à celui de Dakar. A Dakar, il a commencé à gravir les échelons pour devenir conseiller à la Cour d’appel, ensuite président de la 1ère et 2ème Chambre civile de la Cour d’appel.
Pape Oumar Sakho a également eu à servir au niveau de l’administration centrale de la justice. A cet effet, il a été nommé à deux reprises Directeur des Affaires civiles et du Sceau de 1999 à 2001, puis de 2002 à 2005. A son départ de la direction des Affaires civiles, en 2001, le magistrat a été nommé directeur de cabinet du ministre de la Justice de 2001 à 2003, avant de revenir en 2005. Au bout d’un an, en 2006, exactement, il est retourné dans les juridictions, pour devenir en mars 2006 Premier président de la Cour de cassation. En août 2008, il est devenu Premier président de la Cour suprême, ‘’l’une des fonctions les plus hautes dans la hiérarchie judiciaire’’, selon les précisions du vice-président. Pour couronner le tout, Pape Oumar Sakho est le nouveau président du Conseil constitutionnel.
Son challenge, c’est de ‘’renforcer davantage la confiance du peuple sénégalais à l’endroit de l’institution’’. Une confiance mise à rude épreuve par les politiciens qui, durant le régime de Wade, n’ont cessé de brocarder le Conseil constitutionnel, surtout lorsque celui-ci a validé la troisième candidature très contestée de Me Wade à la présidentielle de 2012.
FATOU SY